Accueil ACTUALITÉ LOUISA HANOUNE : « La priorité c’est la sauvegarde des vies humaines »

LOUISA HANOUNE : « La priorité c’est la sauvegarde des vies humaines »

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De sa première mésaventure avec la justice suivie d’incarcération, en 1983, à sa réélection depuis quelques années à la tête du Parti des travailleurs, en passant par son autre passage au trou en 2019 à la prison de Blida, Louisa Hanoune, la dame de fer au verbe haut est toujours fidèle à ses idéaux. Invitée au LSA- direct du Soir d’Algérie, l’icône de gauche a abordé plusieurs questions de l’actualité nationale. Le Hirak, la santé publique et la nouvelle Constitution étaient au menu de cette rencontre. Le mouvement populaire suspendu suite à l’apparition du coronavirus dans notre pays a eu la part du lion dans l’intervention de Mme Hanoune.
« Ce qui s’est passé en Algérie n’est pas un hirak « mouvement ou action », comme c’est le cas au Maroc lors du mouvement d’il a 4 ans. Dans ce pays voisin, certes les revendications étaient liées aux différentes aspirations du peuple marocain, et également contre la Hogra et l’injustice, mais ce n’était pas la nature du régime, le pouvoir où le système qui était alors posée, chez nos voisins marocains », a expliqué la patronne du PT. Et d’ajouter : « Chez nous justement c’est les questions politiques qui étaient posées. Autant dire que ce qui s’est produit chez nous en Algérie, c’est un hirak « révolutionnaire », fruit de plusieurs décennies de luttes, de privation et d’accumulation. Et sa venue était du moins prévisible en raison de la situation qui planait dans le pays. Il s’agit d’une aspiration politique profonde de la volonté populaire pour accéder à une vraie démocratie. » Abordant l’utilité ou non de la structuration du mouvement « révolutionnaire », l’hôte de Hakim Laalam a estimé que « le mouvement est autonome, populaire et spontané, et par conséquence aucun n’a le droit de s’ériger en responsable et encore moins en porte-parole du mouvement. Car, ajoute-t-elle, ce dernier agit en dehors du cadre traditionnel, à savoir les syndicats ou les partis politiques.»
Cette battante, dont les déboires avec la justice n’en finissent pas en raison de son engagement politique depuis son jeune âge, a souligné que ce mouvement n’est pas propre à l’Algérie. Il est plutôt « universel  rayonné  par le mouvement des Gilets jaunes en France, au Chili, au Liban et partout à travers le monde. » Parce que, enchaîne-t-elle, il y a des questions fondamentales qui sont posées dans le monde par rapport aux aspirations et au renouveau. Ces mouvements sont aussi la conséquence directe des « trahisons de la classe politique ici comme ailleurs ». Pour dire que le Hirak « est une recomposition » qui se met en place dans la difficulté car la décantation se perd.
« Maintenant, dans tout ce processus révolutionnaire on trouve des points de vue les plus réactionnaires, les plus obscurantistes, et les plus progressistes, et par la même, il serait dangereux de lui dicter une conduite.
Mais comme tout mouvement à travers le monde, il y aura une décantation et à un moment donné il faut le doter de forme mais pas d’organisation permanente et serait donc fatal pour lui (hirak) de se doter d’une forme classique », a-t-elle soutenu. Revenant sur la pandémie du coronavirus, l’ancienne détenue a affirmé que « le gouvernement a réagi par défaut et qu’il n’a pas dégagé les moyens nécessaires pour la prévention permettant d’éviter la paralysie socio-économique mais aussi politique », a analysé Louisa Hanoune, tout en précisant que cet état des lieux n’est pas propre à l’Algérie et que plusieurs pays se sont retrouvés dans la même situation.
Et cette situation a été rendue possible, selon les explications de Mme Hanoune, par le démantèlement des systèmes sanitaires à travers le monde. Pour le cas de l’Algérie, la décennie noire, le recours au FMI et à la Banque Mondiale dans les années 90 ont fait, en sorte à ce que le pays s’engage dans un plan de dévastation, qui a éloigné l’État de ses objectifs et missions dans l’ajustement structurel. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, cette période a été suivie par celle des oligarques qui ont ruiné le pays sur tous les plans.
S’agissant de l’avant-projet de constitution et le débat engagé sur la question, Mme Hanoune a affirmé, à ce sujet, que pour son parti il ne s’agit nullement d’une priorité et que les vraies solutions « sont plutôt ailleurs ». « La priorité c’est la sauvegarde des vies humaines et de la santé publique. Le gouvernement doit réunir tous les moyens, matériels et humains, pour la protection du personnel de la santé pour qu’il puisse affronter cette situation extrême. Mais également assurer le pain, le travail, l’eau, la scolarisation des enfants pour une population qui vit dans la détresse sociale. Telles sont les vraies priorités », a conclu Mme Hanoune.
Brahim Oubellil

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