Le président bolivien Evo Morales a annoncé, dimanche, sa démission après trois semaines de vives protestations contre sa réélection à un quatrième mandat, l’armée, la police et l’opposition réclamant son départ.
« Je renonce à mon poste de président », a déclaré à la télévision le désormais ex-président de Bolivie, âgé de 60 ans, au terme d’une journée marquée, hier, par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que des démissions en série de ministres et députés. «Le coup d’État a eu lieu », a ajouté, à ses côtés, le vice-président Alvaro Garcia Linera, qui a aussi démissionné. Peu avant, le commandant en chef de l’armée, le général Williams Kaliman, avait demandé au chef de l’État de « renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie ».«Nous nous joignons à l’appel du peuple bolivien de suggérer à monsieur le président Evo Morales de présenter sa démission pour pacifier le peuple de Bolivie », avait également annoncé le commandant général de la police, le général Vladimir Yuri Calderon. Accompagné par la foule, Luis Fernando Camacho, dirigeant le plus visible et radical de l’opposition, s’était rendu au siège du gouvernement à La Paz pour y remettre symboliquement une lettre de démission à signer par Evo Morales, ainsi qu’un exemplaire de la Bible. La crise politique s’était accélérée brutalement dimanche dernier, dans le pays, où une grève générale et manifestations paralysent l’activité en Bolivie, depuis une dizaine de jours, dans un climat de violence et d’affrontements entre les deux camps. Depuis le début de la contestation, il y a trois semaines, les affrontements ont fait trois morts et 383 blessés. L’annonce dans la matinée par le président d’un nouveau scrutin – une option qu’il rejetait jusque-là – visait à « pacifier la Bolivie » » mais n’a pas réussi à apporter le calme, ce qui a amené l’armée a ordonné « des opérations militaires aériennes et terrestres pour neutraliser les groupes armés qui agissent en dehors de la loi », a indiqué le général Kaliman, en référence à des attaques violentes contre des bus de manifestants de l’opposition qui se rendaient à La Paz. Visé par des manifestants qui ont incendié sa maison à Potosi (sud-ouest), le président de l’Assemblée nationale, Victor Borda, a démissionné, imité selon la télévision bolivienne par une dizaine de députés. Peu après, le ministre des Mines, César Navarro, a également renoncé à son poste, disant vouloir « préserver (sa) famille » après l’incendie de sa maison et l’agression de son neveu.« Le cours des événements va à l’encontre de mes principes personnels, ainsi que de mes valeurs spirituelles et démocratiques », a aussi écrit le ministre des Hydrocarbures, Luis Alberto Sanchez, dans sa lettre de démission publiée sur Twitter. Durant la journée d’hier, plusieurs dirigeants de l’opposition avaient exhorté le chef de l’État à démissionner aussi. Par ailleurs, Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a fait part dimanche, de sa profonde inquiétude face à la situation en Bolivie où plusieurs semaines de troubles ont débouché sur la démission du président Evo Morales. Ce dernier, dont la réélection le 20 octobre a provoqué plusieurs semaines de manifestations sur fond d’allégations de fraude, a annoncé dimanche sa démission après que l’armée a exigé son départ. Le chef de l’ONU a exprimé sa préoccupation, appelant les Boliviens à s’abstenir de toute violence, à réduire la tension et à faire preuve d’un maximum de retenue, a déclaré, dans un communiqué, son porte-parole, Stéphane Dujarric. M.Guterres a appelé tous les acteurs concernés à respecter le droit international, surtout les principes liés aux droits de l’Homme fondamentaux, selon le communiqué. Le secrétaire général les a également invité à déployer des efforts pour parvenir à un règlement pacifique de la crise en cours et au déroulement d’un nouveau scrutin transparent et crédible.
R.I/Agences