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Reconquête de marché africain : Le long chemin qui attend encore les opérateurs algériens

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Selon l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), l’absence de banques algériennes dans les pays d’Afrique et le peu de coopération de nos représentations diplomatiques, ainsi que les frais élevés de la logistique, sont les principales contraintes liées à l’exportation des produits nationaux.

Les entreprises algériennes sont-elles en mesure de relever le défi et partir à la reconquête de marché africain ? Alors que les autorités publiques multiplient les annonces sur la volonté de booster les exportations hors hydrocarbures et diversifier l’économie nationale, la réalité rapportée par la majeure partie des opérateurs économiques est toute autre. « La logistique est parmi les gros problèmes rencontrés par les exportateurs nationaux. Les autorités doivent revoir cet aspect qui est actuellement un véritable frein pour l’export du produit national. Un kilogramme de pomme de terre qui arrive d’El-Oued à 10 DA à l’aéroport d’Alger coûtera 120 DA. Les frais de chargement aérien reviennent à 75 DA/kilogramme », a fait savoir, hier, Chérif Baaziz, président de la toute nouvelle Commission nationale du commerce extérieur à l’ANCA, lors d’une conférence de presse au siège de cette association professionnelle. « Même la mesure stipulant des réductions de 50 % du coût de logistique par les compagnies publiques de transport aérien et maritime pour les exportateurs n’est pas appliquée. C’est que de l’encre sur papier. Des opérateurs qui exercent depuis des années nous disent qu’ils n’ont en pas bénéficié. Pour nous, on propose qu’à la place les autorités octroient un pourcentage de 14 % calculé sur la facturation au bénéficie des exportateurs, comme cela se fait dans beaucoup de pays », a ajouté le même responsable, qui est en même temps un exportateur basé au Sénégal. Relatant les problèmes rencontrés par les opérateurs nationaux qui veulent exporter leurs produits, tel rapporté à l’ANCA par ces derniers, Chérif Baaziz, qui préfère parler de « dos d’ânes » et non pas de « contraintes », a mis à l’index « l’absence d’une culture d’export ». « Nos produits sont côtés comme excellents sur le marché africain. Mais malheureusement, nous n’avons pas rencontré des gens pour nous aider. Les exportateurs algériens exercent dans un milieu chaotique », a-t-il regretté. Et quand bien même l’opérateur national arrive à faire transporter son produit sur l’un des pays africains, les difficultés ne s’arrêtent pas non plus, ce qui influe sur sa compétitivité par rapport aux autres produits exportés par d’autres pays. « En Afrique, l’opérateur algérien n’est pas protégé. Il se peut, par exemple, que sa marchandise arrive aux frontières d’un pays africain, mais aussitôt refoulée sans justification, mais uniquement pour des raisons politiques. Donc, à qui s’adresse-t-on dans ce cas ? En Afrique, les choses sont très différentes. Et cela sans oublier l’absence de banques algériennes dans ces pays », a-t-il indiqué. Il préconise comme solution, la signature de conventions de coopération entre l’Algérie et les pays partenaires économiques pour l’obtention de facilitations pour nos opérateurs. Le mois dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné, lors d’une réunion du Conseil des ministres, l’ouverture de banques algériennes à l’étranger, notamment en Afrique. Il n’empêche : « cette mesure est positive, mais nous réclamons que ces banques soient développées et à la hauteur du défi, et non pas comme c’est le cas des banques à l’intérieur du pays, qui baignent dans la bureaucratie et une législation ancienne », ont recommandé les responsables de l’ANCA. « Nous espérons que ces banques nationales à l’étranger se rapprochent des opérateurs qui veulent exporter et les accompagner », souhaite-t-on encore.
« Ce qui est étonnant c’est qu’un pays comme le Liban dispose de banques dans pratiquement tous les pays d’Afrique. Même cas pour la Tunisie et le Maroc. Alors que nous, nous n’en avons même pas une seule », s’est étonné Chérif Baaziz. Les exportateurs nationaux se plaignent également de la non-coopération des ambassades algériennes dans les pays d’Europe et d’Afrique. « Quand des opérateurs-exportateurs se dirigent vers nos représentations diplomatiques, ils ne trouvent personne pour leur donner la moindre information. Nous réclamons de bien définir le rôle des conseillers économiques dans nos ambassades à l’étranger. Ces derniers ne savent même pas le nombre d’entreprises algériens exerçant dans les pays dans lesquels ils travaillent », a plaidé pour sa part, Hadj Tahar Boulenouar, président de l’ANCA. « Il faut redynamiser le rôle des attachés économiques dans nos représentations à l’étranger. Nous proposons que les conseillers économiques soient désignés par le ministère du Commerce et non pas celui des Affaires étrangères », a-t-il plaidé. Interrogé sur certains produits algériens exportés sous des emballages « made in Turkey » ou « made in Tunisia », Tahar Boulenouar a estimé que « l’Algérie est très faible en terme d’étiquetage et emballage », ajoutant que « des opérateurs font passer le produit algérien sous un emballage étranger pour faciliter son accès sur le marché mondial », recommandant d’instituer « un Office des exportations » pour inculquer la culture d’export et d’emballage aux opérateurs nationaux. À cet effet, l’ANCA a constitué une Commission chargée du commerce extérieur, dont les missions sont : enrichir les lois en la matière, que le gouvernement veut revoir, constituer un point de rencontres entre tous les intervenants et opérateurs dans le domaine de l’export, garantir des conditions d’aller à la reconquête du marché africain.
« Nous avons plus de 35 000 détenteurs d’un registre d’import-export, spécialisés dans l’exportation et l’importation et aussi les bureaux de transit. Même si, il faut le dire, leur véritable activité est l’importation. Notre objectif est d’encourager ces importateurs à devenir des investisseurs ou des exportateurs, car ils ont déjà leurs réseaux spéciaux », a fait observer le président de l’ANCA. Il a annoncé, à cet effet, que l’ANCA va lancer dans une première phase, avant la fin de l’année, une opération d’accompagnement de 20 produits nationaux issus de différents secteurs, en encouragent sa consommation nationale, mais à condition qu’ils soient « de qualité, disponible et à un prix raisonnable ».
Hamid Mecheri

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