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Miné par la violence et de lourds soupçons de corruption : Le football maghrébin perd le nord et devient le mal du football africain

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C’est un message fort (1) que la CAF, par l’entremise de son Comité organisateur de la LDC, envoie à près de 5 mois du coup d’envoi de la CAN égyptienne : El Ismaily est éliminé de la compétition après que ses fans aient semé le désordre lors de la réception du Club Africain de Tunis. Les Egyptiens écopent de cette sanction suprême pour des actes de hooliganisme qui ont émaillé cette dernière sortie en date, un communiqué laconique de la CAF rappelant qu’après que des supporters d’El Ismaily eurent jeté toutes sortes de projectiles sur les arbitres assistants ainsi que sur des membres du staff adverse, le match a même été arrêté à la 86e mn, alors que les visiteurs qui menaient à la marque et s’acheminaient vers un joli succès, avaient bénéficié d’un corner. Après de nombreuses et infructueuses tentatives de reprendre la partie, décision a été prise de mettre prématurément fin aux débats et les joueurs, les staffs ainsi que le corps arbitral ont été escortés aux vestiaires.

Carton rouge
Fin de match NA Hussein-Dey – Ahly de Benghazi (Lybie) au stade du «5 Juillet». Digérant mal leur élimination de la Coupe de la CAF, les visiteurs n’ont pas trouvé mieux, après s’en être pris violemment à l’arbitre au coup de sifflet final, que de tout saccager sur leur passage. De gros dégâts à l’arrivée et des vestiaires laissés dans un piteux état. Les représentants du football arabe à l’échelle continentale (voir le dernier duel égypto- tunisien entre El Ismaily et le Club Africain conclu sur un succès flatteur de ce dernier et des scènes de violence de la part du public local ayant entraîné l’arrêt avant terme de la partie) s’ils dominent (on tentera d’expliquer pourquoi) sur le plan du palmarès dans les deux compétitions phares en interclubs, se mettent malheureusement en évidence par des comportements condamnables tant sur le terrain que dans les tribunes. Un carton rouge et de sérieuses craintes pour le football maghrébin, aussi bien sur le plan pur du prestige qu’au niveau disciplinaire. Première cinglante confirmation qui veut, à notre grand désappointement, que les années se suivent apparemment et ne se ressemblent pas pour le jeu à onze nord-africain (si on y inclut évidement l’Egypte où rien ne va plus sur le plan sécuritaire avec la multiplication des débordements à chaque sortie officielle depuis les évènements ayant conduit à la chute du règne de Moubarak) surpris en flagrant délit de mauvaise conduite et se retrouve dans l’œil du cyclone de la nouvelle direction de la Confédération africaine de football conduite désormais par le Malgache Ahmad Ahmad, dont l’une des promesses électorales dans la course à la succession du Camerounais Issa Hayatou a été notamment de mener la lutte contre les maux récurrents qui ont fait la mauvaise réputation des formations africaines. Entre autres, la corruption (l’épisode de l’assassinat d’un journaliste ghanéen réputé pour figurer dans son panel de lanceurs d’alerte et, naturellement, parmi les plus influentes sources d’informations du fameux «WikiLeaks», cette organisation non-gouvernementale fondée par Julian Assange en 2006 et dont l’objectif est de publier des documents pour partie confidentiels ainsi que des analyses politiques et sociales à l’échelle mondiale et l’Afrique n’est pas en reste avec les scandales à répétition qui la secouent durement en football et dans bien d’autres domaines sensibles) et la violence dans les stades. Derniers épisodes en date à valeur d’avertissement, cette réaction violente du onze libyen pourtant battu à la régulière par les Husseindéens et que la Commission de discipline sur la base du rapport établi par la partie algérienne (si tant est les responsables du Nasria aient cru bon de s’en référer, documents à l’appui, à l’instance morale en charge de la gestion des compétitions continentales à l’effet de dédommager l’Office du Complexe Olympique) se doit de punir, et les évènements (partie arrêtée à 4 minutes de la fin, les arbitres jugeant les conditions peu propices au bon déroulement de la partie alors que les Tunisiens du Club Africain menaient au score) d’El Ismaily, en Egypte, auquel les fans, mauvais perdants, ont rendu un très mauvais service (exclusion officielle de leurs favoris de la suite des éliminatoires, à l’instar de l’ES Sétif qui, il y a deux éditions, verra son aventure stoppée net après que le public du «8-Mai 45», dans les mêmes circonstances, précipitera la sortie prématurée de ses «Aigles» sur une décision administrative très attendue. Plus que logique.

