Le premier ministre irakien a dénoncé un complot dimanche après l’incendie qui s’est déclaré sur le site où était entreposée la moitié des urnes utilisées à Bagdad lors des législatives du 12 mai, qui doivent faire l’objet d’un nouveau dépouillement à l’échelle nationale.
«La destruction des entrepôts électoraux (…) est un complot contre la nation et sa démocratie. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires et frapperons d’une main de fer tous ceux qui compromettent la sécurité de la nation et de ses citoyens», a promis Haïdar al Abadi. Selon le ministère de l’intérieur, un seul des quatre entrepôts du site a été touché.
Les urnes ont ensuite été transportées en lieu sûr, a-t-on annoncé à la télévision publique. L’incident risque de jeter une nouvelle ombre sur un scrutin dont les résultats et la validité étaient déjà contestés.
Le chef du gouvernement, dont la coalition est arrivée en troisième position, a annoncé mardi qu’une enquête avait révélé de graves violations imputées à la Commissions électorale. Le Parlement s’est prononcé le lendemain pour un nouveau dépouillement manuel de tous les bulletins. Celui de la Commission électorale a été effectué à l’aide de moyens électroniques. Ce recomptage pourrait remettre en cause la victoire de l’alliance favorable à l’imam chiite radical Moqtada al Sadr. L’un de ses conseillers a lui aussi dénoncé une manipulation. «Celui qui a brûlé le matériel électoral et le site de stockage pouvait avoir deux objectifs: entraîner l’annulation de l’élection ou détruire les bulletins provenant des bourrages d’urnes qui ont été comptabilisés», a-t-il tweeté. Salim al Djabouri, président du Parlement sortant, a quant à lui réclamé la tenue d’un nouveau scrutin. «L’incendie des entrepôts de stockage des urnes dans la région de Roussafa est un acte délibéré, un crime planifié visant à dissimuler des fraudes et des manipulations, à mentir au peuple irakien et à détourner sa volonté et ses choix», s’indigne-t-il dans un communiqué. Battu de justesse lors du scrutin, il était l’un des plus fervents partisans du nouveau dépouillement.
Le vice-président Iyad Allaoui, chef de file du bloc auquel appartient Djabouri, a également milité en ce sens.
Le site où l’incendie s’est déclaré dépend du ministère du Commerce.
La commission électorale y avait entreposé les urnes d’Al Roussafa, la moitié de la capitale qui se trouve sur la rive est du Tigre. Bagdad, province la plus peuplée du pays, compte 71 des 329 circonscriptions irakiennes.
Le Parlement a confié le nouveau dépouillement à une équipe de magistrats, qui a été formée dimanche par le Conseil judiciaire suprême.
La Commission électorale a quant à elle annoncé son intention de contester la légalité du recomptage.