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63e anniversaire du congrès de la Soummam : La commémoration d’une date historique dans un contexte particulier

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Le 63e anniversaire de la tenue du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956, est célébré cette année dans un contexte assez particulier. Le pays marque en effet, depuis le 22 février 2019, la naissance du Mouvement populaire pacifique à travers ses 48 wilayas, pour le changement du système politique en place, lequel n’a pas manqué de marquer à sa façon et manière, les dates et les évènements phares de l’histoire du peuple algérien.

Et, aujourd’hui, la commémoration du 20 août 1956 coïncide, notamment, avec le 26e mardi de la mobilisation des étudiants, par la marche qu’ils organisent, depuis le 22 février dernier.
Après, le 19 mars, date du cessez-le-feu, le 19 Mai, journée nationale de l’étudiant qui marque l’engagement de la jeunesse algérienne dans la guerre de libération nationale, puis le 5 juillet, fête de l’indépendance, c’est au tour, en effet, de la date mémorable du 20 août 1956, qui a vu la tenue du Congrès de la Soummam, qui sera célébrée par le mouvement populaire pacifique, aujourd’hui, par la mobilisation des étudiants, et sans nul doute, vendredi prochain, lors du 27e vendredi de la mobilisation, comme ce fut le cas pour les dates précitées.
Les manifestants ne manqueront pas sans nul doute, de brandir des banderoles et affiches, en hommage aux principaux dirigeants de la révolution, organisateurs du congrès et à travers eux aux martyrs de la Révolution de Novembre 1954 qui a conduit à l’indépendance du pays et mis un terme à la colonisation française en Algérie, laquelle faut-il le rappeler était une colonisation de peuplement. Pour se remémorer cet événement déterminant sur le cours de la révolution, ou un groupe d’hommes a décidé de braver l’ennemi et s’était rencontré à Ifri Ouzeleguene, une commune de la wilaya de Béjaïa, pour adopter une charte et doter la révolution de structures, pour que celle-ci puisse poursuivre son élan pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixée, peu d’années avant le 20 août 1956, dans la déclaration du 1er Novembre, libérer le pays et son peuple du joug colonial français, il convient donc de revenir sur ses différentes étapes et surtout l’objectif de ce Congrès.

Comment et pourquoi a eu lieu le congrès de la Soummam
Le Congrès de la Soummam qui est venu en réponse à un besoin organisationnel qui s’est exprimé deux ans après le déclenchement de la guerre de libération, est l’acte majeur structurant de la révolution algérienne. Il s’est tenu pour organiser la révolution, lui donner une assise nationale et révolutionnaire et lui assurer une présence sur le plan international. Le congrès avait doté la révolution d’organes de délibération et d’organisation, le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et le Comité de coordination et d’exécution (CCE). À l’époque, les dirigeants historiques du FLN avaient ressenti le besoin de coordonner et de structurer la révolution qui souffrait d’absence d’une plate-forme politique cohérente et de l’autonomie des zones. La tenue du congrès était prévue à la base à la Kalâa des Aït Abbès symbole de la résistance à l’occupation française lors de l’insurrection de 1871 menée par El Mokrani et El Haddad. Le 2 août 1956, à la nuit tombée un groupe composé de la délégation de la Zone IV Ouamrane, SaddekDhilès accompagnés de Krim Belkacem, Saïd Mohammedi et d’autres maquisards s’apprêtent à traverser Oued Sahel. Vers 22 heures, un accrochage a eu lieu avec une patrouille de goumiers à Tassift Imoussiwen entre Chorfa et Tazmalt. Mohammedi Saïd était le seul à monter sur une mule. Aux premiers coups de feu, il est tombé par terre. Son compagnon était blessé à la cuisse. Lorsque le groupe a été accroché, Abderrahmane Mira s’est jeté derrière un tronc d’arbre et a riposté avec son Colt, Krim Belkacem a également riposté avec son révolver qui font fuir les goumiers. Effrayée par les coups de feu la mule a pris la fuite, emportant sur son dos son précieux chargement de documents. Elle est allée tout droit vers une ferme de colons à Tazmalt qui abritait un poste militaire. Ceux-ci sont tombés entre les mains de l’armée française. Par mesure de précaution, Krim Belkacem et les autres chefs ont préféré s’éloigner de la Kalâa et il fallait en urgence arrêter un autre lieu, puisque les délégations commençaient à arriver.
La tenue du premier congrès du FLN, dans le village d’Ifri, au milieu de ses chemins difficilement accessibles et des montagnes fortement boisées, n’est pas fortuite, il a été minutieusement étudié. Cette région très boisée est encerclée par une chaîne de montagnes qui s’étend jusqu’à la forêt d’Akfadou, d’où une facilité de repli en cas de danger et ce, malgré une forte présence des troupes de l’armée française sur l’axe de Tazmalt à Béjaïa. À partir du 11 août 1956, les chefs de la Révolution des différentes zones ont commencé à arriver à Ouzellaguen pour se rendre ensuite à Ifri en parcourant plusieurs kilomètres à pied à travers les montagnes et forêts denses. Les travaux du congrès se sont déroulés du 13 au 20 août et furent présidés par les martyrs  Larbi Ben M’hidi, assisté de Abane Ramdane en qualité de secrétaire général. Après une étude approfondie du bilan de 22 mois de processus révolutionnaire présentés par les délégués de chaque zone hormis la zone I et la délégation extérieure lesquelles n’avaient pas pu assister et la région sud avait, quant à elle, transmit son rapport au Congrès. La rédaction des procès-verbaux et des résolutions du congrès qui s’est tenu dans le plus grand secret dans la chambre d’à côté, Tahar Amirouchène et Hocine Salhi sont chargés de la dactylographie des manuscrits ramenés au fur et à mesure de la chambre des congressistes. Devant la porte de la chambre qui abrite les rédacteurs, Saïd Mohammedi monte la garde et faisait la navette entre la chambre des chefs congressistes et celle des rédacteurs. À noter que cette rencontre avait réuni les principaux dirigeants de la révolution, dont Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Youcef Zighoud, Si M’Hamed Bougara, Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Lakhdar Bentobal, Slimane Dehilès, Commandant Azzedine, Si Lakhdar, Ali Khodja et Ali Mellah. Mostefa Ben Boulaïd  n’a pu être présent lors du congrès étant tombé au champ d’honneur cinq mois auparavant. La délégation extérieure dirigée par Ahmed Ben Bella n’a pu rejoindre le territoire.