La loi des hooligans
Au moment où du côté égyptien on croisait les doigts (peine finalement perdue) quant à l’avenir d’El Ismaily en LDC, reviennent à l’esprit des amoureux du beau jeu ces nombreuses affaires d’intimidation et d’agressions physiques dont la particularité est de connaître une courbe descendante, si elles ne disparaissent pas carrément du paysage africain, alors qu’elles redoublent d’intensité côté maghrébin (allez, on dira Afrique du Nord) lorsqu’on revoit ces scènes transmises en boucle par les chaînes T.V et les réseaux sociaux en provenance des stades algériens (un véritable fléau face auquel les autorités se montrent impuissantes), en Tunisie, notre voisin de l’Est, où les hooligans ne sont pas en reste et imposent leur loi et donnent également à certains rencontres dites «sensibles» des allures de batailles rangées, au Maroc, notre voisin de l’Ouest, où les services de sécurité sont constamment sur les dents, pour ne pas dire franchement débordés et éprouvent bien des difficultés à assurer lors d’affiches classées à haut risque, et un peu plus loin, sur les bords du Nil, submergés à chaque fois par des réactions épidermiques de foules difficiles à maîtriser obligeant, depuis quelques années, les hautes autorités du pays à réduire le nombre de personnes admises à suivre les rencontres de championnats. Une Egypte déjà en butte au terrorisme et qui veut profiter ( c’est déjà compromis ?) de la vitrine CAN (elle vient de décrocher l’insigne honneur d’accueillir à nouveau sur ses terres, et pour la 5e fois dans l’histoire du prestigieux tournoi inter nations, la messe biennale du football continental en remplacement du Cameroun recalé, rappelle-t-on, en raison des retards considérables constatés dans la préparation de cet évènement majeur prévu pour la 1ère fois en été et avec 32 équipes) pour soigner son image (2) à l’international. Raté, même si les responsables de la Confédération africaine lui ont renouvelé leur confiance pleine et entière en lui confiant la lourde responsabilité de constituer «le chapiteau idéal» pour une telle compétition malgré les réticences des uns et des autres. Cela étant, et au-delà des évènements dramatiques qui secouent épisodiquement une nation respirant le football mais connue pour le chauvinisme exacerbé de son opinion sportive, particulièrement dans la manière de vivre le sport populaire, force est de constater (avec bien des regrets mais on applaudit) que les choses bougent du tout au tout sur le continent. Ainsi, et après les énormes progrès enregistrés par la majorité des nations de l’Afrique noire (derrière, le Maghreb, ou l’Afrique du Nord, suit difficilement la tendance malgré l’écrasante domination exercée par ses équipes de clubs comme le dénote le nombre de trophées remportés pour la seule LDC, avec 14 victoires finales aux couleurs égyptiennes portées par son trio Al Ahly- Zamalek- Ismaily qui en comptent respectivement 8, 5 et 1 titres majeurs, marocaines avec 6 victoires finales représentées par un autre trio qui a pour noms le Raja, le Widad de Casablanca et les Far de Rabat, suivies de 5 tunisiennes et algériennes avec les triplettes ES Tunis, ES Sahel et Club Africain et ES Sétif, MC Alger et JS Kabylie, soit un nombre total appréciable de 30 trophées bien évidence dans leurs vitrines) au contraires des équipes nationales qui marquent sensiblement le pas cette dernière décennies à l’heure des cérémonies de remise des prix tant pour le nombre de qualifiés au Mondial que pour le sommet de la hiérarchie, la CAN. à titre d’exemple, l’édition 2018-2019 nous offre comme toujours (le tirage au sort faisant foi), en LDC comme en CAF, une présence en masse (07 équipes disputant la phase de groupes sur les 16 en course) des Maghrébins menés logiquement par le détenteur en titre de la champions league, l’ES Tunis, le WA Casablanca auquel il succède au sommet de la hiérarchie, le Ahly du Caire, finaliste malheureux des deux dernières éditions auxquels se joignent El Ismaily (qui ne poursuivra pas l’aventure parce que mis au placard pour des raisons disciplinaires) le CS Constantine, le Club Africain et la JS Saoura. Même configuration en CAF avec également 07 représentants, soit le même nombre, trois pour le Maroc qui comptera sur ses candidats potentiels à la succession de leurs camarades du Raja Casablanca cette fois concerné par la LDC, le Hassania d’Agadir et le RS Berkane, le duo tunisien ES Sahel – CS Sfaxien (deux habitués du podium), un pour l’Algérie avec un nouveau venu, en l’occurrence le NA Hussein-Dey peu habitué à un tel rôle mais qui, dans un costume d’outsider qui lui va toutefois bien, espère marquer sa présence en se mêlant aux favoris.

