Le drame des refugiés syriens fait-il bouger les hommes politiques en Europe, même s’il faut bien convenir que la Chancelière allemande a été depuis le début en pointe en adoptant des positions courageuses et en décidant d’ouvrir la porte à des milliers de refugiés. La France, par la voix de son chef d’état, qui tenait hier lundi sa seconde conférence de presse, va accueillir sur deux ans 24 000 réfugiés. Le président François Hollande a aussi annoncé l’imminence de vols de reconnaissance et de renseignement en prélude à des frappes contre Daech, ses bases et sa logistique en Syrie. Jusqu’à présent, cette éventualité était purement et simplement écartée. Paris limitait à l’Irak sa participation à la campagne aérienne menée contre l’EI, avec une place qualifiée par l’état-major militaire français « d’équipier » dans la Coalition militaire dirigée par les États-Unis. Même si on s’interroge sur l’efficacité de ces frappes et alors que Paris réagit aussi tardivement aux attentats téléguidés par Daech sur son sol, il faut rappeler qu’en Syrie, la France fournit des armes et parfois encadre par des conseillers aux terroristes qu’elle considère comme «modérés» d’Al Nosra. Des groupes qui sont en réalité affiliés à Al Qaïda et qui sont déjà puissamment financés et armés par les monarchies du Golfe.
L’afflux accéléré des réfugiés syriens, l’échec patent des frappes de la Coalition qui n’a pas réussi a désarticuler Daech, le faire reculer et encore moins à venir à bout de ses 5000 terroristes ou encore le renforcement annoncé d’une plus forte présence militaire russe aux côtés des forces militaires syriennes du Président Assad, ont poussé Paris mais aussi Londres a changer de position et frapper Daech en Syrie. On reste tres réservé sur l’efficacité des ces actions militaires, la France et la Grande-Bretagne se refusant à un engagement militaire au sol. Le ministère français de la Défense a opportunément démontré que la lutte contre Daech fait partie des préoccupations majeures des Français, en publiant les derniers résultats de son baromètre Ipsos des opérations extérieures : interrogés en juin, 74 % des sondés approuvaient l’opération aérienne « Chammal » en Irak. Mais jusqu’alors, Laurent Fabius et le Quai d’Orsay se sont farouchement opposés à des frappes en Syrie aux côtés des aviations américaine, britannique et canadienne. Recourir à la manière forte.
Il faut aussi rappeler que Hollande continue de s’en prendre au président légitime syrien alors qu’il est incontournable et que Washington n’exclut pas de l’inclure dans une solution politique globale. Avant que les attentats revendiqués par Daech ne frappent la France et après la conclusion de l’Accord sur le nucléaire avec L’Iran, la diplomatie française, a toujours estimé que la priorité donnée à la lutte contre Daech en Syrie «fragilisait» la perspective d’une sortie de crise en renforçant, de facto, le président syrien. Alors que la suite des événements et les frappes américano-britanniques contre les positions de l’EI en Syrie ont déjà instauré une forme de coopération implicite avec Damas. Pendant ce temps et lors de la réunion des ambassadeurs français à Paris fin août, Francois Hollande affirmait qu’il fallait «neutraliser» Bachar Al-Assad pour qu’il ne soit pas un obstacle à la négociation.
Depuis, et pour donner l’’impression d’être présent dans le jeu diplomatique au Proche-Orient , Paris met de l’eau dans son vin. Désormais pour la France, cible privilégiée des terroristes de Daech, les frappes en Syrie relèvent de la «cohérence», alors qu’en réalité elles sont dictées par la nécessité. Seront-elles pour autant efficaces ? En tous les cas selon les experts militaires, c’est depuis la Syrie que Daesh envoie les combattants armés qu’il forme, qu’il organise sa propagande et qu’il organise ses finances. Mais Paris devrait aussi agir pour que la Turquie mais aussi Israël cessent leur soutien direct ou indirect à Daech et à l’internationale terroriste barbare quel que que soit son étendard qui ensanglante la Syrie au quotidien et pousse à l’exode des millions de Syriens.
M. Bendib