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Il y a une année s’en allait le poète Badi : Icône de l’identité du peuple sahraoui

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Il y a une année disparaissait le poète de la patrie et de l’identité sahraouie, Mohamed Mustafa Mohamed Salem, qui avait consacré la moitié de sa vie à une autre forme de résistance et à entretenir, dans les cœurs des jeunes, la flamme de sa terre occupée et de son mode de vie spolié.

Connu sous le nom de « Badi », Mohamed Mustafa Mohamed Salem a vécu dans les esprits d’une jeune génération de Sahraouis exilée si loin de la patrie par sa poésie en langue hassanya souvent réprimée comme toutes formes d’expressions culturelles du Sahara occidental occupé. Badi qui a fui son foyer après l’annexion du Sahara occidental par le Maroc en 1975, a vécu la seconde moitié de sa vie dans les camps de réfugiés près de Tindouf en Algérie, où il se consacre à une autre forme de résistance, entretenir le souvenir de la patrie et du mode de vie des Sahraouis dans les esprits de ceux qui ne l’ont pas connu. Né en 1936 dans la ville d’Aousserd, Badi a appris la poésie et le chant auprès des femmes de sa région. Il a voyagé en Algérie, en Libye et en Mauritanie, et il a rejoint l’armée espagnole après une sécheresse qui l’a privé de son troupeau. Après l’annonce du départ des Espagnols, il a rejoint les rangs du Front Polisario pour la libération du peuple sahraoui. Eloigné volontairement de la poésie de la guerre, il disait vouloir « expliquer l’humanité et ce que signifie être humain » par une poésie « proche de la vérité, honnête vis-à-vis de ce que vous ressentez et fidèle à vous-même ». Dans un de ses poèmes les plus connus, intitulé « Tishuash » (le plaisir de se souvenir de choses passées), Badi recrée avec mélancolie la vie traditionnelle des Bédouins, que de nombreux Sahraouis n’ont jamais connue. Ce texte a été écrit après un voyage en 2011 avec sa fille dans la « zone libre ». Vivre dans les camps avec des ressources limitées signifie également une publication et une diffusion restreinte de sa poésie sous forme écrite au même titre que le choix de la langue d’expression très peu connue en dehors du peuple sahraoui. Mais la poésie de Badi a survécu pendant des années par l’oralité.
L’oralité c’est également une manière de déjouer la répression des autorités marocaines qui ont « harcelé des journalistes, des blogueurs, des artistes et des activistes juste pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement, et en ont condamné au moins cinq à des peines de prison », indique un rapport de l’organisation Amnesty international en 2019. Le poète œuvrait durant sa vie à préserver par ses textes les pratiques, la langue et les coutumes qui sont étrangères même à sa propre fille dans une société où la poésie est omniprésente et qui a vu l’émergence d’une « poésie socialement engagée » après les bouleversements apportés par l’annexion du Sahara occidental par le Maroc et un combat pour la libération. La poétesse Al Khadra Mabrook, dont les textes ont été diffusés et mis en musique par sa petite fille vivant en Espagne, est passée d’une poésie qui célébrait principalement la « beauté féminine », à des écrits qui lui donnaient le surnom de « poétesse du fusil », alors que le regretté Beyibouh El Haj déclarait peu avant sa mort que la poésie était « une arme pour révéler le vrai visage » de l’occupant marocain « (…) aucun missile ne peut la détruire ». Mohamed Mustafa Mohamed Salem s’est éteint à l’âge de 83 ans, laissant une œuvre témoin d’un mode de vie victime d’un effacement symbolique de la nation sahraouie et de ses repères.

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