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Peintre et concepteur de timbres : Il y a dix ans disparaissait Ali-Khodja Ali

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Son nom restera à jamais gravé dans le catalogue philatélique algérien qu’il a enrichi d’une cinquantaine de vignettes: Ali-Khodja Ali, miniaturiste et peintre disparu il y a dix ans, a marqué de son empreinte la mémoire collective, surtout à travers le timbre-poste.

Elève et neveu des artistes Mohamed et Omar Racim, ses oncles maternels, Ali-Khodja Ali signe le premier timbre émis le 5 juillet 1963, portant la mention « EA » (Etat algérien). La vignette, émise à l’occasion du premier anniversaire de l’indépendance sera suivie par d’autres commandes du ministère de la Poste, pour le compte duquel l’artiste réalisera des timbres jusqu’en 1981.
Natif d’Alger en 1923, Ali-Khodja Ali a grandi entouré de ses deux oncles artistes qui le recueilleront à l’âge de 4 ans après le décès de son père.
Ancien élève d’Omar Racim à l’Ecole des Beaux-arts d’Alger, il dévoile ses premières œuvres à l’âge de 23 ans, après avoir suivi des cours de calligraphie et d’enluminure, avec comme condisciples Mohamed Temmam et Bachir Yelles.
Ali-Khodja a enseigné durant une trentaine d’années la décoration à l’Ecole des Beaux-arts, après avoir quitté, en 1961, le poste de dessinateur au Bureau d’étude du service de l’Artisanat, ancêtre du Musée des arts et traditions populaires. Après l’indépendance, il se consacre à la conception d’affiches, en se distinguant notamment par celle consacrée au premier Festival panafricain (1969). Mais n’abandonnera pas pour autant la peinture et continuera à participer aux expositions collectives. En 1990, il présente ses nouvelles toiles dans une exposition individuelle à Alger avant d’y exposer -pour une dernière fois-, en 2009.

Du figuratif à l’abstrait
Sa passion pour les chevaux et les chats particulièrement, s’illustre à partir de la fin des années 1960 à travers ses peintures qui prenaient pour thème les animaux. Cette tendance est perceptible notamment dans  » Les chats » (1972) et « La harde » (1979), une des plus célèbres œuvres d’Ali Khodja représentant des chevaux dans une exquise palette de couleurs. Traumatisé par l’assassinat de son oncle, Mohamed Racim, et de son épouse en 1975, l’artiste cessera toute activité artistique jusqu’au début des années 80. Cette période de la vie de l’artiste coïncide avec l’abandon des thèmes animaliers et des paysages pour la peinture abstraite, avec des titres allusifs comme dans « Signe des temps » (1982) , « Cosmogonie » (1983), « Obsession » (1985) ou encore « Ambivalence » (1986). Ce passage à l’abstrait « était, pour un artiste effondré émotionnellement, une forme d’expression et de compréhension de l’univers ». Le style figuratif était pour Ali-Khodja, une sorte de « libération émotionnelle dans une dimension où l’espace est plus grand », expliquera le miniaturiste Mustapha Adjaout, son ancien élève.
Jusqu’à la fin de sa vie, Ali-Khodja Ali continuera à peindre, sans que le poids de l’âge n’ait jamais eu d’emprise sur sa créativité. « Dans son atelier à El Biar, il passait le plus clair de son temps entre son chevalet et son ordinateur à écouter la musique universelle et la musique traditionnelle algérienne », se souvient son fils, Abderrahmane, rencontré dans son cabinet dentaire algérois.
« Mon père qui croyait en ses choix esthétiques ne s’était jamais occupé de la gestion de sa carrière artistique. Il n’attachait aucun intérêt à la promotion de son œuvre », témoigne-t-il. Un témoignage qui fait écho au portrait que lui avait consacré en 1990 le poète et journaliste Tahar Djaout, décrivant ainsi Ali Khodja Ali: « Un artiste exigent et discret qui n’excelle guère à brasser du vent ou à emboucher des trompettes, qui tient avant tout à son plaisir et à sa liberté… » de créer.

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