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FORCES EXTRACONSTITUTIONNELLES : «Elles sont aussi larges et grandes que les réseaux d’assainissement»

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L’ex-porte-parole du RND, Seddik Chihab, qui assume publiquement son divorce avec son mentor d’il y a plusieurs années, Ahmed Ouyahia, au lendemain de l’éclatement du mouvement populaire, a remis sur table, hier, ses accusations et critiques contre ce qu’il désigne: «Les forces extraconstitutionnelles», estimant qu’elles sont toujours présentes au sein des Institutions de l’État. «Les forces extraconstitutionnelles sont toujours présentes et avec force. Elles sont partout. J’ai même dit, dans une interview, qu’elles sont aussi larges et grandes que les réseaux d’assainissement dans le pays», a répondu celui qui était perçu comme deuxième homme du RND. Ainsi, invité, par une question, hier au Forum du Courrier d’Algérie, à détailler ses propos sur cette force et son influence sur le cours des évènements dans le pays, dans un contexte de poursuites judiciaires contre des hommes politiques et d’affaires pour corruption, le député d’Alger explique : «Bien sûr, elles (forces extraconstitutionnelles : ndlr) sont toujours nuisibles », et ce «en retardant certaines décisions, en bloquant d’autres et en essayant de gagner du temps». «Il y a tellement de choses qui sont là et qui s’expriment au quotidien pour dire que le sentiment général chez le citoyen fait que rien n’a changé», a-t-il martelé. Il estime aussi que « le citoyen a le droit d’être aujourd’hui impatient parce que le processus de changement sera encore plus long que certains le pensent ». Faisant face à une vague de rejet et de contestations populaires réclamant le départ des figures du pouvoir, dont celles des partis de l’Alliance, Chihab considère que les forces extraconstitutionnelles ne se manifestent pas en terme «de figure » mais en terme «de pratique ». «Pour la plupart d’entre elles (forces extraconstitutionnelles), elles sont confinées dans des ministères, des entreprises et des Institutions de l’État. Elles sont partout. Bien sûr que les têtes et les chefs d’orchestre sont connus, mais les ramifications de ces forces sont très profondes», a-t-il analysé. «Parfois, tu te retrouves avec un agent de l’État au plus bas de l’échelle qui défende ces forces parce qu’il pense que si “X” ou “Y” part, il pourrait perdre ses privilèges », a-t-il expliqué. Celui qui a tenté de renverser Ouyahia de la direction du RND, lorsque la tête de celuici a été réclamée par la rue, en organisant une opération de destitution depuis l’extérieur de l’appareil politique, tire le parallèle entre ces forces et le phénomène de corruption qui a gangrené le pays. «On parle aujourd’hui de la corruption comme si on a inventé le fil à couper le beurre, alors que la corruption a été démocratisée bien avant la démocratisation de ce système politique (…). C’est dire, la corruption est descendue au plus bas de l’échelle avant qu’elle ne devienne une pratique. Et c’est comme ça qu’elle s’est constitutionnalisée et banalisée jusqu’au jour où elle est devenue un grand problème qui menace même la cohésion sociale», a-t-il dénoncé. Qualifiant le mouvement populaire en protestation depuis le 22 février d’un «éveil des consciences», Chihab estime que «le Hirak a libéré tout le monde, y compris la presse. Ce qui prouve qu’il y avait des forces qui s’expriment aujourd’hui dans le Hirak, elles qui avaient les mains et les pieds liés». «Le problème de notre système politique c’est qu’il a une particularité très spéciale. C’est un conglomérat de personnes qui vit en vase clos. Elles se font de l’opposition entre elles ; elles s’opposent à elles-mêmes et s’allient entre elles-mêmes. Et très souvent, ce qui se passe à l’extérieur ne les intéresse pas beaucoup, parce qu’elles ont appris l’idée, selon laquelle, le peuple ne peut plus réagir ou qu’il peut réagir par petite action. Elles ne croyaient pas réellement que le peuple allait se soulever de cette manière », a-t-il illustré ses propos.
H. M.

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