Accueil MONDE Etats-Unis : la deuxième vie d’un ancien recruteur d’Al-Qaïda

Etats-Unis : la deuxième vie d’un ancien recruteur d’Al-Qaïda

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Jesse Morton, hier apprenti djihadiste, vient d’être embauché par une université américaine pour développer des travaux sur le processus de radicalisation.
C’est l’histoire d’une rédemption. Celle d’un ancien apprenti djihadiste devenu enseignant-chercheur dans l’une des plus prestigieuses universités américaines. Jesse Curtis Morton, alias Younus Abdullah Muhammad, avait menacé de mort les scénaristes de la série humoristique South Park pour avoir, selon lui, tourné en ridicule le prophète Mahomet. Il jouait, par ailleurs, les agents recruteurs pour l’organisation terroriste Al-Qaïda. Il avait été condamné, en juin 2012, pour apologie de terrorisme… Cela ne l’a pas empêché d’être recruté, à sa sortie de prison, par l’université George-Washington.
Le directeur du programme de recherche sur l’extrémisme religieux au sein duquel Jesse Morton a été intégré en cette rentrée universitaire, Seamus Hughes, affirme que « son expérience lui permet de mieux comprendre les phénomènes de radicalisation à l’œuvre dans certaines communautés musulmanes ».
C’est d’ailleurs sur ce point que Jesse Morton doit conduire plusieurs travaux de recherche dans les mois qui viennent. L’itinéraire de cet Américain, aujourd’hui âgé de 38 ans, n’est pas sans rappeler celui de convertis recrutés par Daech : le djihadiste normand Maxime Hauchard ou les Toulousains Fabien et Jean-Michel Clain.

Un parcours de djihadiste… très classique
Né en Pennsylvanie dans une famille chrétienne, Jesse Morton est enfant de chœur dans l’église baptiste de son quartier. Mais élevé dans une famille « dysfonctionnelle », il tombe très jeune dans la délinquance et la drogue. C’est en prison, en Virginie au début des années 2000, qu’il se convertit à l’islam radical. Peu après sa sortie, en décembre 2007, il fonde, avec deux amis, convertis comme lui, Zachary Adam Chesser et Yousef Al-Khattab, le mouvement «révolution musulmane». Un collectif qui compte jusqu’à une quinzaine d’adeptes et qui ne se contente pas de promouvoir l’idéologie djihadiste du mouvement d’Oussama Ben Laden… Il loue aussi, par exemple, l’attaque du camp militaire de Fort Hood au Texas au cours de laquelle Nidal Malik Hasan a tué 13 personnes et en a blessé 30 en décembre 2009.
Repéré par les services de renseignements pour ses activités online, il est arrêté au Maroc en mai 2011. Il sera condamné en 2012 à onze ans de prison. Libéré en mai 2015 après avoir subi un programme de déradicalisation, il a depuis reconnu, dans de nombreuses vidéos publiées sur le Net, s’être fourvoyé et a exprimé des remords pour avoir soutenu le djihad armé.
Un tel recrutement n’est pas exceptionnel. La Fondation britannique Quilliam recrute régulièrement d’anciens islamistes. «Seuls d’anciens apprentis terroristes peuvent trouver les mots pour comprendre et éventuellement désarmer celles et ceux que tente un engagement djihadiste», explique Dounia Bouzar, fondatrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam.

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