Alors que plusieurs parties ont prédit un essoufflement du mouvement de contestation des médecins résidents, qui dure depuis 8 mois, ce dernier semble prendre un «nouveau souffle» et s’«envenime» davantage. En effet, au moment où les inscriptions à l’examen du diplôme d’études médicales spécialisées (DEMS) pour l’ensemble des médecins résidents ont débuté, hier, à travers les différentes facultés du pays, ces derniers affichent une volonté d’aller jusqu’au bout en boycottant le dit examen, malgré les répercussions dangereuses sur la cartographie sanitaire. Autrement, le boycott est synonyme de « désertification médicale ». En ce sens, à travers plusieurs communiqués de presse, diffusés par les candidats au dit examen, ces derniers ont décidé de boycotter cette session de rattrapage prévue du 1er au 19 juillet prochain. Les spécialités qui ont déjà rendus leur verdict sont l’orthopédie-traumatologie et la chirurgie pédiatrique, en attendant les assemblées générale des autres Demsistes. D’ailleurs, en guise de solidarité avec les candidats, qui sont menacés de suspension par le département de Tahar Hadjar, plusieurs rassemblements des résidents en sciences médicales ont été organisés, hier, dans les villes hospitalo-universitaires. Les résidents en dernière année considèrent le boycott de cette troisième session du DEMS « une nécessité » et une question de dignité. Notons que le boycott de l’examen signifie que le ministère de la Santé n’aura pas une nouvelle promotion de médecins spécialistes à placer dans les CHU dans le cadre du service civil, tandis qu’il ne peut réquisitionner les spécialistes qui ont terminé ce service au delà de trois mois. Autrement, un déficit de praticiens spécialistes est à craindre. Les ministères de la Santé et de la Recherche scientifique devront trouver des solutions urgentes, pour éviter des « déserts médicaux ». Par le passé, le boycott massif des deux sessions du DEMS a constitué une carte à forte pression sur le ministère de la Santé et le ministère de l’Enseignement supérieur. Le mouvement des médecins résidents devenait de plus en plus puissant.
Rassemblement au CHU BEO
Également, l’autre signe que le mouvement de contestation renait, après la fissure de la semaine dernière causée par la question de la reprise des gardes, est le rassemblement des résidents au CHU Lamine Debaghine en solidarité aux résidents exclus depuis le début de la grève. Ainsi, le mouvement de solidarité et de contestation s’est élargi après l’annonce du Collectif autonome des médecins résidents (Camra) de la décision arbitraire de la part de l’administration de licencier plusieurs médecins résidents. En effet, le Camra qui évoque le licenciement de plus de 800 médecins résidents à travers le territoire national depuis le début du débrayage, dont une trentaine au CHU de Bab El-Oued, a appelé à un rassemblement au niveau du CHU Lamine Debaghine. Rappelons que la semaine dernière a été marquée par une fissure dans le mouvement de contestation, qui a atteint un seuil d’épuisement et de confusion. Et pour cause, la question de reprise des gardes, dans le but de relancer les négociations avec la tutelle n’a pas fait l’unanimité parmi la base. Après le communiqué émanant du bureau national du Camra, annonçant la reprise de l’activité de garde, plusieurs bureaux régionaux du Camra ont exprimé leur refus, à l’instar des wilayas de Constantine et de Blida. Sur ce, le bureau national a dû faire marche arrière et a décidé de continuer jusqu’au bout dans sa démarche.
Lamia Boufassa