Dans le cadre du dispositif « Blanche Algérie », qui permet de garder plus ou moins le visage d »une ville propre, les services sociaux font appel de plus en plus à des personnes handicapées. Il s’agit en fait d’un travail de désherbage des accotements des routes, de l’entretien des espaces verts, de nettoyage des plages ou de quartiers, de plantation d’arbres, bref tout ce qui peut rendre une vie agréable dans les centres urbains.
Il faut noter que ces personnes vulnérables souvent marginalisées par la société trouvent rarement un travail approprié à leur handicap en dépit d’une législation qui fait obligation à chaque entreprise ayant un effectif de 20 personnes et plus de consacrer 10% aux handicapés. Dans la wilaya de Chlef on a recensé plus de 16.000 handicapés, dont seulement 800 sont pris en charge par l’Etat à travers les centres spécialisés. Ainsi, pour assurer un revenu à une partie de cette frange de la population, les services sociaux font état de recrutement, au cours de l’année passée, d’une centaine de sourds-muets au niveau du chef- lieu de wilaya dans160 chantiers répartis à travers les 35 communes (un chantier comprend 8 à 10 personnes).
Ce programme 2014 a permis de faire travailler 1280 personnes handicapées. Pour cette année 2015, la direction de l’action sociale de Chlef prévoit cinq chantiers comprenant 40 personnes souffrant de légers troubles psychiques. Il faut rappeler que chaque travailleur perçoit un salaire mensuel de 18.000 DA en sus de sa couverture sociale. Quant à l’habillement professionnel et le matériel nécessaire à la mission de ces équipes, qui, faut-il le souligner, peuvent acquérir une expérience à même de leur permettre de créer ultérieurement leurs propres entreprises, ils sont pris en charge par la DAS.
Toutes les opérations de Blanche Algérie sont encadrées par les services techniques communaux et les subdivisions des trois directions concernées : la direction des ressources en eau, des travaux publics et celle de l’environnement.Toutefois, malgré cette prise en charge par les pouvoirs publics de cette frange de la population, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire, car souvent le grand public et les décideurs n’ont pas conscience du grand nombre de personnes qui vivent avec des incapacités et des handicaps, ni des problèmes auxquels elles doivent faire face. Aujourd’hui, faut-il le reconnaître, très peu d’handicapés travaillent dans les entreprises ou dans les administrations. Quelquefois des enfants atteignent l’âge adulte dans des centres sans aucune perspective d’avenir. Au centre des enfants assistés de Ténès, nous avons rencontré des personnes qui ont grandi dans ce centre (quelques-uns ont dépassé la quarantaine). Leur souhait le plus cher: fonder un foyer et une famille. Leur «handicap» quant à lui se situe au niveau du logement et du travail.
Bencherki Otsmane