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COMMÉMORATION DU 20 AOÛT 1955 ET 1956 : La dimension historique du Congrès de la Soummam dans l’organisation de la lutte de libération nationale 

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À la veille de la commémoration du 20 août 1955 qui marquera l’intensification de la lutte de libération nationale, l’historien Mohammed El Corso estime que le Congrès de la Soummam a « balisé le chemin » menant à la restauration de la souveraineté nationale.

Il souligne également la  dimension « unificatrice,  voulue, selon lui,  par  les organisateurs de cette rencontre  historique. » « Le Congrès de la Soummam, pierre angulaire de l’édifice de l’Algérie combattante, a balisé le chemin menant à la restauration de la souveraineté nationale et indiqué la marche à suivre pour une Algérie future », a en outre déclare El-Korso, à la veille de la commémoration du 64éme anniversaire de cet événement, tenu le 20 août 1956. À ce propos, l’historien estime que l’une des victoires majeures de ce congrès consistait en « l’intelligence stratégique du Front de libération nationale (FLN) qui s’est imposé comme front de combat puis comme seul interlocuteur valable malgré les résistances, les diversions et les manœuvres internes et externes ».
Il a affirmé, à ce propos, que l’enjeu pour le tandem Abane Ramdane-Larbi Ben M’Hidi était: avoir « une seule Révolution et une seule voix (….) ».
Et d’ajouter que la victoire du Congrès a été « de facto » celle de Abane, dont « le leitmotiv a été l’unité dans le combat, laquelle passait par l’élargissement et l’ouverture de la base militante et combattante du FLN à toutes les forces nationales anticolonialistes.Les communautés chrétiennes et juives étaient, elles aussi, sollicitées pour apporter leurs concours à la lutte libératrice.
Outre l’aspect unificateur, l’historien cite d’autres paramètres nécessaires, selon lui, pour « une bonne et saine compréhension de l’esprit du Congrès de la Soummam et de l’après-Soummam ».Il a affirmé, à ce sujet, que le déclenchement de la Révolution a été « un formidable coup de génie de la part de ses concepteurs ». « Les combats que le peuple algérien a livrés contre le colonialisme sont de véritables cours de stratégie militaire », a-t-il encore estimé.
Le tout, poursuit-il, nécessitant, néanmoins, « une mise en œuvre conséquente, rationnelle et objective des ambitions à la mesure des défis et des dangers ». La proclamation du 1er Novembre 1954, véritable déclaration de guerre au nom du peuple algérien contre la France coloniale, ne pouvait, à elle seule, servir ni de feuille de route ni de charte pour la Révolution annoncée. Les historiens sont unanimes pour dire que pendant plusieurs mois aucune direction sûre et reconnue par tous les chefs de zones, capable de les réunir pour faire le point n’a émergé », explique-t-il encore. M.El-Korso a souligné, par ailleurs, que « Abane va porter un regard critique, neuf, lucide sur les conditions du déclenchement de la Révolution ».
Énumérant les qualités de l’un des principaux architectes de la Soummam, il a souligné que « Abane était incisif, tranchant, d’un caractère irréductible » et qu’il s’était opposé à « l’individualisme, à l’esprit clanique et au leadership naissant de certains responsables politiques ou militaires, de l’intérieur comme de l’extérieur ».
Il a rappelé, dans ce cadre, les propos tenus par Abane à Ferhat Abbas lorsqu’il lui avait dit: « le FLN n’appartient à personne, mais au peuple qui se bat. L’équipe qui a déclenché la Révolution n’a acquis sur celui-ci aucun droit de propriété. Si la Révolution n’est pas l’œuvre de tous, elle apportera inévitablement ». Abordant la notion de « nation », mise en exergue autant dans la Plate-forme de la Soummam que dans la Déclaration du 1er Novembre, l’historien précise qu’elle « ne date pas de 1954 », au même titre que la dimension maghrébine, les deux ayant été « défendues » par le FLN puis le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA).
M.El-Korso a rappelé, enfin, qu »‘un impératif s’impose, et nous ne cesserons jamais de le répéter, il n’y a pas d’histoire sans sources, sans archives surtout ».
M. B.

