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Les exportations de l’Algérie ne sont pas toujours bien côtés sur les marchés internationaux : L’information stratégique au service de l’intelligence économique

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L’Algérie ne fait pas qu’importer, elle exporte aussi, hors hydrocarbures. Du ciment algérien au Niger, de la pomme de terre en Mauritanie et en Europe, les huiles, les dattes, les sucres de canne ou de betterave, les engrais minéraux ou chimiques azotés. En tout, l’Algérie a exporté en 2017, 34,76 milliards de dollars. Les hydrocarbures ont continué de représenter l’essentiel des exportations (94,54%), à 32,86 milliards.

Récemment encore, les excédents que fait l’Algérie en pomme de terre, en ciment et autre production et matières premières, ont atterri chez des pays voisins et européens. Mais sont-ils pour autant un pactole pour le pays ? Rien n’est moins sur, affirment au «Courrier d’Algérie » des experts économiques de haut niveau. La maitrise de l’information et sa gestion en temps réel fait qu’un pays gagne ou perd en cinq secs. Avant les normes classiques, la qualité, le goût, la saveur, le bio, le label, l’emballage, l’étiquetage ou la renommée (deglet nour), il y a l’information. Elle est devenue une denrée commerciale et commerçable.
Il y a quelques années, l’Algérie avait produit un excédent d’orge ; or sitôt l’information donné par le ministre de l’Agriculture lui-même, les acquéreurs internationaux étaient déjà en chasse. Résultat, les prix de l’orge sur le marché international ont été rabaissés au maximum, tant et si bien que l’Algérie au lieu de vendre au bénéfice a vendu au rabais son excédent. Pourquoi ? Parce que ceux qui avaient l’information savaient que l’excédent d’un pays doit obligatoirement être vendu, parce que justement c’est un excédent, un plus, alors ils étaient à la réception avec leurs propres conditions en main. Or si l’information n’a pas été donnée, l’Algérie aurait pu vendre au prix initial originel. Ce qui a fait que la différence était l’information.
Définie simplement comme « la maîtrise de l’information stratégique utile aux acteurs économiques », l’intelligence économique est plus globalement une habileté à comprendre finement et globalement un environnement complexe et à prendre la bonne décision.
M. Nouad, expert algérien reconnu auprès du Pnud, nous faisait récemment ce schéma sur le marché international actuel : « Imaginez un bateau chargé de conteneurs de sucre qui quitte le Brésil ; avant même qu’il ne rentre en Algérie, il doit consulter ses réseaux d’informateurs et de conseillers disséminés dans les ports commerciaux du monde, lesquels lui donnent les informations utiles sur les prix dans chaque continents. À un moment ou à un autre, on estime plus rentable pour le pays d’aller directement décharger les conteneurs de sucre en Asie, parce que là-bas, les prix ont augmenté ». C’est cela même l’information stratégique : savoir vendre et acheter en temps réel suivant l’information qui tombe dans la minute sur les cours des matières premières. En Pétrole, l’information est encore plus importante et génère des milliards de dollars en un seul tour de passe-passe.
L’expert économiste Smaïl Lalmas affirmait il y a deux jours que «nous dépendons de quelque chose qu’on ne contrôle pas, et dépendre de paramètres que vous ne maitrisez pas, c’est cela la crise». Imaginez que l’Algérie dépende d’une ressource qu’elle ne contrôle pas, ni en terme de production, qui est dictée par l’OPEP, ni en terme de prix, dont elle est tributaire, et qui sont dictés par le marché, ni même en terme de durée de cette ressource, qui peut se tarir du jour au lendemain. Au final, c’est très dangereux de s’appuyer comme cela sur une ressource, et sur cette seule ressource, qui, finalement, dépend de paramètres aléatoires et incontrôlables. Cette analyse du marché du pétrole est complétée par Noureddine Legheliel, qui nous faisait part récemment, de l’enjeu lié à l’information dans le cours des marchés pétroliers, alors que les marchés continuent de digérer les rapports mensuels de l’AIE et de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’Opep.
Récemment, la remontée des prix dans un marché calme, était liée à l’attention des analystes portée à la géopolitique qui pourrait perturber la production mondiale, alors que la tension monte entre le premier exportateur mondial, l’Arabie saoudite, et un autre membre de l’Opep, l’Iran. C’est donc cette somme d’informations tant politiques, militaires, prévisionnelles et autres qui est prise en ligne de compte dans les cours pétroliers sur les marchés internationaux : « Les véritables acteurs du marchés sont les seuls influents sur les cours ; les informations qui proviennent du marché physique, de l’Arabie saoudite, de la production, des tensions politiques, etc… sont intégrés et prises en ligne de compte par le baril papier, lequel, par le biais de sa spéculation et sa projection, influe fortement sur le coût final ».
De son coté, le Directeur exécutif de l’«International project management » Amin Saidoun, expert du management de projet, expliquait au «Courrier d’Algérie» ce concept tout à fait nouveau, de management de projet, qui vise à gérer le changement dans les entreprises et les organisations pour en développer et augmenter l’efficacité : «Le management de projet est entrain de transformer littéralement la gestion du travail, les rôles et les relations des «acteurs». C’est une pratique scientifique de la gestion, et qui exige d’être pensée et accompagnée. Dès lors que les entreprises ont découvert les avantages de l’organisation du travail autour de projets, en reconnaissant l’importance fondamentale de communiquer et de coordonner efficacement le travail entre les individus, une méthode précise de gestion de projet a en effet émergé ».
En termes plus clairs, «le management de projet c’est aussi prendre en ligne de compte la mentalité algérienne, les mœurs, la culture intrinsèque et toute une gamme de paramètres qui jouent un rôle dans la concrétisation des projets. Savoir prendre en compte ces variétés de détails, ces variations, leurs influences est une science qui, mise à contribution, est apte à booster le projet vers sa concrétisation finale et son efficacité maximale ».
L’intégration de l’information dans les marchés internationaux, de plus en plus concurrentiels, est en train de devenir une arme redoutable. États, multinationales et entreprises sont en train de se doter d’outils pour être les premiers informés, les premiers et les mieux servis, faisant de l’information stratégique une arme terrible au service de l’intelligence économique.
F. O.

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