Un hommage appuyé est rendu, depuis une semaine, par la presse et par un large aréopage d’intellectuels et de personnalités diverses à la grande romancière algérienne et militante des libertés que fut la défunte Assia Djebbar, qui sera inhumée ce vendredi dans son Cherchell natal.
Son parcours d’écrivain, de cinéaste et d’historienne, doublé d’un engagement jamais démenti en faveur de l’émancipation de la femme était évoqué dans les titres de la presse internationale, qui ont évoqué en particulier son statut de « grande personnalité » du Maghreb, souvent distinguée pour ses œuvres. En Algérie, les réseaux sociaux se sont emballés à l’annonce de la nouvelle tandis que les principaux journaux ont salué la mémoire de « l’icône », de « la grande plume » et de « l’intellectuelle à l’itinéraire exemplaire et résolument engagée pour les meilleures causes », à travers de nombreux articles, entretiens et réactions d’hommes de lettres.
La linguiste Khaoula Taleb Ibrahimi et la cinéaste Fatma Zohra Zaamoum, pour ne citer que celles-là, ont salué la mémoire de celle qui avait « marqué toutes les étapes de leur maturité de citoyenne et d’Algérienne », considérant Assia Djebar comme une « pionnière », en cinéma comme en littérature, tout en regrettant au passage que « son œuvre et son exemple soient si peu exploités ». Zhor Ounissi, l’ancienne ministre qui a bien connu Assia Djebar, préfère la gratifier du titre d' »école de la littérature féminine ».Plusieurs autres personnalités du monde des arts et des lettres, à l’instar de Habib Sayah, Djilali Khellas ou encore Amine Zaoui ont qualifié sa disparition de « grande perte pour la littérature universelle », saluant les qualités humaines et intellectuelles d' »une femme élégante, une grande personnalité à l’œuvre abondante et entièrement à l’écoute des siens ».
Les politiques s’inclinent devant le talent de la romancière
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a salué la mémoire de celle qui avait, écrit-il, « effleuré, avec sa plume, le summum de l’art et de la littérature auxquels elle a rendu gracieusement leurs lettres de noblesse ». Pour le chef de l’Etat, Assia Djebar « a reflété avec grâce et éloquence l’image de son pays, l’Algérie, confirmant ses talents d’artiste tout au long d’un parcours caractérisé par un effort de réflexion créatrice dont les contours ont été tracés par une plume des plus fines ». Dans un communiqué, la Présidence française a, elle aussi, rendu un vibrant hommage à « la femme de conviction aux identités multiples et fertiles… », qui avait été décorée de l’Ordre des arts et des lettres et de la Légion d’honneur de la République française. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) Mohamed Abdelaziz n’était pas en reste et a salué, en plus du talent de la regrettée Assia Djebar, « la solidarité chaleureuse » et « l’appui constant » de la défunte à la cause du peuple sahraoui. La ministre de la Culture, Nadia Labidi, avait pour sa part déploré la perte de l’un « des monuments culturels algériens et une de ses personnalités littéraires algériennes majeures », alors que la Secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louiza Hanoune a vu dans la célèbre romancière disparue un « exemple ».
Première personnalité du Maghreb à avoir été élue à l’Académie Française en 2005, Assia Djebar avait d’abord été la première algérienne, première musulmane et première africaine à entrer à l’Ecole normale supérieure en 1955, en plus d’avoir été une pionnière de la littérature féminine avec la parution en 1957 de son premier roman « La Soif ».
Née le 30 juin 1936, Assia Djebar, Fatma Zohra Imalhayène de son vrai nom, est considérée comme un des auteurs les plus célèbres et les plus influentes du Maghreb et du monde francophone. Également cinéaste et auteure de théâtre, elle laisse derrière elle une œuvre riche et variée pour laquelle elle a reçu pas moins d’une dizaine de distinctions littéraires et cinématographiques internationales.