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«C’EST BIEN D’AUGMENTER LES SALAIRES, MAIS IL FAUT METTRE EN PLACE UNE STRATÉGIE GLOBALE DE LA SANTE» : Pr Khiati analyse les dernières mesures du gouvernement

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Dimanche dernier, le Premier ministre, Bedoui, a décliné de nouvelles mesures prises par le gouvernement en faveur de l’amélioration de la couverture sanitaire dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux. Elles prévoient notamment la revalorisation, par deux et demi (150%), du salaire des praticiens spécialistes de la santé publique exerçant dans les wilayas de ces régions, en plus de la généralisation de la prime du service civil.
Toutefois, ces nouvelles mesures incitatives ne «vont rien résoudre» au problème du manque criard en couverture sanitaire dans ces régions, a jugé hier, Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), estimant que le gouvernement manque encore «d’une stratégie claire pour la santé». «C’est une bonne mesure, mais le problème n’est pas uniquement un problème d’augmentation de salaires. C’est un problème d’absence de vision globale de la santé. Qu’est-ce qu’on veut pour les gens du Sud et pour les gens des Haut Plateaux ? Le problème est là; quel type de santé veut-on pour ces gens-là?», a analysé, hier au «Courrier d’Algérie», le Professeur Khiati.
«Il faut revoir la politique sanitaire dans le pays. Qu’est-ce qu’on veut? C’est-à-dire définir nos objectifs : Est-ce qu’on veut assurer seulement les soins de santé primaire et les soins de santé secondaire? Est-ce qu’on veut faire de la médecine de haut niveau? C’est ici que se situe la problématique parce que chaque réponse à ses suites», a encore soutenu Khiati. Selon le président de la FOREM, les augmentations de salaires et autres primes pour les praticiens de ces deux régions du pays, comme promis par le Premier ministre, n’apporteraient pas des résultats probants face à des conditions de travail dégradées et l’absence de matériel nécessaire. Et pour cause, «un spécialiste en cardiologie ou en autre spécialité pointue peut accepter d’aller exercer dans le Sud, si le gouvernement lui offre un bon salaire, mais un cardiologue ou un autre ne pourra rien faire là-bas si on ne lui apporte pas les équipements nécessaires», a illustré Khiati.
Pour donner de l’attractivité à la santé publique dans ces régions, Khiati préconise l’élaboration d’une «véritable stratégie» de déploiement sanitaire. «Il faut une véritable stratégie. On peut s’appuyer pour élaborer cette stratégie sur les données de l’ENS. L’ENS nous dit qu’il faut garantir neuf spécialités de base, chose que le ministère de la Santé n’a pas comprise. Il faut d’abord définir les priorités et faire de sorte à couvrir ces neuf spécialités à ce qu’elles soient présentes partout avec leurs moyens dans le Sud et les Hauts Plateaux. Et c’est à ce moment qu’on pourra envoyer des praticiens de santé. Les spécialités pointues, on ne les envoie pas là-bas parce que, premièrement, elles vont nous coûter très chères et surtout elles vont générer une dépense de santé très élevée avec des résultats médiocres parce que l’environnement d’exercice ne permet pas d’aboutir à des résultats de qualité», a plaidé Khiati.
Enfin, le président de la FOREM a déploré la non implication et consultation de sa fondation par le ministère de la Santé, estimant «qu’en continuant à prendre des décisions unilatérales, concernant un grand secteur comme la Santé, on n’ira pas très loin». Il faut souligner que la mesure d’augmenter les salaires des praticiens exerçant au Sud et dans les H. P. intervient après une augmentation qui a été déjà approuvée par le passé par le gouvernement en faveur de ces mêmes régions. Se basant sur le paramètre de l’éloignement de la capitale, ces augmentations varieraient entre 150 % (Tamanrasset) et 120% (Laghouat).
Hamid Mecheri

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