Priorités et … priorités
Des palmarès donc à dominante nord- africaine qui ne semblent néanmoins rien dire, sinon que le problème (les problèmes) est (sont) ailleurs. Confirment que les priorités ne sont plus les mêmes, la tendance (un cycle de violences en net regain d’intensité) s’étant définitivement inversée, les terrains africains (Afrique noire et subsaharienne) offrant plus ou de meilleures garanties sur le plan sécuritaire, au contraire d’une certaine époque où voyager dans ces contrées relevait de l’aventure. Malgré un potentiel indéniable, le Maghreb, en nouvel enfant terrible (un véritable boulet désormais difficile à traîner) du football africain sur ce côté sensible, donne du fil à retordre à une CAF elle-même face à ses vieux démons de la corruption et des jeux de coulisses et qui veut faire table rase d’un passé récent où le jeu à onze sur le continent s’imposait par cette fenêtre (une violence endémique) particulière faisant sa mauvaise réputation. Les stades nord-africains infréquentables ? Le public d’El Ismaily, à quelques encablures de la CAN égyptienne (merci la CAF pour le cadeau), a sorti l’attirail du mauvais supporter pour dire combien il était urgent, pour ne pas dire vital, de s’attaquer à ce mal aux retombées désastreuses sur la pratique de la discipline. Dire que, malheureusement, le football du Nord de l’Afrique rime avec agressions et intimidations au détriment du fair-play et du beau jeu en l’absence du spectacle qui, en fait, est son essence même. Et, événement majeur oblige, des questions : la sortie houleuse et unanimement dénoncée ismaïlienne risque-t-elle de gâcher la fête en menaçant carrément la réussite de cette 32e CAN pour laquelle l’Egypte entière va se mobiliser en commençant par offrir des garanties sur un volet qui inquiète déjà, alors que le football en Afrique malade maintenant de son pendant maghrébin peine à suivre, ou difficilement, les développements qui agitent la scène sportive universelle. Reste en deçà de l’immensité de ses territoires et de la richesse plus qu’avérée de son réservoir en talents dont beaucoup crèvent l’écran des les plus grands championnats d’Europe (la référence des références) et d’ailleurs. En donnant néanmoins l’exemple (et quel exemple !) sur le plan purement technique avec des parties de haut niveau contrairement au Maghreb où les rencontres se transforment souvent en parodie et de séances interminables (à désespérer) où le pousse ballon s’impose en inévitable menu pourtant chèrement payé par des fans qui y trouvent matière à réagir violemment en cassant tout sur leur passage, mais en pesant positivement sur le comportement des foules, les stades de football dans le reste de l’Afrique (mis à part, et on insiste, le Maghreb qui endosse le bonnet d’âne dans ce volet plus que sensible et appelé à redoubler d’efforts) ne faisant plus peur aux visiteurs. Qu’est-ce qui a changé et pourquoi? L’impuissance des autorités aidant, juguler le phénomène et circonscrire les nombreux maux qui minent le sport-roi vire pratiquement à la mission impossible. Aussi sûrement que nos spécialistes en la matière peinent à sortir avec des recommandations en mesure de faire avancer les choses. Pas donc, assurément, que de bonnes nouvelles et de sévères sanctions en vue. El Ismaily, après l’ES Sétif il y a deux saisons et qui a écopé de la même peine, sait maintenant les risques encourus. En commençant par réapprendre à rejouer au football et en accepter les règles. D’ici là…
Par Azouaou Aghiles