OFFENSIVE DU NORD CONSTANTINOIS
Témoignage sur le 20 août 1955

Événement charnière, entre le coup de semonce (Novembre 1954) de la lutte armée pour la libération du pays une année auparavant dans les Aurès et le cimentage de l’acte fondateur de l’État algérien une année après en Kabylie (Congrès de la Soummam 1956), l’offensive du Nord-constantinois, un 20 août 1955, est sans conteste le coup d’éclat majeur et sans précédent qui vit l’entrée sur la scène de l’Histoire les opérations des fidaï popularisant à jamais la glorieuse Révolution algérienne. Orchestrées sous l’impulsion de Zighoud Youcef, commandant de la Wilaya II historique après la mort de Didouche Mourad le 18 janvier 1955, les opérations menées dans la région de Constantine-Skikda-Guelma, représentent « une date phare dans l’Histoire de la Révolution pour la libération du pays, » se souvient encore Mohamed-Salah Lakher, 88 ans, membre des premiers groupes de choc de fidaï et militant actif de l’organisation du FLN à Constantine sous la houlette du chahid Messaoud Boudjeriou. L’esprit toujours alerte, 65 ans après ces évènements, ce bientôt nonagénaire qui a entamé son parcours militant en 1949 à l’âge de 17 ans au sein des Scouts musulmans algériens (SMA) est revenu, dans un témoignage recueilli par l’APS à son domicile, dans la commune de Aïn-Smara (Constantine), à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire du soulèvement du nord-constantinois, sur ces attaques « savamment préparées et pilotées par le chahid Zighoud Youcef et les réunions préalablement organisées pour fixer les objectifs à atteindre le jour J. » Pour ce qui est de  L’acheminement des explosifs à travers une organisation bien rodée, M. Lakher a soutenu qu’à l’issue de la première réunion tenue à Boussatour, dans la commune de Sidi-Mezghiche (Skikda), à laquelle ont participé 150 moudjahidine et responsables, « des contacts avaient été effectués par la suite à l’intérieur de la ville de Constantine pour ramener des armes et recueillir des informations sur les lieux à cibler. » « La seconde réunion de préparation des attaques du 20 août 1955, réunissant près de 19 membres de l’organisation de Constantine, s’est tenue la veille sur les hauteurs de Djebel Ouahch en présence de Zighoud Youcef, » a ajouté ce militant du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et membre de l’Organisation secrète (OS) qu’il a rejoint en février 1949. Plongé dans ses pensées, il poursuit : « le 19 août, nous avons reçu l’ordre de nous rendre à Djebel Ouahch en direction de Kef Lekhal et d’y amener les armes en notre possession à bord de trois véhicules, avant de poursuivre à pied vers la mechta Hamaida chez la famille Boudersa, lieu de la rencontre. » « Après la venue de Zighoud Youcef, les militants de Constantine, rassemblés dans trois maisons, ont été appelés un à un pour prêter serment en sa présence et en présence de Messaoud Boudjeriou, le responsable régional, avant de répartir les actions à mener et les confier à plusieurs groupes, » a-t-il précisé. Une dizaine de groupes, composés de fidayine de Constantine, de djounoud (soldats) de l’Armée de libération nationale (ALN) et de moussebiline ont été ainsi chargés d’attaquer, le samedi à midi précisément, plusieurs objectifs distincts à El-Kantara, rue Bienfait (actuellement Kitouni Abdelamalek), rue Thiers (actuellement Tatache Belkacem), rue de France (actuellement rue du 19 juin 1965), rue Caraman et Belle Vue, conformément à des ‘’opérations bien ficelées et synchronisées’’. Ces attaques visaient, entre autres, des bars-restaurants, l’hôtel des Gorges où résidait un colonel de l’armée coloniale française, des locaux de la police, des établissements économiques, le kiosque à essence ESSO et le cinéma ABC (actuellement Anouar). À la tête du sixième groupe, celui des bombes artisanales, Mohamed-Salah Lakher a été chargé, de son côté, de mener une attaque contre un bar situé à la rue de France (actuellement rue du 19 juin 1965) faisant, selon lui, plusieurs morts et des blessés. « Nous étions environ une cinquantaine de moudjahidine et de fidayine à participer ce jour-là aux attaques, le 20 août 1955 à Constantine, se remémore-t-il encore, déplorant toutefois la mort du militant MTLD, Tahar Belabed, encerclé et assassiné dans une ruelle de la vieille ville de Constantine le 23 août 1955. Mohamed-Salah Lakher, qui avait également rejoint le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) en juin 1954 et le FLN en novembre de la même année, a été arrêté par les forces coloniales le 28 novembre 1955 en compagnie de 16 autres fidayine engagés dans la lutte armée urbaine et des actions commando à Constantine. Cette arrestation est intervenue, se rappelle-t-il, suite à la capture d’un ancien fidaï, blessé les armes à la main et qui a dû divulguer sous la torture les noms des « Trois Si » de l’organisation de Constantine, à savoir Si Ali, Si Mostefa et Si Salah (respectivement Amor Zaâmouche dit Ali, Mostefa Aouati et Mohamed-Salah Lakher). Et d’ajouter : « De nombreux compagnons de lutte ont écopé de peines allant de la condamnation à mort à la perpétuité ainsi que des travaux forcés, tandis que 24 autres membres de l’organisation ont été condamnés à mort et à perpétuité par contumace, » assurant avoir été, pour sa part, condamné à 15 ans de travaux forcés. Ce militant de la première heure a également rappelé que plusieurs actions avaient été orchestrées dans l’antique Cirta avant l’offensive du 20 août 1955, notamment l’attentat à la bombe le 30 avril 1955 contre le Casino, situé à la Place des Martyrs (ex-Place Lamoricière), qui constitua les prémices de la « bataille de Constantine. »
M. B.

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