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Quand l’Afrique s’éveille et s’unit…

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Par Ali El Hadj Tahar

Plusieurs capitales veulent réinsérer les Africains en Afrique : le Sénégal, le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Algérie, et c’est tant mieux car le continent a toujours regardé ailleurs que dans son propre miroir. Des décennies durant, des responsables africains se sont peu souciés du sort des Africains, cherchant appui et allégeance auprès de Paris, Washington, Berlin, Londres ou Moscou.
Est-ce l’intérêt croissant du monde envers leurs richesses et leurs marchés qui rend les dirigeants africains plus soucieux de rapatrier et de ré-ancrer sur le continent lui-même l’effort de s’en sortir avec leurs propres moyens et
énergies ? Peu importe si cette émulation et ce consensus ne créent pas encore un pôle unique mais plusieurs. Notre continent refuse désormais de subir le monde ; il veut en être un acteur, et si l’exigence africaine d’avoir sa place au Conseil de sécurité de l’ONU demeure d’actualité, il est anormal pour une aire de 1,216 milliard d’habitants, et l’espoir et le rêve d’une Afrique africaine est désormais possible. C’est aux États de le construire en rapprochant les peuples qu’ils ont toujours essayé d’éloigner les uns des autres ou de les éloigner des centres de décisions.
Il y a désormais une conscience africaine que l’on ne doive pas faire le monde sans l’Afrique et encore moins sur le dos de l’Afrique, comme cela s’est passé depuis les débuts du colonialisme. L’Afrique a conscience de la portée de son Histoire, de ses potentialités et de ses compétences, éparpillées de par le monde, et pas seulement en matière de la création culturelle et artistique, comme on avait tendance à réduire ce savoir. Dans un monde devenu multipolaire, les Africains veulent avoir leur place et leur mot à dire. Désormais ils refusent les décisions unilatérales de l’Occident, les allégeances aveugles de responsables africains à l’Occident, remettant ainsi en question toutes les certitudes européocentriques, néocoloniales et impérialistes que des leaders africains ont pointé du doigt, dans un passé, récent, Lumumba, Sankara, Boumediene, Nelson Mandela, et tant d’autres, femmes et hommes. L’Afrique s’éveille, et c’est tant mieux que le tour de l’Algérie soit venu, pour appuyer cette tendance au décentrement qui permettrait de rendre visibles les potentialités africaines et le refus de ses peuples de rester sur la marge de l’histoire, eux qui ont façonné le cours de l’Histoire, et changer la face du monde, hier, dans leurs luttes respectives, contre la colonisation.
Il est indéniable que l’Occident continue de nourrir des réflexes prédateurs sur le plan économique, géopolitique et militaire. Sous couvert des « printemps arabes», l’impérialisme a créé le chaos en Afrique, y faisant pulluler les groupes terroristes de telle ou telle obédience, islamistes, séparatistes religieux ou ethniques… Cependant, les choses sont en train de bouger et de changer, avec une nouvelle conscience citoyenne et de nouvelles formes de gouvernance, beaucoup plus démocratiques.
L’Algérie a conscience de cet éveil, dans la mesure où elle s’éveille elle-même et prend conscience non seulement de sa force mais de la force de l’Union. L’Afrique n’a pas d’autre choix que de s’éveiller aux enjeux de l’histoire, d’autant que le chronomètre de la modernité rend impérative la nécessité de s’atteler aux nouvelles technologies et à une civilisation computationnelle qui devient l’unique voie vers le salut si on ne veut pas rester définitivement sur la marge. Une véritable clôture pour l’accès à la post-modernité se dessine à l’horizon et il est temps d’être sur la piste de départ, faute d’être définitivement exclu.
Aujourd’hui, l’union est impérative, d’autant que les bouleversements opérés par le mode de gouvernance néolibéral indiquent que l’impérialisme, son stade suprême, est prêt à tout pour maintenir son hégémonie sur le monde et les peuples. Vorace et belliqueux, il ne cesse de grossir pour s’accaparer et séquestrer les biens de l’humanité et, même l’ensemble des ressources du vivant. La réponse africaine à cette menace est soit unitaire soit suicidaire.
A.E.T.

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