Si cet article proposé dans l’avant-projet de la Constitution de la nouvelle République est adopté, l’ANP pourrait, à l’avenir, envoyer des troupes à l’étranger pour des missions militaires ou de maintien de la paix. C’est l’une des propositions émises dans l’avant-projet de révision de la Constitution, dévoilé jeudi 7 mai, par la présidence de la République. Cet amendement introduit pour la première fois dans la Constitution algérienne permettra, s’il venait à être approuvé, de mettre fin à la doctrine non-interventionniste de l’Armée algérienne hors de ses frontières. Cette disposition constituera un changement radical de la politique militaire algérienne qui aura un fort impact géopolitique dans la région. Mais aussi et surtout un atout important pour la diplomatie algérienne dans la gestion des conflits régionaux et internationaux. Même si et pour tempérer d’ores et déjà les débats sur ce sujet, on voit mal l’ANP intervenir dans des conflits loin de nos frontières et de notre profondeur stratégique. Il ne s’agira pas, en effet, dans l’esprit du comité de révision de la constitution de pousser l’ANP à des interventions tout azimut en contrepartie d’on ne sait quelle dividende, comme ce fut le cas pour certaines armées arabes au Yémen. C’est pourquoi cet article de l’avant-projet de révision de la Constitution, qui est soumis à discussion et éventuellement à modification, l’« article 95 (anciennement 91) dispose que parmi les pouvoirs du président de la République, la décision d’envoyer des unités de l’armée à l’étranger après vote de la majorité du parlement par les deux tiers de ses membres », suscitera sans nul doute de grands débats. Pour ce qui est d’une proposition de la « constitutionnalisation de la participation de l’Algérie à des opérations de restauration de la paix dans la région, dans le cadre d’accords bilatéraux avec les pays concernés » et « de la participation de l’Algérie à des opérations de maintien de la paix sous mandat de l’ONU ». C’est pourquoi, il faut bien le relever, la proposition de la « constitutionnalisation de la participation de l’Algérie à la restauration de la paix dans la région dans le cadre d’accords bilatéraux de pays concernés», fera certainement débat au sein de la société. Un point sensible et il faut rappeler qu’engager dans deux guerres contre l’entité sioniste au sein d’une large coalition arabe en 1967 et 1976, l’armée algérienne n’a à aucun moment réédité d’expérience.
« L’alibi » du Comité d’Experts
De fait, l’amendement proposé par le Comité d’experts n’est pas à proprement parler une surprise dans la mesure où le débat était dans l’air depuis l’aggravation de la situation au Sahel, et surtout avec les graves risques de déstabilisation qui menacent sérieusement notre pays avec la situation en Lybie, des interventions militaires ouvertes et l’arrivée massive de mercenaires et de groupes de terroristes. La proposition d’amendement précise que l’intervention de l’ANP sera strictement encadrée et devra répondre à une procédure stricte avec des contrôles législatifs serrés. En effet, la nouvelle Constitution préconise que pareille décision ne saurait être prise par le chef de l’État seul. Ce dernier est mis dans l’obligation d’avoir l’accord de la majorité des 2/3 des deux chambres du Parlement réunies. D’où le débat qui va s’instaurer, au regard de l’environnement géopolitique de notre pays avec le Mali, la Libye et le Niger, la menace terroriste qui risque de s’étendre, même si on voit mal l’ANP intervenir aux cotés des armées d’anciennes puissances coloniales qui veulent faire du continent africain leur chasse gardée. C’est pourquoi il était indispensable que l’Algérie se donne les moyens constitutionnels pour agir dans l’intérêt des Algériens prioritairement. L’Algérie pourra jouer pleinement son rôle d’exportateur de paix et jouera son rôle de stabilisateur de la sous-région dans toutes ses dimensions.
M. Bendib