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LUTTE CONTRE LA PANDÉMIE DE COVID-19 EN ALGÉRIE : Où est la faille ?

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Comme dit l’adage, il n’y a pas de vent propice pour un marin qui ne sait pas où aller ! Tel est le constat macabre que l’on peut tirer, sans complaisance, de la situation épidémiologique en Algérie, après cinq mois de lutte contre la pandémie du coronavirus. Vouloir sauver l’économie et en finir, en même temps, avec le virus serait-il possible ? Un pari difficile, qui a d’ailleurs montré ses limites.

La majorité des pays à travers le monde, y compris les plus affectés d’entre eux, commencent à respirer à grand poumon et sont sortis vainqueur de cette guerre contre le virus invisible et mortel. Déconfinement, ouverture de la saison estivale, reprise des vols aériens, reprise de l’activité économique. Certes pas encore à plein régime comme souhaité, car les séquelles du Covid sont toujours visibles, mais la machine commence, peu-à-peu, à se dégripper pour aller de l’avant afin de réparer les dégâts occasionnés par la maladie.
Mais qu’en est-t-il réellement dans notre pays après des mois de sacrifice ? Les demi-mesures ne portent pas de solutions, mais prolongent la vie de la pandémie. Et pour preuve, même dans les pays les plus touchés qui, à un moment donné, s’étaient remis à Dieu, comme c’est le cas de l’Italie, n’ont pas connu une telle longévité dans le confinement. La raison est toute simple. C’est qu’il n y a jamais eu de véritable confinement en Algérie. On ne va pas de main morte pour appuyer notre constat. Et on ne fait pas dans la surenchère non plus. Mais les faits sont là et ils parlent d’eux-mêmes.
Après cinq mois de « lutte » contre le Covid-19, les cas de contamination augmentent au lieu de baisser, pour atteindre près de 600 cas en 24h. Les hôpitaux submergés au lieu de respirer. Le personnel médical épuisé et exténué avide de regagner la famille après des mois d’absence pour sauver des vies humaines rejoint … l’au-delà. Et dire que la situation est considérée « sous contrôle ».
Les cris de détresse lancés par les professionnels de la santé quant à la situation critique dans le pays, étaient souvent tombés dans l’oreille d’un sourd. Et les syndicalistes, hommes de terrain pour la plupart, n’avaient pas été associés dans la prise des décisions, laissant ainsi le soin à des membres d’un comité agissant unilatéralement pour nous pondre un bilan, chaque jour que Dieu fait, pour repartir de sitôt rejoindre leurs places. Avoir abandonné et marginalisé les partenaires sociaux dans le domaine serait une erreur monumentale, qui reflète un mépris de ces spécialistes en première ligne dans la guerre déclarée contre le Covid depuis plusieurs mois déjà. Et aujourd’hui on assiste, impuissamment, à des adieux en cascade des hommes et femmes de cette corporation emportés par le virus encombrant.
Peut-on rêver, ainsi, d’une relance économique à moyen et long terme ? Peut-on appréhender une rentrée sociale et scolaire dans de meilleures conditions ? En résumé : Peut-on redresser la balance en notre faveur et renouer avec la vie d’antan, maintenant que le sourire a déserté les traits de nos visages, pour sombrer dans le doute d’un avenir incertain? Telles sont les questions, qui, malheureusement, des mois plus tard, continuent d’occuper nos humbles esprits à la lumière de ce virus microscopique qui, apparemment, lui aussi, tient à la vie. Maintenant que le virus semble gagner la bataille, que faire pour l’empêcher de remporter la guerre ? Il est possible de vaincre le virus, ou du moins le maîtriser, en attendant le développement d’un vaccin. À l’origine, l’être humain est un anarchiste qui peut facilement céder au charme de la vie et agir comme bon lui semble, d’où, justement l’élaboration des lois.
De la force de la loi
Mais l’établissement des lois ne suffit pas à lui seul, s’il n’est pas accompagné par l’obligation de s’y conformer sous peine de lourdes sanctions contre tous les réfractaires. Il est vrai que le citoyen de par son insouciance et inconsciences a une marge de responsabilité dans la situation actuelle, mais il ne faut pas lui porter, seul, le chapeau pour en dédouaner les autres parties prenantes dans la gestion de la pandémie.
Les autorités publiques ont une grande responsabilité dans cette situation qui semble échapper à tout contrôle, en dépit des assurances des pouvoirs publics. Toutes les mesures annoncées ne sont pas appliquées sur le terrain par ceux-là même censés veiller à leur respect. Les non-porteurs de bavettes ne se sont jamais inquiétés. De même pour les commerçants qui ne respectent pas les mesures préventives en vigueur. La distanciation sociale n’a jamais été respectée, que ce soit dans les espaces commerciaux, dans les établissements de service, les transports en commun ou autres. Ceux qui sont chargés d’appliquer les lois brillent toujours par leur absence. La suspension de la circulation de ou vers la capitale n’a jamais été appliquée de manière effective. L’accès de ou vers Alger est resté ouvert et les gens font la navette sans être inquiétés par qui que ce soit. À la veille du rituel du sacrifice de l’Aid El Adha les vendeurs de moutons affluent de partout pour épuiser leurs « stocks ». Pour dire que les mesures prises restent, en général, lettre morte sans aucun suivi réel sur le terrain et par la même occasion, on peut dire que le virus a encore de beaux jours devant lui.
Il faut que les autorités agissent et frappent avec une main de fer contre les contrevenants, avec toute la force publique, qui s’impose pour venir à bout de cette pandémie qui n’a que trop duré.
Dans sa récente déclaration, le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus, Dr Djamel Fourar, a souligné que les efforts consentis et les moyens mobilisés par l’État dans les hôpitaux pour endiguer leCovid-19 resteront vains si les citoyens ne respectent pas les gestes barrières. Un secret de polichinelle. Au lieu de remâcher les appels au respect de ces mesures, il est plutôt urgent de sévir avec la force de la loi pour pouvoir réellement endiguer la propagation du virus, du moins pour le port de la bavette et la distanciation sociale, maintenant que des spécialistes à l’image du Professeur Idir Bitam, expert des maladies transmissibles et pathologies tropicales, ont jugé « trop tard » pour un éventuel confinement.
Autrement, on se retrouve à tourner en rond des mois et des mois, alors que les autres pays se sont déjà offerts une place au soleil. Une position confortable rendue possible par le maintien de l’ordre établi et l’application des lois. Les appels qui caressent dans le sens du poil ont montré leurs limites.
Brahim Oubellil

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