Accueil ACTUALITÉ Bancarisation des capitaux informels : un bilan mitigé

Bancarisation des capitaux informels : un bilan mitigé

0

Un peu plus d’un mois après son lancement, l’opération de mise en conformité fiscale volontaire (MCFV), ou « amnistie», comme la nomment les spécialistes, commence-t-elle d’ores et déjà, à apporter ses fruits ? La question se pose avec acuité, essentiellement, après la polémique enclenchée par ce dispositif. Vraisemblablement, selon des banquiers interrogés par l’APS, la dite opération contribue, doucement mais sûrement, à attirer l’argent « légitime » circulant dans l’informel vers le circuit bancaire. Toutefois, le début reste timide, en attendant une amélioration durant les mois à venir.

Ainsi, selon les dires du président de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar, repris par l’APS, « le dispositif a commencé à enregistré les premières opérations de placement au niveau de plusieurs banques, c’est un début prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme ». En chiffres, Djebbar, également P-DG de la BADR (Banque de l’Agriculture et du Développement Rural), a confié que « les sommes placées différent d’une banque à une autre ». « Il y a des placements de 10 millions de DA, de 40 millions de DA, de 60 millions, voire de 200 millions de Da », a-t-il précisé. Néanmoins, il dira qu’il ne faut guère « se focaliser sur les montants à l’heure actuelle, nous sommes tout à fait au début, il nous reste presque un an et demi pour arriver à la date limite de l’opération, je pense que nous avons le temps qu’il faut pour atteindre les objectifs escomptés ».
Il faut dire que le non-recouvrement des 1300 milliards de dinars d’argent liquide circulant dans l’informel posera un sérieux problème aux décideurs, particulièrement, avec la chute drastique des prix du pétrole. Par ailleurs, les autorités ont du pain sur la planche pour atteindre les objectifs tracés. En effet, le même responsable a cité une série de mesures qui seront prises afin d’intégrer tout cet argent. Ainsi, il citera comme exemple, la BADR qui veut « profiter de son grand réseau national qui compte plus de 300 agences, pour « essayer de collecter le maximum d’argent ». Des équipes de cette banque publique doivent ainsi « se déplacer sur le terrain, se rapprocher des citoyens pour les sensibiliser et les convaincre de déposer leur argent au niveau des banques », a-t-il recommandé.

Un bilan timide pour la DIDF
Quant au directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia, il remettra la réticence au dos des vacances. Il a déclaré, à cet égard, « l’opération a débuté durant le mois d’août. On ne peut pas parler d’engouement en ce qui concerne nos services, par contre certains sont venus solliciter des informations pour voir comment ça se passe et toutes les explications leur ont été données ». Tout en souhaitant que la communication joue un rôle pour gagner la confiance des citoyens.
Aussi, pour le directeur de l’informatique et de la documentation fiscale (DIDF) au sein de l’administration fiscale, Yahia Oukssal le bilan d’un mois d’exécution de la MCFV est un peu timide par rapport à ce qui était escompté. Les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l’argent déposé, ou que l’administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité… ils se donnent donc une période d’observation », a-t-il reconnu.

Le CPA exprime son satisfecit
Pour sa part, le P-DG du CPA (Crédit Populaire d’Algérie) Omar Boudieb a assuré que le dispositif « fonctionnait comme il se doit » et que la banque qu’il dirige à déjà enregistré des placements pour un montant global « assez consistant ».
«Au niveau du Cpa nous avons enregistré des opérations pour un montant assez consistant et nous avons également eu des promesses de placements. Nous escomptons réaliser des montants considérables d’ici un ou deux mois », a-t-il avancé. Il a fait savoir que la banque a déjà collecté « près de 300 millions de DA dans le cadre de la MCFV en plus de promesses de placement pour 2 milliards de DA ». En plus, les gens « viennent régulièrement s’informer sur le dispositif, sur les avantages qui leur seront accordés », a-t-il ajouté. Il y a peu de temps, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa a déclaré que l’Algérie avait besoin de ses ressources internes qu’elle veut intégrer dans le circuit bancaire. « Nous mobilisons les ressources de la Nation avec toutes les garanties juridiques et techniques, nous ne les mobilisons pas pour les stocker mais pour les utiliser dans la croissance économique », a-t-il soutenu. Le ministre veut voir dans cette opération un apport supplémentaire pour la trésorerie publique, arguant que la bancarisation de l’argent de l’informel aura pour conséquence l’élargissement de l’assiette fiscale, donc une baisse d’impôt au profit de l’investissement. Au jour d’aujourd’hui, la fiscalité pétrolière reste soutenable. La fiscalité ordinaire devrait rapporter quelque 2700 milliards de DA en 2016.
Lamia Boufassa

Article précédentVieux bâti : le parc immobilier de la capitale au scanner
Article suivantL’Indonésie va redevenir membre à part entière de l’Opep : quel impact sur les prix ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.