Accueil MONDE Primaires US : que le plus riche gagne ?

Primaires US : que le plus riche gagne ?

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Malgré plus de 150 millions de dollars levés, Jeb Bush s’est retiré de la course aux primaires. Mais pour lever des fonds, tous les moyens sont bons.
Ce n’est vraiment pas une élection comme les autres. Traditionnellement, durant les primaires, un candidat s’appuie sur de gros bailleurs de fonds, comme George Soros ou Sheldon Adelson, le milliardaire à la tête d’un empire du jeu, qui injectent des millions dans sa campagne. Et plus la cagnotte est grosse, plus le candidat a des chances de l’emporter. Mais cette année, les grands bailleurs de fonds ne font plus la pluie et le beau temps. Ce qui les laisse pantois et un brin fumasses.
Prenez Jeb Bush, l’homme adoubé par le Parti républicain, dont on annonçait la victoire programmée à l’investiture. Dès le lancement de sa campagne, il a engrangé des sommes faramineuses en s’appuyant sur l’énorme réseau de son père et de son frère. En neuf mois, lui et ses alliés ont levé 157 millions de dollars, selon le New York Times. Rien qu’en janvier, le groupe Right to Rise a dépensé 34 millions pour le soutenir. Et pourtant, la semaine dernière, il s’est retiré piteusement de la course après sa débâcle en Caroline du Sud. Certains de ses riches donateurs ont aussitôt commencé à signer des chèques à ses anciens adversaires comme Marco Rubio. Mais d’autres ont apparemment mal digéré la disparition brutale de leurs précieux dollars et ont préféré arrêter temporairement les frais. « Je dois réexaminer ce que je comprends du processus et comment ça a fonctionné cette fois parce que c’est très différent des fois précédentes », a confié à Politico Fred Zeidman, un financier de Houston. “Je ne comprends toujours pas bien le succès des candidats non traditionnels des deux côtés. C’est un nouveau modèle et je pense qu’il va falloir attendre après les élections pour voir où ça nous a menés. »

Donald Trump snobe les gros bailleurs de fonds
La grande nouveauté, c’est que certains des prétendants à la Maison-Blanche ont recours à des tactiques inhabituelles de financement. Donald Trump, d’abord, a décidé de snober les gros bailleurs de fonds et d’autofinancer sa campagne, ce qui est l’un de ses grands charmes pour nombre de ses supporteurs. Il peut ainsi se targuer d’être indépendant par rapport aux lobbies. Il a donc puisé dans sa fortune et prêté à sa campagne 17,8 millions de dollars. Mais même s’il se vante de ne dépendre de personne, il ne refuse tout de même pas les dons, qui s’élèvent à plus de 7 millions de dollars.
Le plus étonnant, c’est le peu d’argent qu’il a investi dans sa campagne jusqu’ici, au total 24 millions, soit moins de la moitié de ce qu’ont investi ses rivaux Ted Cruz et Marco Rubio, qui ont chacun déboursé autour de 60 millions. En janvier cependant, à l’approche des primaires, Donald Trump a accéléré ses dépenses à 11,5 millions, presque autant que le montant total dépensé pour toute l’année 2015. ll a aussi investi son argent différemment. Il a évité les campagnes publicitaires, estimant que c’était « probablement du gaspillage » vu toute la pub gratuite dont il bénéficiait dans les médias. Il a également boudé l’organisation de terrain, préférant allouer ses fonds à la mise en place de grands meetings électoraux et à la production de casquettes avec son slogan.
Sanders à la tête d’un pactole de 96 millions de dollars. Il n’est pas le seul à avoir adopté une approche originale. Le démocrate Bernie Sanders a réussi à lever la somme impressionnante de 96 millions de dollars, sans s’appuyer sur un super PAC, ces groupes de donateurs qui peuvent donner des sommes illimitées dans la plus parfaite opacité. « Je n’ai pas de super PAC, et je n’en veux pas », répète-t-il à longueur de meeting, alors que tous les candidats, sauf Trump, en ont plusieurs. La campagne du sénateur du Vermont s’appuie principalement sur de petits contributeurs. Quelque 70 % de son argent vient de dons de 200 dollars ou moins, analyse Politico. Du jamais-vu dans les annales électorales. En 2008, Barack Obama avait lancé le mouvement en récoltant beaucoup de petits dons. Mais Sanders peut se targuer d’en avoir collecté deux fois plus que le président actuel. Après sa victoire dans le New Hampshire, ses équipes ont envoyé un email aux supporteurs, leur demandant de contribuer à hauteur de quelques dollars. Ils ont reçu en 23 heures 6,3 millions de dollars ! Un tel exploit est bien sûr, dû à une technologie très en pointe. Mais aussi à son message qui dénonce l’emprise des grands intérêts et de Wall Street. Pour ses partisans, même un don minime, pensent-ils, peut faire une vraie différence et lancer la révolution politique que Sanders leur promet. En comparaison, Hillary Clinton et son énorme machine ont récolté 188 millions de dollars depuis le début de sa campagne, dont 58 millions par le biais de super PAC.

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