La 44ème EUCOCO – constellation des comités de soutien au peuple sahraoui pour son indépendance – dont les travaux ont pris fin hier samedi à Vitoria- Gasteiz, capitale de la région autonome du pays basque espagnol, a décidé de mettre en œuvre un certain nombre de mesures et d’action pour accentuer la pression politique au niveau européen et au delà , afin de sortir les sahraouis du statu quo dans lequel veut les enfermer le Maroc avec la complicité ouverte de la France mais aussi de l’Espagne.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL, À VITORIA, MOKHTAR BENDIB
Pour Carmélo Ramirez, président de l’association des institutions espagnoles solidaires avec le peuple sahraoui , ces initiatives de nature politique sont une « action essentielle pour renforcer la pression exercée sur le régime marocain et ses alliés ». « Nous devons +matérialiser+ l’occupation coloniale du Sahara occidental par le Maroc dans l’opinion publique européenne afin que les gens comprennent bien qu’il n’est pas résolu » et prennent conscience des souffrances du peuple sahraoui, a ajouté Carmelo Ramirez . Sur un autre plan, M. Ramirez a plaidé pour une stratégie de travail bien définie pour soutenir la consolidation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et accorder une attention particulière aux services publics dont bénéficient les Sahraouis vivant dans les camps de réfugiés et dans les zones libérées. « Nous devons garantir les conditions de vie les plus dignes possibles au peuple sahraoui », a déclaré Ramirez. Dans une autre proposition, Carmelo Ramirez a demandé à organiser des visites dans les zones sahraouies occupées pour mettre en lumière la situation des violations des droits de l’Homme dans laquelle vivent des centaines de milliers de Sahraouis et à la participation de délégations à des événements internationaux. Enfin, M. Ramirez demande que les différents ateliers du 44e Eucoco soient utilisés pour élaborer des documents et des stratégies d’action avec une approche bien définie. Sur un autre plan la conférence Eucoco de Vitoria insiste en ses recommandations sur un point crucial. La souveraineté du peuple sahraoui sur ses ressources. Un thème largement débattu au Sénat français, lors d’une rencontre, le 15 novembre dernier et que le Maroc a voulu empêcher, se croyant encore tout permis en France. La rencontre au Sénat français a posé un principe de base : le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination en tant que peuple d’un territoire non autonome et dont la décolonisation est entravée, implique la souveraineté du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles . « Ainsi tous ceux qui exploitent, utilisent ces ressources ou en font commerce, sans le consentement du peuple sahraoui, sont des pillards» , ni plus ni moins relève-t-on . Le scandale avéré est le fait que le Maroc exploite, à son profit, une grande partie du territoire sahraoui occupé, depuis plus de 40 ans et cela sans qu’une grande part de la communauté internationale , en particulier le Conseil de sécurité de l’Onu et l’Union européenne, lui en fasse grief . C’est ainsi que la 44e Conférence EUCOCO dénonce L’UE qui en signant des accords commerciaux étendus au Sahara occidental se rend complice de la colonisation du territoire. Car la véritable puissance administrante, en droit, reste l‘Espagne, qui a abandonné ce territoire en novembre 1975, quand elle a signé les honteux accords de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie qui se sont alors partagés le territoire. Une triste erreur historique de L’Espagne en tant que puissance coloniale engagée dans le processus de décolonisation, a ainsi abandonné le peuple sahraoui auquel elle devait protection. Par ailleurs, en signant avec l’UE, le 28 janvier 2019 l’accord d’association étendu au Sahara occidental, puis le 4 mars 2019 l’accord de pêche étendu aux eaux sahraouies, le Maroc a reconnu, sans le dire mais de fait, qu’il n’est pas souverain sur le territoire sahraoui. Pour l’un des participants « ni souverain, ni puissance administrante, le Maroc est en fait un occupant ». Il a annexé militairement les 2/3 du territoire sahraoui, à l’ouest d‘un mur de sable qu’il a érigé dans les années 1980 un mur de 2700 km de long cerné de barbelés et de millions de mines anti -personnel qui font touiours des victimes sahraouies, en particulier parmi les nomades, et alors que le royaume refuse jusqu’à auiourd’hui de signer la Convention d’interdiction des mines anti-personnel d’Ottawa.
M. B.
Le président du Cnasps, Saïd Ayachi
« L’Onu doit traiter le Maroc en occupant colonial et non en partenaire »
Le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), Saïd Ayachi, a soutenu vendredi à Vitoria-Gasteiz que le Maroc doit être traité comme un occupant, et non pas comme un partenaire dans le dossier sahraoui. »Depuis 44 ans, le Maroc occupe illégalement le territoire du Sahara occidental et depuis 44 ans le Maroc réprime les Sahraouis chez eux. Le Maroc arrête, emprisonne et torture les Sahraouis chez eux. Le Maroc pille les richesses sahraouies », a dénoncé Ayachi, à l’ouverture des travaux de la 44e édition de la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui, dont les travaux ont débuté en fin d’après-midi.Tout ça, ajoute Ayachi, « sous le regard et le silence de la communauté internationale et sans aucun rappel à l’ordre, sans aucune condamnation de l’occupant marocain, assuré de l’impunité et de la protection, grâce à la France officielle ». Le président du Cnasps a rappelé que les Nations unies ont demandé au Front Polisario d’arrêter le combat militaire qu’il remportait indiscutablement. »Les Sahraouis ont accepté de le faire contre l’engagement des Nations unies d’organiser un référendum d’autodétermination auquel les Sahraouis ont de toute façon droit au regard du Droit international et de la Charte de décolonisation de ces mêmes Nations unies ». Un référendum d’autodétermination que les Sahraouis attendent depuis plus de 27 ans. « Jusqu’à quand les Sahraouis vont encore assister aux violations répétées des Droits de l’Homme dans les Territoires occupés par le Maroc qui agit dans l’impunité? », s’est interrogé Ayachi. « Jusqu’à quand les Sahraouis vont-ils attendre pour que l’ONU honore ses engagements et organise ce référendum d’autodétermination auquel les Sahraouis ont tout le droit? », s’est-il encore demandé.
Le président du Cnasps a soutenu qu' »il ne faut pas nous laisser berner par l’hypocrisie des grandes puissances et du Conseil de sécurité de l’ONU qui fait s’éterniser une situation dramatique et inacceptable pour le Peuple sahraoui ». « Nous n’acceptons plus ces résolutions stériles du Conseil de sécurité votées par dizaines, toutes aussi inefficaces que les discours cyniques, qui ne font qu’augmenter la tragédie du peuple sahraoui »,a-t-il opiné. Ayachi a pointé du doigt le Maroc qui « doit être traité et interpellé comme un occupant, un colonisateur et non pas comme un partenaire ». « Dénonçons, condamnons, tous ensemble, et vigoureusement l’Union européenne, et surtout l’Espagne et la France pour leurs positions et pour leurs agissements déshonorants et criminels », a-t-il lancé. Et d’ajouter:
« Exigeons fermement de l’ONU qu’elle remplisse avec honneur et sans délai les engagements qu’elle a pris avec les Sahraouis en février 1992 ». « Montrons à la face du monde entier que les Sahraouis ne sont pas seuls, que nous sommes inconditionnellement à leurs côtés, et que nous les accompagnerons jusqu’à la victoire », a conclu Ayachi.
M. B.