Accueil Spor Chlef : la violence en milieu scolaire en débat

Chlef : la violence en milieu scolaire en débat

0

Le collège Larbi-Tébessi de Chettia a organisé mardi dernier une journée d’information et de sensibilisation sur la violence en milieu scolaire. Les services de sécurité (gendarmerie et police) la Protection civile, la direction des affaires religieuses, le Croissant-Rouge algérien, l’association « Club El Bahdja » et des représentants de la société civile ou de parents d’élèves ont pris part à ce rendez-vous où chacun est intervenu pour parler du problème de la violence au sein des établissements scolaires. Ces interventions ont été entrecoupées par des scènes théâtrales qui mettent en exergue le phénomène de la violence. Selon les organisateurs, le choix d’un collège pour abriter ce genre de rencontre n’est pas fortuit car c’est le palier du moyen qui est le plus touché par le phénomène sans nul doute du fait de l’âge des élèves. A ce sujet, une sociologue qui participe à cette rencontre dira « l’adolescence est le temps où se posent les problèmes de l’identité du sujet, du rapport à son propre corps, à son nom, à sa place au sein de la famille et à la différence des sexes. Période active de construction identitaire, c’est le temps du « Qui suis-je ? » et du « Qui devrais-je être ? » Les adolescents remettent alors en question les rapports préétablis et s’engagent dans une reconstruction sociale de négociations, leurs déviations s’avérant moins des dysfonctionnements que des ajustements ou des repérage ». Toutefois, d’autres intervenants ont expliqué que « la violence la plus importante en milieu scolaire n’est pas forcément celle que l’on croit. S’il existe véritablement un problème de violence dans les établissements scolaires, il ne correspond pas au stéréotype de la délinquance des jeunes. En se référant aux médias, on a le sentiment que les agressions avec violence sont en recrudescence dans les écoles. Or, ce qui fait le plus de victimes au quotidien, tant chez les professeurs que chez les élèves, relève le plus souvent d’ « actes de violence mineurs ».Il est vrai que la plupart du temps, lorsqu’on évoque le phénomène de la violence scolaire, il nous vient à l’esprit l’image d’un élève agressant son professeur. Le lien se fait presque automatiquement entre violence des jeunes et délinquance juvénile. Or, les agressions physiques ne constituent qu’un très faible pourcentage des violences commises dans l’enceinte des écoles. Ce qui cause bien plus de tort, tant aux élèves qu’aux professeurs, ce sont les actes de vandalisme, les insultes, les rumeurs malveillantes, l’absentéisme, les moqueries, … Ces faits « mineurs » sont souvent source d’angoisse pour la personne qui en est victime. Et s’ils sont répétés régulièrement, cela peut avoir des conséquences désastreuses sur le moral d’un individu, mais aussi sur la vie de l’école car ils augmentent le sentiment d’insécurité et favorisent un climat négatif. Un autre orateur abordera le sujet en indiquant que « la violence en milieu scolaire se déploie selon différents axes : des élèves vers les professeurs, entre les élèves eux-mêmes, entres les professeurs, mais également de l’institution scolaire vers les élèves. Ce qui blesse le plus les professeurs, ce n’est pas tant les coups que l’indiscipline, l’absentéisme et le bruit dans la classe. Car ceux-ci sont perçus par les enseignants comme un véritable manque d’intérêt pour leurs cours et remet en cause leur façon de travailler. Il arrive également que l’agressivité provienne des membres de l’équipe éducative eux-mêmes. C’est le cas, par exemple, des rumeurs malveillantes qui circulent sur un professeur et qui ne sont pas toujours répandues par les élèves ». Autre cas de violence relevé en milieu scolaire, celui qui se manifeste entre les élèves eux-mêmes et par des insultes, des moqueries, de l’exclusion, des menaces ou encore des rumeurs. Perceptible, cette violence peut aussi être combattue, notamment par la mise en place d’un lieu d’écoute et d’échange, qui offre à chacun la possibilité de s’exprimer sur ce qu’il vit en toute confiance. Enfin, un dernier intervenant a mis l’accent sur un autre genre de violence, celle dite symbolique. Celle-ci est généralement produite de façon inconsciente. Il s’agit, en effet, de l’ensemble des règles et des normes fixées par l’administration pour que les élèves entrent dans le jeu scolaire : arriver à l’heure, être attentif, participer aux activités de l’école, rendre ses travaux à temps, réussir ses examens, ne pas garder sa casquette en classe, etc. Pour certains jeunes, ces normes sont parfois difficiles à respecter et ils les ressentent comme une véritable violence. Les réponses qu’ils leur opposent (indiscipline, absentéisme) sont elles aussi perçues par les professeurs comme des actes de violence. De toute évidence cette rencontre aura le mérite de débattre du malaise grandissant au sein des écoles tant au niveau des enseignants qu’à celui des élèves. Ce malaise consiste, faut-il le souligner, en un manque de confiance réciproque. Les jeunes refusent de parler, d’exprimer leurs craintes et leurs angoisses aux enseignants comme aux parents. Devant la violence scolaire, ils se taisent, comme s’il existait une solidarité entre eux contre l’adulte, avec assimilation à de la « délation » le fait de se confier à lui. Mais en même temps, il y a un appel qui se manifeste tant chez le jeune qui passe à l’acte que chez celui qui le subit en silence. Les faits mettent d’ailleurs en évidence qu’il s’agit fréquemment des mêmes adolescents qui commettent et supportent tour à tour la plupart des exactions. Ces violences se situent alors dans un contexte de communication, même si celle-ci s’avère déviée.
Bencherki Otsmane

Article précédentLa Corée du Nord est une « menace contre le monde », selon john Kerry
Article suivantLaghouat : un chantier ouvert à une multitude de projets structurants