Le découpage et la délimitation en wilayas
Après le congrès de la Soummam, l’Algérie est divisée en six wilayas  ou états-majors. Une wilaya est divisée en zones. Chaque zone est divisée en régions. La région est divisée en secteurs. Les territoires de chacune des wilayas, zones et secteurs sont découpés et les limites définitivement tracées. Alger et ses proches banlieues constituent une zone autonome. La wilaya est dirigée par un conseil de wilaya sous l’autorité d’un colonel, chef politico-militaire, assisté de trois adjoints avec le grade de commandant, chargés des différentes missions : militaire, politique, renseignements et liaisons. La zone est dirigée par un capitaine assisté de trois lieutenants, prenant chacun en charge les différentes missions. La même organisation est appliquée au secteur dont le commandant est un adjudant assisté de trois sergents chefs. La Révolution est, désormais, dotée d’organes de délibération et d’organisation (parlement du FLN), joue le rôle de direction suprême du mouvement. Il prend des décisions d’orientation politique, militaire, économique et sociale, en même temps que celle d’une assemblée législative, symbole de la souveraineté nationale.
Un Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) est institué, composé de 34 membres dont 17 titulaires et 17 suppléants. Il est l’organe dirigeant de la révolution, seul habilité à ordonner un cessez-le-feu et à négocier l’indépendance.
Ania Nait Chalal

L’ONM : «Bouregaâ chargé de la formation militaire et politique des étudiants »
L’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a rappelé, récemment, que le chef historique de la wilaya IV, Lakhdar Bouregaâ, a été chargé, au lendemain du congrès de la Soummam, entre autre par les chefs historiques Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane et Ouamrane, de « contribuer à la formation militaire et politique des jeunes étudiants qui venaient de rejoindre la Révolution ». L’ONM a indiqué, également quelques missions dont avait été chargé le moudjahid Lakhdar Bouregaâ après le congrès du 20 Août 1956, dont l’encadrement de « la Katiba Zoubïria » qui avait  mené de rudes batailles dans la région du centre contre l’armée coloniale, sans manquer d’affirmer qu’ «il était un stratège militaire hors du commun, ce qui lui a valu d’ailleurs plusieurs promotions militaires et même politiques », a témoigné l’ONM.

L’historien Abdelmadjid Merdaci sur le Congrès de la Soummam :
«Le Congrès de la Soummam est une œuvre collective.  Il y a eu des discussions et des échanges entre les grands dirigeants tels que Krim Belkacem, Amirouche, Mohamdi Said, Zighoud Youcef , Benaouda. »

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