Accueil ACTUALITÉ Louisa Hanoune sur l’article 51 : «un rempart contre l’intrusion étrangère»

Louisa Hanoune sur l’article 51 : «un rempart contre l’intrusion étrangère»

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Chez le Parti des travailleurs (PT) le débat sur la Constitution n’est pas encore clos. Deux semaines après son adoption, Louisa Hanoune, patronne du parti, ravive à nouveau la polémique au sujet de la disposition controversée de l’article 51, lequel, estime-t-elle, suscite bien des questionnements, dès lors qu’il intervient dans un contexte marqué par ce qu’elle appelle des «tentatives d’intrusion étrangère» dans le pays. Lors d’un point de presse précédant une session ordinaire du bureau politique de son parti, tenue hier à Alger, la responsable politique qui a choisi, en compagnie de son groupe parlementaire, l’option de l’abstention lors de la séance de l’adoption de la Constitution, a remis au goût du jour le texte de loi, qu’elle considère d’exceptionnel dans le monde entier. La raison ? En effet, Hanoune qui a critiqué la voie par laquelle s’est faite l’adoption du projet de loi soumis au deux chambres parlementaires réunies, entendre le mode parlementaire, revient pour dire que la nouvelle Constitution n’a pas apporté le changement souhaité, et laquelle qui plus est «maintient un statuquo étouffant». Arguant qu’aucune Constitution au monde n’aura été passée sous silence et sans débat, où la participation du peuple est prépondérante et lequel aurait pu selon elle avoir son dernier mot, raison par laquelle d’ailleurs elle a prôné la voie référendaire dans l’adoption du projet, la responsable incarnant la politique trotskiste pose une toute autre problématique, qu’elle a relevé précisément dans l’article 51. Ayant fait l’objet de vives critiques, la disposition traitant des ressortissants algériens détenteurs de deux nationalités a fait enfler le débat en raison de la nature jugée «discriminatoire et exclusive» envers la diaspora. Lorsqu’encore l’article en question était attribué par un bon nombre des acteurs de la scène nationale à l’actuel directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, «accusé» d’en être l’artisan de son introduction dans la mouture du texte. D’ailleurs, l’article a finalement été amendé par le président de la République lors du Conseil des ministres ayant suivi la présentation du texte de loi, de par les supputations formulées par la classe politique. En revanche, Hanoune, quant à elle, ne partage pas forcément le même avis. Elle estime que l’incorporation de cet article suscite bien des interrogations et renferme des non-dits qui nécessitent d’être expliqués au peuple, à même d’éclairer sa lanterne et de l’aviser des enjeux qui entourent cette disposition. «Que cache-t-il cet article ?», s’est interrogé Hanoune qui a eu tout de même à affirmer de sa certitude qu’il ne s’agit nullement pas là d’une loi qui vise la communauté nationale établie à l’étranger, mais que l’enjeu est à chercher ailleurs. Plutôt, elle tient comme motif de son introduction dans la Constitution, du contexte international en cours où «l’immixtion» dans les affaires des pays fait monnaie courante, a-t-elle fait savoir. à ce titre, la SG du PT laisse supposer que l’Algérie qui fait face aux «menaces d’intervention extérieures» dans ses affaires pourrait être l’argument à faire valoir dans l’introduction de l’article 51, comme rempart pour se protéger. Ceci, tout en indiquant que cela reste tout de même une hypothèse, puisque selon elle, les auteurs de la disposition n’ont pas apporté d’arguments, encore moins expliqué les raisons qui ont motivé cette décision. Abordant le contexte international, elle a mis en garde contre ce qu’elle qualifie de «tentatives de l’ancien colonisateur» de retourner dans le pays, d’où cette disposition qui va empêcher l’intrusion de tout étranger dans le pays, du moins ce qui ne pourrait se suffire du seul fait d’avoir une nationalité algérienne, a expliqué la première dame du PT. Mais, cette supposition n’a pas empêché l’oratrice de poser davantage d’interrogations sur les tenants et les aboutissants d’une telle disposition, les personnes concernées et dans pour quel objectif. «De qui s’agit-il et pour quelle opération ?», a-t-elle adressé sa question à celui qui veut bien l’entendre, mais surtout lui répondre. Même si cela constitue vraisemblablement pour elle un moyen pour immuniser le pays, il n’en demeure pas moins que sans l’implication du peuple, cela ne pourrait se suffire comme disposition. Pour Hanoune, il faudra faire confiance aux Algériens, lesquels, à chaque fois que le pays se sente menacé, ils se dressent pour le protéger. Faut-il souligner qu’il était question dans la réunion de l’instance du PT de traiter de l’état des lieux prévalant dans le parti, de la mise en œuvre des résolutions de son comité central ainsi que l’étude des mécanismes de mise en œuvre de la nouvelle Constitution. Aussi, cette rencontre devra se pencher sur le cas des cinq cadres et députés du PT, parmi ceux accusés de «comploter pour déstabiliser le parti», comme pour mettre un frein à l’élan pris par le mouvement de dissidence enclenché par son ex-cadre, Salim Labatcha.

Farid Guellil

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