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Les conclusions des dernières expertises scientifiques sur la mort des moines de Tibhirine révélées : Alger confortée dans ses positions

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Bien qu’on veuille encore, ici et là, y voir une fragilisation des thèses officielles, les conclusions des dernières expertises scientifiques sur la mort des moines de Tibhirine ont été révélées et confortent de toute évidence la position d’Alger, dont la principale est l’absence de traces de balles sur les crânes.

En effet, selon ces conclusions, l’absence de traces de balles sur les crânes est un élément majeur qui fragilise la thèse d’une éventuelle «bavure» de l’armée algérienne lors d’une opération menée depuis un hélicoptère. Me Patrick Baudouin, avocat des familles des religieux, toujours acharné contre Alger, ne lâche pas prise : pour lui, cet élément fragilise certes, la thèse de la bavure militaire, mais « sans toutefois l’anéantir totalement, dit-il car nous n’avons pas les corps », alors que la logique veuille que lorsqu’on tire sur des personnes d’un hélicoptère l’endroit du corps le plus susceptible d’être touché est la tête ; or aucun des crânes exhumés ne présente cette évidente probabilité. Dans ce rapport de 185 pages, dont l’AFP a publié des parties, le collège d’experts désigné par les juges antiterroristes n’émet aucune certitude sur les circonstances du décès, faute d’argument nouveau concernant « la cause directe de la mort » des religieux.
Les conclusions datées du 23 février renforçaient les doutes sur la thèse officielle avancée à l’époque par Alger, celle d’un enlèvement puis d’un assassinat revendiqués par le GIA. En juin 2016, au terme d’un bras de fer, la juge française Nathalie Poux avait ramené à Paris des échantillons et ordonné une expertise. Menée par huit experts, elle jette le doute sur les conditions de la mort décrites dans la revendication. Ainsi, «l’hypothèse de décès survenus entre le 25 et le 27 avril», soit bien avant l’annonce officielle de leur mort, « reste plausible », estiment les experts, au regard de l’état de décomposition des têtes à leur découverte et d’analyses menées sur l’apparition de cocons d’insectes.
Ils soulignent que des traces d’égorgement n’apparaissent que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une « décapitation post-mortem », de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène. Dans la littérature terroriste du GIA, il est communément relaté comme authentique et ne souffrant d’aucune sous-visibilité le fait que le rapt des moines est intervenu pendant les derniers jours de l’émirat de Djamel Zitouni, en mars 1996, et que le coup médiatique opéré devait servir à la propagande du Groupe islamique armé ; des contacts ont été établis avec l’ambassade de France et des émissaires dépêchés ; mais devant l’échec de la négociation directe avec la DGSE, le GIA a décidé de mettre ses menaces à exécution, en décapitant les sept moines trappistes. Des personnalités politiques et sécuritaires françaises de l’époque, comme Hervé de Charrette ou Yves Bonnet, ancien responsable de la DST et auteur du livre « Le berger de Touggourt, Vérités sur les moines de Tibhirine », pour ne citer que ces deux personnages clés, se rangent du coté de cette thèse autant confortée par Alger que revendiquée par le GIA lui-même. Dans cette dense littérature djihadiste, il est fait état de l’enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, de sept moines de l’abbaye de Tibhirine, à 7 km au nord-ouest de Médéa, puis leur séquestration durant plusieurs semaines. Le 30 avril, un enregistrement audio est envoyé à l’ambassade de France comme gage qu’ils sont toujours en vie. Après l’échec des négociations, leur assassinat est annoncé le 21 mai 1996 dans un communiqué signé par l’émir du GIA, Abou Abderrahmane Amine. Les têtes des moines sont retrouvées le 30 mai 1996.
Tous les chefs du GIA encore en vie ont avoué et reconnu le crime. Le contexte de désintégration du GIA à l’époque poussait vers plus de radicalisation de la part de Zitouni et les dérives sectaires ont commencé à cette époque. Les communiqués du GIA sur le sujet, rédigés et diffusés à l’époque des faits, en font foi.
F.O.

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