Les architectes de la wilaya de Constantine sont en colère. La cause de cette irritation est en rapport avec leur exclusion de tous les projets structurants retenus par les autorités locales et centrales pour préparer l’évènement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». En effet, des architectes locaux affiliés au Conseil de l’ordre des architectes de la wilaya de Constantine (CLOA), n’ont pas mâché leurs mots pour critiquer la démarche entreprise pour cette importante manifestation. Pour ces architectes , les projets ont été conçus dans la précipitation et lancés sans aucun plan ni aucune logique urbanistique, seulement dans l’urgence d’être au rendez-vous de l’événement. Selon ces professionnels, chaque projet aurait dû passer par un jury pluridisciplinaire où les avis et les indications données par les architectes et les urbanistes doivent être pris en compte. Mais là n’est pas le cas, est-il encore indiqué car à titre d’exemple le pôle culturel qui devrait se faire à proximité de l’aéroport international Mohamed Boudiaf, mais qui n’a de pôle que le nom parce qu’il se résume à une salle d’exposition. Sur le même registre le projet du musée des arts qui a été choisi dans un endroit, Bab-El-Kantara, qui est une zone surchargée où l’on a été obligé de démolir pour installer le projet alors que tout le monde connaît les problèmes de l’accessibilité et de la circulation automobile à ce niveau là. Les architectes ont relevé que cet état de fait a été imposé par la ministre de la Culture qui a décidé du lieu d’implantation de ce projet dans un site qui défie toute logique urbanistique. La réalisation en cours de l’hôtel Mariotte 5 étoile est considéré aussi comme une aberration puisqu’il donne une vue sur un bidonville, et son accès empiète sur la ligne du tramway. Et on imagine quand il y aura des visites présidentielles, on sera obligé d’arrêter la marche du tramway, de fermer l’accès à l’université et de paralyser tout l’axe , uniquement pour ouvrir l’accès à l’hôtel ce qui revient à dire que le site est mal choisi pour édifier une telle infrastructure. En tout état de cause les architectes ont été unanimes à dénoncer les irrégularités graves commises par les maîtres d’ouvrage des projets. En ce qui concerne les honoraires des architectes, il est aussi indiqué que par rapport aux architectes étrangers, les locaux sont les moins lotis et il existe un non-respect des honoraires des architectes, bien que les honoraires soient définis par un arrêté interministériel. En tout état de cause, les architectes ont vidé leurs sacs, reste que la question de la marginalisation de l’architecte algérien est toujours posée et pourquoi on fait appel tout azimut à des architectes étrangers ?
Mâalem Abdelyakine