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L’ANNÉE 2019 EST MARQUÉE PAR L’AGGRAVATION DES TENSIONS ET CONFLITS ARMÉS INTERNES : Libye, nouveau théâtre de guerre entre acteurs étrangers en 2020 ?

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De l’impasse politique avec l’échec du processus de Skhirat en 2015, durant lequel bon nombre d’observateurs avaient exprimé leurs craintes de voir ses carences en matière de consensus effectif entre les acteurs libyens, nourrir davantage les tensions en Libye, après avoir été, depuis cette date, le théâtre de guerre par procuration, facilitant l’accroissement du nombre des terroristes et des opérations terroristes, l’existence du peuple libyen et de la Libye sont menacés par la guerre que brandissent des acteurs influents sur la scène internationale, dans l’espace libyen.

La guerre qui risque d’éclater à tout moment dans ce pays, fait craindre le pire, non seulement pour le peule libyen mais aussi pour ses voisins de l’Ouest ; la Tunisie et l’Algérie ainsi que les pays du Sahel, déjà fragilisés par la persistance de l’activité terroriste dans cette partie de l’Afrique, qui se verra fortifier, par l’ ouverture d’un nouveau front du terrorisme, en Libye qui, faut-il le noter, a commencé déjà à prendre pied, par l’arrivée de combattants étrangers en défaite en Syrie, précisément dans la Région d’Idlib. L’annonce de la décision du président turc de l’envoi de ses troupes militaires en Libye, qui fera l’objet de la réunion du parlement turc , ce jeudi, pour donner son accord, a accéléré la cadence des combats autour de la capitale libyenne, Tripoli, entre les troupes du Gouvernement d’union nationale présidé par Fayez Al-Sarraj et ceux du général à la retraite Khalifa Haftar, en offensive militaire, depuis avril dernier, pour le contrôle de Tripoli. Si sur la scène libyenne les combats font rage entre les belligérants, causant, chacun de son côté, des victimes libyennes : enfants, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes. Ces combats ont vite fait de faire émerger à la surface, les acteurs étrangers activant, à l’ombre sur la scène libyenne, après l’effondrement des institutions dans ce pays, suite à l’intervention étrangère de l’Otan et ses alliés, en 2011, en Libye, à la demande de la France et du Royaume-Uni des opérations militaires opérées, sous le commandement des États-Unis. Après avoir été, en effet, acteurs nourrissants, par leurs interférences respectives, les divergences entre les acteurs libyens, pour éloigner toute perspective de solution politique, à travers un dialogue inter-libyen, le peuple libyen risque d’être plongé, dans les griffes d’une guerre que mèneront des acteurs étrangers, sur le sol libyen, notamment après la décision précitée du président de la Turquie, d’apporter son soutien militaire au GNA et les réactions des soutiens de Khalifa Haftar ; la France, les Émirats arabes unis et l’Égypte, pour ne citer qu’eux.

Frappes aériennes, combats au sol et engins explosifs improvisés, principale cause de victimes civiles
Il est à noter que la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont annoncé, récemment, que « les frappes aériennes ont été la principale cause de victimes civiles, avec 182 morts et 212 blessés », suivies, poursuit la même source «  des combats au sol, des engins explosifs improvisés, des enlèvements et des homicides », indiquant qu’« au moins 284 civils ont été tués et 363 autres blessés en Libye en 2019,sans compter les victimes des récentes frappes aériennes dans la capitale Tripoli et la ville de Zaouïa, à quelque 45 km à l’ouest de Tripoli », précise la MANUL. Autre acteur pesant sur la scène internationale, pour qui le dossier libyen est une préoccupation et source d’inquiétude pour la Fédération de Russie. Pour Moscou, déclare, hier, le chef de la diplomatie russe, « les évènements de 2011 ont eu pour conséquence de transformer la Libye en l’une des principales sources de dangers et de menaces pour les pays voisins, notamment ceux du Sahel» a-t-il précisé, dans l’entretien qu’il a accordé à Spoutnik, paru hier. Il s’agit avant tout, dira-t-il, des dangers et des menaces, qui sont, cite le ministre russe, Lavrov « de l’expansion du terrorisme, de la prolifération incontrôlée des armes, du trafic de drogue et du trafic d’êtres humains ». Pour l’expert des questions stratégiques et de sécurité, Mohand Berkouk, la situation critique dans laquelle se trouve la Libye, « est marquée par la multitude d’ingérence étrangère » situation porteuse de dangers et risques majeurs non seulement sur l’ensemble de la région mais aussi sur le continent africain.
Dans un entretien paru hier, sur le quotidien el-Watan, l’expert affirme que « la sécurité de l’Afrique dépend de la résolution du conflit armé en Libye » et que « la transformation en front de terrorisme sera une source de déstabilisation de tout le continent », précisant que «la jonction entre les groupes terroristes de la Corne d’Afrique, de l’Afrique de l’Ouest, en passant par ceux du Sahel, sera catastrophique d’abord pour une dizaine de pays concernés par cette bande qui traverse le continent » a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie russe a affirmé, hier, que Moscou « prend une part active à pratiquement toutes les initiatives multilatérales destinées à parvenir au règlement de la situation en Libye » et d’annoncer que des experts russes « sont très impliqués dans la préparation du sommet de Berlin consacré à la Libye qui devrait se tenir au début de l’année 2020 » a-t-il déclaré, à Spoutnik.

