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Cherchell : Quand le relief devient une contrainte pour le développement

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Réputée pour ses paysages féeriques, la ville côtière de Cherchell peine à concrétiser la foultitude de projets dont elle a bénéficiés vu sa configuration géographique enchanteresse, mais accidentée. La commune se caractérise par une nature d’une beauté idyllique, mais qui, paradoxalement, « empêche » d’abriter des projets faute d’assiettes pouvant les accueillir. Belle ville de la wilaya de Tipasa, l’antique Césarée est située dans une région montagneuse au couvert végétal luxuriant, plongeant en pleine mer, où la quête d’un foncier constructible est rendu encore plus difficile par une multitude de biens culturels protégés, de sites archéologiques et de terres agricoles.
« Ces facteurs naturels et historiques constituent un véritable casse-tête pour les autorités locales, qui peinent à trouver des assiettes pour l’implantation de projets de développement et d’équipements publics », a indiqué le P/APC, Moussa Djamel, qui déplore le « gel » de nombreux projets, faute justement de foncier. Il a, néanmoins, estimé que la ville pourrait s’élargir vers son côté-Ouest où un nouveau pole urbain est en réalisation, entre la ferme Habbouche et la ville de Sidi Ghilès. Mais, cette opulente nature « hypothèque » le sort de nombreux projets d’importance pour la commune de Cherchell dont ceux d’une station de voyageurs, ou d’un nouveau marché de proximité et dont la solution réside, selon le wali, Moussa Ghelaï, dans la création d’un pôle urbain à Bakoura, notamment au regard de la croissance démographique enregistrée dans la localité. L’attachement profond des Cherchellois à leur ville constitue une autre « entrave » au développement de ce périmètre urbain, dont le centre est sujet à un trafic automobile monstre. En effet, de nombreux citoyens de Cherchell se sont, à maintes fois, opposés à l’implantation de projets d’équipements publics en dehors de leur périmètre urbain. Le projet de la cité « El Maham », réalisée à quelque 5 km de la sortie-Ouest de la ville de Cherchell, en est la meilleure illustration.
La cité demeure, à ce jour, un « dortoir par excellence » en l’absence d’une quelconque activité commerciale qui devrait être générée par les locaux et le marché de proximité réalisés en son sein, mais qui demeurent toujours inexploités car ne trouvant pas preneur.
Pour remédier à cette situation, l’Assemblée populaire communale (APC) de Cherchell a adopté des mesures visant l’animation de cette « cité-dortoir », à l’instar de la réalisation programmée d’un stade de proximité doté d’une pelouse synthétique, parallèlement à la « distribution prochaine de locaux commerciaux, au marché de proximité », selon Moussa Djamel. Cherchell compte de nombreux autres projets « en suspens » dont un complexe culturel, et des programmes de logements, à l’instar de celui de 1 000 logements location-vente, 140 logements socio participatifs et une centaine d’autres publics locatifs, auxquels s’ajoutent deux projets de sièges de commune et de daïra.

Cherchell, une cité « assiégée » de toutes parts
La croissance démographique aidant (70 000 âmes), les besoins de la population vont crescendo dans cette cité où les rues sont « assiégées » par un trafic automobile asphyxiant, aggravé par la présence, sur les trottoirs, d’une multitude de vendeurs anarchiques, en plus d’un marché de fruits et légumes situé en plein centre-ville, qui ne fait qu’accroître cette cacophonie ambiante.
« Impossible pour une ambulance de se frayer un chemin en cas d’accident », relève Mohamed. H, un habitant du centre-ville, incombant cet état de fait à l’exode rural, durant la décennie noire, à l’anarchie urbaine et à l’absence d’un plan de circulation pour la ville.
Une situation dont l’origine est à chercher surtout, selon ce même citoyen, dans la « politique d’impunité » vis-à-vis des constructions anarchiques qui ont fini par défigurer le paysage urbain de Cherchell, réputée auparavant pour être une belle cité. Un avis non partagé par le P/APC, qui, lui, a invoqué les « séquelles » des séismes ayant frappé la ville durant les années 80 et 90 du siècle dernier, sinistres qui, selon lui, « ont contraint les responsables à travailler dans l’urgence ».
Pour désengorger le trafic routier, l’Edile a estimé qu’une route qui longerait le littoral en partant du centre-ville jusqu’à la sortie-Ouest de Cherchell pourrait constituer un « début de solution ». Lors d’une réunion tenue à l’issue d’une visite de travail effectuée dernièrement à travers la daïra de Cherchell, le wali de Tipasa, Moussa Ghelaï, avait reconnu l’existence de ces contraintes, qui entravent la dynamique de développement dans cette ville.
La nature « spécifique » de la localité représente un véritable défi pour les autorités locales, qui peinent à trouver des assiettes pour l’implantation d’équipements publics, a-t-il concédé.
Observant que la ville est « cernée » de toutes parts par la mer, des biens culturels, des terres agricoles et sylvestres, le wali a proposé, lors de l’inspection de projets à la cité Bakoura, située à environ 8 km de l’entrée-Est de la ville de Cherchell, la transformation de cette cité en un « pôle urbain » en y intégrant des projets ne trouvant pas d’assiettes pour leur implantation.
« Les terres agricoles à haut rendement sont une ligne rouge à ne pas dépasser, car constituant l’avenir de la sécurité alimentaire », avait-il insisté auprès de nombreux citoyens et élus locaux.
Il a, néanmoins, invité les responsables du secteur agricole à appliquer la Loi « en proposant des alternatives en cas de refus d’implantation d’un projet sur une terre agricole ».

Une dotation globale de 14 milliards de DA
En dépit de toutes ces contraintes entravant la concrétisation de nouveaux projets, Cherchell (comptant 37 agglomérations rurales) a été destinatrice d’une dotation publique globale de 14 milliards de DA, au titre de différents programmes de développement, couvrant divers secteurs.
Avec une dotation de 4 milliards de DA, la voie d’évitement expresse Tipasa-Cherchell-Sidi Ghilès-Hadjret Ennos est considérée parmi les plus importants de ces projets, parallèlement à celui prévoyant l’extension du port de pêche. La mobilisation de 3,2 milliards de DA avait servi à porter sa capacité à 132 embarcations, contre 51 précédemment, avec à la clé un relèvement de la production piscicole de 3 000 à 7 000 tonnes/an.

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