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Dix ans après : Les images des inondations à Ghardaïa restent gravées dans les mémoires

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Dix ans après, les images apocalyptiques de la terrible crue de l’Oued M’zab, balayant tout sur son passage, restent à jamais gravées dans la mémoire collective de la population locale.

«La souffrance est toujours là», a confié à l’APS Ammi Hadj Bakir, qui a perdu un de ses proches et ne souhaite à aucune famille de subir une chose pareille. «Même si tout le monde doit mourir un jour, on ne pourra jamais faire oublier la date fatidique du 1er octobre 2008 et les pertes humaines causées par cette catastrophe naturelle», a-t-il souligné. La crue du 1er octobre 2008, qualifiée «d’exceptionnelle», a engendré dans la vallée du M’zab, bassin de réception des eaux de trois principaux affluents (Oued Labiod, l’Oued Laâdhira et Oued Laghrazil), ainsi que des affluents de moindre importance tels les oueds Touzouz, N’tissa, et Areghdane, des conséquences tragiques tant en pertes humaines qu’en dégâts matériels. Tôt dans la matinée du 1er octobre 2008 (jour de l’Aïd El-Fitr), des pluies torrentielles se sont abattues sur le Nord de Ghardaïa, lieux des bassins versants, déversant ainsi des millions de mètres cubes d’eaux pluviales dans l’oued M’zab. Le débit estimé par les services de l’Hydraulique a largement dépassé les 1.250 m3/s, créant une crue qualifiée de «centennale». Selon les services météorologiques de Ghardaïa, le taux de pluviométrie avait atteint en 20 minutes 60 mm, soit un taux plus élevé que le taux annuel de la région (50 mm). De Daya Ben-Dahoua en Amont en allant vers El-Atteuf en aval, lieu de l’exutoire de l’Oued M’Zab, sur une distance de près de 20 km, le torrent de l’Oued M’zab qualifié de «El-Messah» n’a cessé de grossir le long du parcours par les eaux venant de tous bords et côtés, charriant sur le passage arbres, animaux, mobilier urbain, engins et voitures, et le volume d’eau dans l’oued a atteint par endroits plus de 10 mètres de hauteur.
La vallée du M’zab était scindée en deux parties et tous les réseaux vitaux d’une région ont été endommagés (électricité, gaz, téléphone, AEP, assainissement, routes, ponts et passerelles), plongeant ainsi la vallée du M’zab dans un isolement quasi-total. Entre le lieu-dit El-Ghaba, palmeraie de Ghardaia, zone la plus touchée et El-Atteuf, les services de la Protection civile ont recensé la destruction de la digue de retenue des eaux de Touzouz, la destruction et l’effondrement de quelque 200 puits traditionnels et des milliers d’habitations, locaux commerciaux et des structures socioéducatives et culturelles ont été endommagées ou fragilisées par la déferlante des eaux fluviales débordant sur plusieurs quartiers riverains. Toutes les zones d’extension du tissu urbain des ksour de la vallée, particulièrement le long des deux rives de l’oued, ont été ravagées par la crue dont les eaux ont par endroits débordé jusqu’à plus de 200 mètres du lit mineur du fleuve, selon le bilan de la Protection civile de Ghardaia. A l’instar de la vallée du M’zab (4 communes), les autres communes telles Métlili, Berriane, Guerrara et Zelfana croulent sous les eaux respectives des oueds Métlili, Zeghrir, Ballouh, El-Kebch, Soudan et N’sa, qui ont débordé et inondé les palmeraies provoquant également la destruction de plusieurs habitations locales et autres structures d’utilité publique.