(1) Réaction musclée de la CAF qui n’a pas trop tardé avant d’appliquer l’article 7 du 4e chapitre de la compétition qui stipule particulièrement que «si l’arbitre est dans l’obligation d’arrêter définitivement la partie avant sa fin règlementaire à cause d’une invasion du terrain ou d’agression contre l’équipe visiteuse, l’équipe hôte sera déclarée perdante et sera éliminée de la compétition, nonobstant les sanctions prévus par les règlements» qui mentionnent également, entre autres, que « si une équipe est disqualifiée avant que la moitié des rencontres de la phase de «poules» ne soit jouée, ses résultats ne sont tout simplement pas pris en compte. Ce qui, ndlr, fait au passage les affaires du représentant algérien. L’instance africaine vient donc de rendre son verdict suite aux incidents ayant gravement entaché la récente sortie contre le CAT et qui n’est pas allée à son terme. Une sanction lourde de sens et de messages : une disqualification pure et simple, dans un groupe «C» dominé par le CS Constantine (six points au compteur contre zéro pour le TP et le CAT qui voient leurs chances diminuer conséquemment en perdant chacun trois précieuses unités, solide leader qui, notamment avec son large et probant succès- 3.0- décroché à Hamlaoui contre l’épouvantail congolais du TP Mazembe, conforte sa position en tête du classement, creuse même l’écart face aux deux autres concurrents encore en lice. Un tournant majeur, et le billet au prochain tour (il lui suffit d’un tout petit point désormais) quasiment dans la poche.

(2) Très mauvaise nouvelle pour les autorités égyptiennes qui n’avaient vraiment pas besoin de ce mauvais service rendu par la galerie d’El Ismaily qui vaut au club un bannissement- du moins pour l’édition en cours- de la LDC. En ne tardant pas à prendre les mesures qui s’imposaient devant la gravité des faits reprochés à son représentant, la CAF, si elle s’est montrée ferme dans sa décision comme l’attendaient les observateurs, vient donner raison aux opposants (pas ceux qui ont voté lors du scrutin lors de l’attribution, à l’unanimité des bulletins exprimés moins un), à l’organisation de la CAN 2019 au pays des «Pharaons.» Parmi les raisons invoquées, l’aspect sécuritaire en détérioration constante (les autorités assurant que la situation est maîtrisée malgré la multiplication des actes terroristes dans certaines régions) et des «ultras» difficilement maîtrisables conduisant, pour rappel et depuis quelques saisons déjà, à des mesures draconiennes comme la limitation du nombre de supporters admis à suivre certaines rencontres de championnats (des huis clos déguisés) donnant lieu à des stades affreusement vides, comme à l’occasion de certaines affiches réputées pour drainer des foules nombreuses. Fallait-il alors oui ou non prendre le risque de confier cette édition à un pays instable au contraire de l’Afrique du Sud?
La réponse, toute d’assurance, est donnée par le président de la fédération égyptienne de football, Hany Abou Rida qui, interrogé sur la liste des stades retenus pour accueillir le tournoi en juin, affirmera (joli soutien n’est-ce pas ?) que « la ville d’El Ismailya ne sera pas sanctionnée et il n’est donc pas question de l’écarter des villes choisies à cet effet en raison des récents heurts que son stade a connus.

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