Alors que les voisins de la Libye insistent sur le règlement politique, des acteurs étrangers s’activent à ouvrir un nouveau front de guerre en Libye, après la Syrie
Si, avant l’apparition du spectre d’une guerre imminente en Libye, la Tunisie renouvelait la durée de l’état d’urgence, instauré depuis 2015, suite à l’attaque terroriste ayant ciblé un bus de la garde présidentielle dans la capitale, faisant 13 morts et 16 blessés, hier, le président tunisien, Kaïs Saïed, a décidé de renouveler pour un mois, l’état d’urgence, à compter du 1er janvier, décision qui a pris, cette fois-ci, davantage les risques qu’encourt la Tunisie, par les conséquences gravissimes qu’engendrera la guerre en Libye, si celle-ci venait à éclater. Voisin fragile de la Libye, la Tunisie, partage près de 400 km de frontière avec ce pays et son armée n’étant pas très forte, des rapports d’organismes régionaux et internationaux, font état de quelques milliers de combattants tunisiens en Libye, en plus des terroristes étrangers, redéployés ou en cours de l’être, à partir de la région d’Idlib, en Syrie, pour la Libye. Quant à l’Algérie, depuis les bouleversements qu’ont connu nos voisins de l’Est, la Tunisie et la Libye, dès 2011, suivis de ceux ayant survenu sur la scène malienne, la mobilisation et le stationnement de nos forces militaires sur nos frontières avec ces pays, notamment la Libye, pour la sécurisation et de surcroît faire face à toute intrusion, dont celles des terroristes sur le sol algérien, n’a cessé d’être consolidée et adaptée selon l’évolution des évènements, chez nos voisins ; Libye, Mali et Tunisie. Situation inquiétante de la Libye, qui a été au menu de la réunion, la première depuis 2013, du Haut Conseil de sécurité, sous la présidence du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, jeudi dernier, lors de laquelle des mesures ont été prises, pour davantage de sécurisation de nos frontières, en prévision des répercussions et conséquences de la guerre en Libye, si celle-ci venait à éclater. Ayant œuvré et promu la voie de règlement politique des crises et des tensions que connaissent des pays, en insistant à l’écart de toute interférence ou intervention étrangères, l’Algérie n’a pas manqué l’occasion, dans ses rencontres bilatérales avec des acteurs étrangers et au sein de l’Union africaine (UA) et les Nations unies (ONU), le respect de l’intégrité territoriale et l’unité et la souveraineté des peuples ont été, aussi mis en avant, par l’Algérie. Le risque de voir la Libye sombrer davantage et emprunter la voix d’un avenir incertain dans la durée, avec la menace de guerre qui pèse sur ce pays et son peuple, est certes une source d’inquiétude, pour l’Algérie, pour le peuple libyen et la Libye, mais aussi pour l’ensemble de la région et le continent africain. La multiplication de schémas étrangers, notamment , par les nombreuses rencontres sur la Libye, dont celle de Paris (France) et autres, pour le règlement de la crise libyenne, alors que l’ONU avait dégagé une feuille de route, n’ont pas été pour aller sur la mise en œuvre, effective, de celle-ci en plus de la violation de la résolution onusienne sur l’embargo des armes, par des acteurs étrangers, fournissant ainsi la matière première à toute escalade militaire entre les protagonistes libyens, a compliqué, davantage, la situation déjà complexe de la Libye. Des interférences et ingérences à l’origine de davantage de fragmentation de la Libye qui, selon le professeur Mohand Berkouk, « fait qu’aujourd’hui la Libye se dirige vers beaucoup plus d’ingérences et d’attaques terroristes » averti-t-il.

Karima Bennour

Des terroristes irakiens, syriens et un marocain soupçonnés de terrorisme, interpellés en Turquie

Les autorités turques ont interpellé 147 personnes, dont des dizaines d’étrangers, soupçonnées d’appartenir au groupe terroriste autoproclamé « État islamique » (EI, Daech), a rapporté, hier l’agence de presse Anadolu. Plusieurs dizaines d’Irakiens, de Syriens et un Marocain figurent parmi les suspects interpellés dans des coups de filet menés, ces derniers jours, par les services de sécurité turcs, dans neuf provinces turques, dont Istanbul, Ankara et Bursa (nord-ouest), a précisé Anadolu. Des armes, des munitions et du matériel informatique ont été saisis aux domiciles perquisitionnés, a indiqué l’agence. À Istanbul, où 20 suspects avaient déjà été interpellés la semaine dernière, la police antiterroriste a arrêté hier, 24 personnes, dont quatre ressortissants étrangers, selon Anadolu et à Batman, dans le sud-est de la Turquie, 400 policiers ont été mobilisés. Pour des experts et observateurs de la scène turque, le président Erdogan s’enpresse à ouvrir un nouveau front de guerre en Libye, pour éviter à son pays l’afflux massif de combattant étrangers dont des terroristes, fuyant leurs défaites à Idlib en Syrie, en plus des intérêts économiques visés par Erdogan en Libye, principalement les ressources gazières, à l’est du pays, ce qui permettra, selon les calculs d’Ankara, de peser sur la scène européenne et de faire face à la Russie. L’opposition turque, faut-il le noter, a manifesté son opposition, qu’elle réaffirmera ce jeudi,  au parlement, à l’envoi des troupes militaires en Libye. Si l’année 2019 enregistre les derniers bruits de guerre en Syrie, la nouvelle année, qui débute demain, annonce de nouveaux tambours de guerre, dans une autre région, en Libye, si des acteurs persistent à nourrir les conditions d’affrontements militaires entre acteurs étrangers sur le sol libyen, après avoir mené cette guerre par procuration, via des acteurs libyens.

K. B.

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