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EN TENUE TRADITIONNELLE ET DRAPEAU SUR LE DOS : La femme algérienne reprend son rôle comme à l’Indépendance

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5 juillet 1962- 5 juillet 2019, le destin a voulu que ça soit un vendredi, un jour pas comme les autres, une date de l’Histoire algérienne. En effet, femmes et hommes, portant le drapeau national, ont célébré hier l’anniversaire du grand jour de l’Indépendance avec plus de détermination de continuer le combat contre le régime en place afin de construire la nouvelle Algérie telle que souhaitée par nos martyrs.
Outre les hommes qui ont investi la capitale, on a trouvé des femmes de tous les âges, portant les plus beaux habits traditionnels, avec un drapeau à la main ou sur le dos. C’est ainsi que la femme algérienne a rejoué son rôle comme à l’Indépendance, criant « liberté » et les différents slogans scandés dans le mouvement, de la robe kabyle au Hayek et autres tenues qui représentent nos us et coutumes, ces femmes ont accompagné leurs frères, maris, pères et fils dans la marche, main dans la main, avec des youyous qui fusaient de partout. Pour exprimer leur fierté d’un côté et leur accompagnement, encouragement et unité avec l’homme.
Pendant que nous marchions dans les rues d’Alger centre, nous avons croisé quelques femmes habillées traditionnellement mais cette fois par les couleurs de notre drapeau national.

«Notre mouvement va FAIRE RETOURNER nos jeunes de l’étranger»
Madame Nacera, enseignante à la retraite âgée de 65 ans, que nous avions rencontrée pas loin de la Fac centrale, habillée d’un joli Hayek, comme tenue traditionnelle, recouvrant la tête par le drapeau national, nous a parlé avec nostalgie de la célébration du 5 juillet 62. « Je me rappelle comme ce jour-là, lorsque on est sorti célébrer le 5 juillet 62, j’étais petite. Toutes les filles ont porté des tenues uniformes « des jupes et des hauts » de couleurs du drapeau ». Avant de poursuivre : « À chaque occasion je sors avec mon drapeau sur le dos car fait deux fois que je l’ai abandonné ». tout en regrettant, Mme Nacéra aborde le sujet des jeunes qui ont fui le pays dont son fils fait partie. «Je pleure pour nos enfants qui sont loin de chez eux, et de leur pays. « Je pleure mon fils aussi et les enfants de l’Algérie qui ont quitté leur pays ou qui se sont noyés dans la mer». Avant de conclure, elle nous dit : « Notre mouvement va me rendre mon fils et les enfants de l’Algérie. Je fais confiance à notre peuple, et a notre mouvement ».

«Plus besoin de nous parler, on veut du concret !»
Hakima, jeune femme de 34 ans, célibataire, venue de Tizi Ouzou, rencontrée hier à la Place Audin, en tenue traditionnelle kabyle, portant sur le dos le drapeau national. Lorsque nous nous sommes rapprochés d’elle, elle nous a parlé en toute fierté et confiance : «J’ai commencé à manifester depuis le début du mouvement populaire du 22 février. Je suis sortie à Tizi-Ouzou, sur Alger aussi. C’est la première fois que je porte la robe kabyle parce que ça représente nos origines et elle reflète mon identité. C’est une occasion pour montrer ça», affirme-t-elle. Avant d’ajouter : « Je suis sortie aujourd’hui afin de réclamer, pour la énième fois, le départ de ce système. On veut un vrai changement. Plus besoin d’entendre des discours et des paroles», revendique-t-elle.
Sarah Oubraham

FATMA OUSSEDDIK, SOCIOLOGUE ET FEMME MILITANTE:
«La société change mais le pouvoir ne veut pas prendre acte»
La femme militante et sociologue Fatma Ousseddik, témoin de la fête du 5 Juillet 62, nous a parlé hier, de la symbolique de l’Indépendance de l’Algérie qui croise le 20e vendredi du mouvement populaire. « En 62 j’étais très petite. J’avais 13 ans, mais c’est un souvenir qui est encore très vivant en moi», a-t-elle livré ses sentiments lors de la marche d’hier à Alger. «Je ne comprends pas qu’on puisse vouloir empêcher le peuple algérien de célébrer cette fête en mettant des barrages à l’entrée de la ville». « C’est une façon de les empêcher de revivre la libération et de redire la respiration avec plus de droit et de démocratie», déplore comme elle revendique notre interlocutrice.
Fatma Ousseddik a affirmé, par la suite, qu’en tant que militante, qui aspire à la citoyenneté, ce jour est une occasion «de dire qu’en 62 on a été libéré sans que les femmes n’obtiennent leurs droits pleinement.» Selon elle, « aujourd’hui c’est l’occasion de réitérer et exiger l’égalité citoyenne». La sociologue affirme qu’actuellement la société vit une accélération de l’histoire, en expliquant que «j’avais vu que la société changeait mais que le pouvoir ne voulait pas en prendre acte». Aujourd’hui, poursuit-elle, «la société s’est transformée dans sa réalité et ses changements. Maintenant tout cela est un acquis sur lequel nous devons réfléchir, travailler et militer pour avoir une société plus juste et démocratique», suggère-t-elle.
S. O.

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