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Cinéma : Le festival de Deauville célèbre ses légendes

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Le 46e Festival du cinéma américain qui s’est ouvert, le vendredi 4 septembre, continue à attirer foule. Cet événement dont la clôture aura lieu le 12 se déroule sans aucune présence américaine, les stars d’Hollywood et des autres centres de cinéma américain, n’ayant pas pu faire le voyage du fait du confinement. Ce sont des pontes du septième art français qui les remplacent, dont Vanessa Paradis, présidente du jury.

L’ouverture du 46e Festival du cinéma américain s’est faite avec beaucoup moins de strass et de paillettes, mais dans la bonne humeur en dépit de la pandémie de coronavirus qui a fermé trois mois durant les salles et empêché les réalisateurs et comédiens américains de traverser l’océan pour défendre leurs œuvres sur les planches de la station balnéaire normande.
«Cette édition 2020 est unique. Très peu de talents américains seront avec nous mais leurs récits vont nous faire voyager et découvrir les États-Unis autrement», rappelait en préambule de la soirée la journaliste et animatrice de France 24, Genie Godula. Pour respecter les gestes barrières, la capacité des salles de projections de la ville a été diminuée de 30%. Le traditionnel dîner de gala a réduit la voilure passant de plus de 500 couverts à une centaine. À l’intérieur du palais des Congrès de Deauville, le CID, les bornes de gel hydroalcoolique nombreuses ne demandaient qu’à être utilisées. Sur le tapis rouge, les stars d’Hollywood ont été remplacées par les artistes, auteurs et producteurs du septième art français. Pierre Lescure et Thierry Frémaux représentaient le Festival de Cannes, dont Deauville accueille neuf films.
La pénurie de vedettes outre-Atlantique n’a pas empêché une centaine de curieux de s’approcher des barrières entourant le tapis rouge pour apercevoir la présidente du jury, la chanteuse et comédienne Vanessa Paradis, dans une aérienne robe rose, et ses jurés la rabbin Delphine Horvilleur, Vincent Lacoste ou Zita Hanrot. Mais aussi l’équipe du drame A Good Man avec la comédienne Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu), Jonas Ben Ahmad et la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar. Très discipliné, chaque invité s’est juste brièvement séparé de son masque pour poser devant les photographes avant de le remettre pour pénétrer dans le CID, en respectant la distance de sécurité.
Ce 46e Festival du cinéma américain s’est ouvert sur l’hommage poignant de Michael Douglas à son père Kirk Douglas, décédé en février. Covid oblige, la star de Basic Instinct a enregistré son interview en vidéo. Chez lui mais en costume et cravate. «L’hommage que vous rendez à mon père est la commémoration que je n’ai pu lui organiser à cause de la pandémie et du confinement. Papa est parti au bon moment, juste avant l’arrivée de ce virus», a salué ému Michael Douglas qui a rappelé l’enfance très pauvre du héros de Spartacus, né d’émigrants biélorusses illettrés. L’émotion s’est poursuivie avec un solo de piano exécuté par Steve Nieve qui a repris quelques mélodies du compositeur Ennio Morricone, lui aussi décédé cette année.
Minari, le film d’ouverture de ce 46e Festival du cinéma américain, semble être un candidat sérieux à son grand prix. Dans cette chronique autobiographique, le réalisateur Lee Isaac Chung se remémore l’installation de ses parents, immigrés coréens, dans l’Arkansas des années 80. Le rêve américain est vu au travers des yeux du polisson David. Le petit garçon joue des tours pendables à sa grand-mère apprend à apprivoiser les habitants et regarde son père s’épuiser à bâtir la ferme de ses rêves.
Le premier week-end du Festival du cinéma américain de Deauville a été placé sous le signe du cinéma de genre, avec horreur et science-fiction. Trois films de la sélection du Festival de Cannes, que Deauville accueille cette année, ont secoué les spectateurs pour des raisons bien différentes : Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma, Peninsula de Yeon Sang Ho et Last Words de Jonathan Nossiter ont fait réfléchir sur le monde actuel par le biais de divertissements à suspense.
Le film Teddy dans lequel Anthony Bajon se métamorphose après avoir été mordu par un loup a conquis le public. Ce jeune homme un brin paumé, qui gagne sa vie en faisant des massages dans un institut de beauté, se transforme en bête velue pour cette histoire bouleversante qui tient à la fois du Loup-garou de Londres (1981) et du cinéma de Bruno Dumont.
Peninsula, est l’un des films les plus attendus du festival. C’est la suite du film de zombies coréen Dernier train pour Busan (2016). Plein de morts-vivants toujours plus rapides et affamés, ce film mêle mercenaires, cargaison de billets de banques et poursuites automobiles. Nettement moins gore, Last Words explique comment les rescapés d’une catastrophe écologique qui a dévasté la terre réinventent le cinéma pour essayer de laisser une trace ultime de leur existence. Comme Teddy et Peninsula, il parle avant tout de l’espèce humaine confrontée à sa fragilité.
Charlotte Rampling, Nick Nolte et Stellan Skarsgård sont particulièrement bouleversants dans cette fable qui a de bonne chance de séduire le jury par son inventivité. Last Words, qui sortira le 21 octobre prochain, prouve que le cinéma américain ne se résume pas aux blockbusters. Ça fait du bien.
A.E.T. avec agences

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