Après l’entrée à Damas, samedi soir, des groupes armés dirigés par Hayat Tahrir Echam, ex-Front Al-Nosra, organisation classée terroriste par l’ONU, et après le départ du président, Bachar al-Assad qui a quitté la Syrie et décidé de démissionner de son poste de président, les interrogations marquées par l’inquiétude se multiplient concernant l’avenir de ce pays et celui de toute la région.
Les questions qui se posent se résument en une seule : y aura-t-il un processus politique pacifique et serein qui préserverait l’État syrien et ses institutions ou le chaos comme en Libye ? Hier, plusieurs scènes montraient des actes de vol et de pillage qui ont touché des institutions à Damas, notamment la Banque centrale, et des destructions de matériel et d’équipements de service. Selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, en partant, Bachar al-Assad a ordonné un transfert pacifique du pouvoir. Hier, dans une déclaration, le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés en Syrie a estimé qu’« une nouvelle page s’écrit aujourd’hui dans l’histoire de la Syrie, inaugurant un pacte national et une charte qui unissent la parole des Syriens, les unissent et ne les divisent pas, afin de construire une patrie unique où prévalent la justice et l’égalité et dans laquelle chacun jouit de tous les droits et devoirs, loin d’une opinion unique, et la citoyenneté. Le ministère affirme que ses missions diplomatiques à l’étranger maintiendront leur engagement à servir tous leurs concitoyens et à gérer leurs affaires, sur la base de la confiance qu’ils portent dans la représentation de la Syrie. De son côté, le Premier ministre syrien, Muhammad al-Jalali, s’est déclaré prêt à coopérer avec tout leader choisi par le peuple, appelant à la préservation des institutions étatiques qui « appartiennent à tous ». L’agence Reuters a cité la coalition de l’opposition syrienne qui a fait savoir que les travaux se poursuivraient « pour achever le transfert du pouvoir à un organe directeur de transition doté des pleins pouvoirs exécutifs ». Dans l’immédiat, c’est à l’entité sioniste que profite la situation de désordre en Syrie. Les médias sionistes ont fait savoir que leur armée est entrée dans le Golan syrien à plusieurs kilomètres de l’ancienne frontière. Samedi, avant la chute de Damas aux mains des groupes terroristes, Netanyahou estimait que la situation en Syrie offrait de «nouvelles opportunités très importantes» pour l’entité sioniste. Il a dit avoir ordonné à l’armée sioniste de s’emparer de la zone tampon du Golan et de ses sites adjacents. Hier, l’agence Reuters a rapporté, citant des sources de sécurité, que l’entité sioniste a mené des attaques aériennes ciblant le quartier de Mezzeh dans la capitale, et une base aérienne dans le sud de la Syrie. Les pays concernés par le devenir de la Syrie redoutent que le pays finisse par tomber, sous une forme ou une autre, entre les mains des groupes extrémistes, comme l’a dit expressément la ministre allemande des Affaires étrangères. Des observateurs notent que sous l’effet des ingérences extérieures, la situation en Syrie risque de conduire à répéter le cauchemar de la Libye, de l’Afghanistan et de l’Irak. L’émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, estime que la participation de Hay’at Tahrir al-Sham, qui figure sur la liste des terroristes, à la phase de transition en Syrie, constitue un défi. La résolution 2254 du Conseil de sécurité à laquelle il est fait référence dans les commentaires sur la situation en Syrie, évoque le Front el-Nosra comme groupe terroriste. Fait significatif, les observateurs relèvent que le président américain élu, Donald Trump, a rencontré samedi les présidents ukrainien et français en France et que Zelensky a déclaré après la réunion : « Nous voulons tous que cette guerre (avec la Russie) se termine le plus rapidement possible et de manière juste ». Pour Donald Trump, le président syrien Bachar al-Assad « a fui son pays » après avoir perdu le soutien de son allié, la Russie.
M’hamed Rebah
ELLE SUIT AVEC GRANDE ATTENTION LA SITUATION
L’Algérie appelle toutes les composantes du peuple syrien au dialogue
L’Algérie suit avec une grande attention les développements récents et les changements rapides qui se produisent en République arabe syrienne, et appelle toutes les parties syriennes à l’unité, à la paix et à œuvrer pour préserver la sécurité, la stabilité, l’unité et l’intégrité de son territoire, a indiqué, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien en réaction à la situation en Syrie. L’Algérie réaffirme son soutien au peuple syrien frère, qui entretient avec le peuple algérien des pages lumineuses d’une histoire commune fondée sur la solidarité et l’entraide, a ajouté la même source. Elle appelle également au dialogue entre les différentes composantes du peuple syrien, en privilégiant les intérêts supérieurs de la Syrie sœur, en préservant les biens et les ressources du pays et en orientant l’avenir vers la construction d’une nation inclusive, avec des institutions issues de la volonté du peuple syrien, loin de toute ingérence étrangère, a conclu le ministère.
R. N.