Plus de 24 000 habitations touchées et de 4 200 interventions de la protection civile
Les services de la Protection civile ont effectué 4.212 interventions, dont 736 opérations de sauvetage et 333 d’assistance médicale. Ils ont enregistré 43 décès dont 15 femmes, quatre personnes disparues et 83 blessés, selon le bilan définitif arrêté par cette institution. Les mêmes services ont également enregistré 24.073 habitations touchées par les inondations, dont 12.380 ont été classées vert-2, 5.353 orange-3, 2797 orange-4 et 3.543 rouge-5. Le bilan indique aussi que dix salles de soins, quatre polycliniques, une unité hospitalière de santé ,113 établissements scolaires et 347 locaux commerciaux ont été affectés par les inondations.
De son côté, le secteur de l’agriculture a enregistré 2.750 exploitations agricoles endommagées, 23.363 arbres fruitiers et 11.812 palmiers détruits, 471 hectares de cultures annuelles dévastées, 104.477 mètres linéaires de Seguias et 999 puits envasés, 477 équipements de puits détruits et près d’un millier de têtes de cheptel (toutes espèces confondues) emportées par les eaux. Devant l’ampleur des dégâts causés par «le déluge», la région composée de neuf communes (Daya Ben Dahoua, Ghardaia, Bounoura, El-Atteuf, Métlili, Seb-Seb, Zelfana, Guerrara et Berriane) a été classée zone sinistrée et un plan d’action mis en place par les pouvoirs publics civils, sous la conduite du directeur général de la Protection civile, qui s’était rendu sur les lieux de la catastrophe dans le but de gérer les opérations de sauvetage des vies humaines et alléger les souffrances des habitants en détresse. Près de 2.000 éléments de la Protection civile et de l’Armée nationale populaire (ANP), dotés d’équipement appropriés, ont été dépêchés sur les lieux pour venir en aide aux sinistrés et effacer les stigmates de cette calamité naturelle devenue désormais qu’un souvenir mémorisé par quelques images-chocs de la catastrophe, telle que celle véhiculée par des vidéos montrant l’effondrement des habitations et la puissance des crues de l’oued M’Zab. Depuis ce qui est qualifié de «Tsunami fluvial», les pouvoirs publics ont consacré un budget colossal à la reconstruction des zones détruites et la prise en charge des sinistrés. Plus de 40 milliards DA ont été dégagés pour effacer les traces de la catastrophe et éviter une réédition de ce phénomène naturel par la reconstruction des infrastructures fragilisées par les inondations et l’élimination des sources et causes des crues cycliques de Oued M’zab, en créant des ouvrages de protection (digues, diguettes, calibrage de l’oued) et l’élimination de toute construction dans le lit de l’Oued. Au total 1.273 sinistrés logés temporairement dans des chalets mis en place au lendemain de cette catastrophe naturelle, ont rejoint définitivement des logements en dur de type F3 et 3.000 familles sinistrées ont également bénéficié d’une aide à l’habitat rural, indiquent les services de la direction de logement.
Quelque 85 ouvrages d’art ont été également réalisés sur les routes de la wilaya de Ghardaïa pour éliminer des «points noirs» inondables et les interruptions du trafic routier durant les crues cycliques des oueds, selon le directeur des travaux publics. Pour de nombreux observateurs, les dégâts importants causés par les inondations dans la région de Ghardaia sont dus à une urbanisation anarchique. «La nature n’hésite pas à reprendre ses droits, et les constructions sur les rives et dans le lit de l’oued sont autant d’atteintes à la nature», a tenu à rappeler M. Missoum, ingénieur hydraulicien. De nombreuses personnes approchées par l’APS au sujet de la crue de l’oued M’Zab vécue par les habitants de Ghardaia le 1er octobre 2008, ont estimé que les points noirs à l’origine de ces inondations n’ont pas été tous résolus, particulièrement les différents obstacles existants dans le lit de l’oued M’Zab tels les rejets des détritus et gravats. «Il est temps de tirer les leçons de ce drame en respectant le cours naturel de l’oued-M’zab, afin d’éviter toute catastrophe», estime Ammi Salah, un habitant de la région, rappelant à ce propos une règle ancestrale léguée par les aïeux: «Respectez l’oued et il vous respectera».

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