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Bahreïn : Législatives sans opposition

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Les Bahreïnis ont voté samedi lors d’élections législatives sans surprise majeure attendue dans le petit royaume du Golfe où les représentants de l’opposition ne sont pas autorisés à se présenter. Un nombre record de 330 candidats parmi lesquels 73 femmes se sont disputé, les 40 sièges de la chambre basse du Parlement, qui conseille le roi Hamad ben Issa al-Khalifa, au pouvoir depuis la mort de son père en 1999.

L’absence de représentants des deux principaux groupes de l’opposition, Al-Wefaq (chiite) et Waad (laïc), interdits par le pouvoir en 2016 et 2017, a suscité toutefois des appels au boycott. « Ces élections n’apporteront aucun changement », a affirmé à l’AFP Ali Abdulemam, un militant des droits humains bahreïni, basé au Royaume-Uni. « Sans opposition nous n’aurons pas un pays sain », a-t-il ajouté. Les bureaux de vote pour les près de 350 000 électeurs recensés ont fermé vers 20H00 (17H00 GMT). Les électeurs ont afflué « dès les premières heures », a affirmé Amina Issa, responsable d’un bureau de vote à Manama. Selon les autorités, le taux de participation a été de 73%, « le plus important dans l’histoire du royaume ». Les sites internet du Parlement et de l’agence de presse officielle ont été victimes vendredi d’une opération de piratage, mais ont été rétablis samedi, ainsi que le site officiel des élections, inaccessible jusqu’à 09H30 (0630 GMT). Le ministère de l’Intérieur a fustigé sur Twitter une action visant à « entraver les élections et faire circuler des messages négatifs dans des tentatives désespérées » de décourager les électeurs de voter. Allié clé des Etats-Unis dans la région, Bahreïn a été secoué par des troubles en 2011, lorsque les forces de sécurité ont réprimé des protestations menées notamment par des partis chiites réclamant une monarchie constitutionnelle. La famille régnante est issue de la communauté sunnite. Depuis, de nombreux dissidents ont été emprisonnés et des centaines ont été déchus de leur nationalité. Le scrutin a été organisé dans un « environnement de répression politique », a dénoncé Amnesty International. « Aujourd’hui, à Bahreïn, il n’y a pas de véritable opposition politique », a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe de l’ONG. Le royaume de seulement 1,4 million d’habitants dit ne tolérer « aucune discrimination, persécution ou division basée sur l’ethnie, la culture ou la croyance ». Manama, qui accueille la cinquième flotte américaine, avec environ 7.800 militaires déployés dans le pays, et une base britannique, accuse régulièrement l’Iran chiite d’être derrière les troubles dans le royaume, ce que Téhéran nie.

isolement politique
En 2018, le pays a adopté des lois dites d’isolement politique et civil interdisant aux anciens membres des partis d’opposition non seulement de se présenter au Parlement, mais aussi de siéger aux conseils d’administration d’organisations civiles. Depuis, entre 6 000 et 11 000 citoyens ont été visés par ces lois, de manière rétroactive, a estimé l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié en octobre. Pour l’organisation de défense des droits humains, ces élections « offrent peu d’espoir de résultats plus équitables qu’en 2018 ». Le scrutin survient quelques jours après une visite du pape François, consacrée au dialogue interreligieux, sa deuxième dans un pays du Golfe après les Émirats arabes unis 2019. Sans pointer du doigt certains pays, le souverain pontife a insisté au cours de sa visite sur le respect des droits humains, affirmant qu’il était essentiel qu’ils ne soient « pas violés mais promus ». Bahreïn est un archipel composé d’une grande île et 34 autres plus petites, situé entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Avec une superficie d’à peine 700 kilomètres carrés, le plus petit pays du Moyen-Orient, qui a normalisé ses relations avec Israël en 2020, est un allié stratégique de l’Occident. Fortement dépendant du pétrole, le pays a bénéficié en 2018 d’un plan d’aide de 10 milliards de dollars (8,6 milliards d’euros) de ses principaux alliés du Golfe.

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