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4 675 MILLIARDS DE DA ÉCHAPPENT AU CIRCUIT FORMEL : Le lourd poids de la thésaurisation

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Il est admis en général qu’en théorie économique les composantes de la monnaie fiduciaire sont des substituts parfaits qui sont détenus indifféremment par les agents pour satisfaire différents motifs, or dans le contexte algérien cette hypothèse soulève d’importantes difficultés.
On estime le montant de la monnaie en circulation hors bancaire à 4 675 milliards de dinars à fin 2017, dont près de 2 000 milliards de dinars provenant des entreprises et ménages, et quelques 2 680 à 3 200 milliards de DA représentant la circulation fiduciaire dans l’économie informelle. Autrement dit, l’argent thésaurisé échappant au circuit légal représente une somme évaluée à près de 33% de la masse totale de la monnaie fiduciaire.
Dans une économie normale, le taux de bancarisation devrait se situer à 91% pour une inflation moyenne de 1,5%, ce qui dénote de la gravité du phénomène de la thésaurisation et ses lourdes conséquences sur l’économie nationale laquelle reste de ce fait gangrénée par le syndrome de l’économie parallèle.
Il est connu que l’existence et le développement d’une économie parallèle permet de montrer que les avantages macroéconomiques attribués à cette économie peuvent être sur-compensés par ses inconvénients. C’est ainsi qu’une hausse de la monnaie en dehors du circuit bancaire s’accompagne d’ordinaire par une baisse de la moralité fiscale induisant sans ambiguïté une réduction des dépenses publiques en l’absence de tout contrôle fiscal.
Pour parer à cette diminution, il devient inévitable d’accroître l’imposition des agents de l’économie officielle pour maintenir le volume et la qualité des services collectifs bénéficiant aux citoyens. Il en résulte des distorsions du fait de la concentration des impôts sur un nombre plus réduit de citoyens. Cet effet est accentué par l’expansion de l’économie parallèle induite qui encourage la thésaurisation.
De plus, en n’enregistrant pas les activités de l’économie parallèle, la comptabilité nationale fournit des informations erronées qui donnent irrémédiablement une perception erronée des réalités économiques et conduisent à des décisions publiques comportant des effets non désirés pour l’affectation des ressources et la distribution des revenus.
C’est ainsi qu’en fondant leurs prévisions de revenus disponibles à la fin de la première période sur les données déclarées en début de période, les pouvoirs publics sous-estiment la consommation privée, ce qui peut conduire à des mesures de politique économique inadaptées.
Sur le plan politique, le développement de l’économie parallèle sape les fondements de l’organisation démocratique de la société algérienne et limite la capacité de l’État à assumer ses fonctions fondamentales en réduisant ses rentrées fiscales.

Une politique d’inclusion sapée par une mauvaise interprétation des textes
Conscient des gravissimes enjeux que font peser la conjugaison entre la thésaurisation et une faible bancarisation, la Banque d’Algérie a mis en place depuis 2018 un ensemble de mécanismes incitatifs et de facilitations procédurales au niveau des banques pour le développement de l’inclusion financière.
Certes, l’idée initiale était de parvenir à une meilleure mobilisation des ressources financières dans un contexte marqué par l’objectif de diversification de l’économie, mais dans sa démarche l’État a visé à mieux maîtriser sa comptabilité publique.
Ce faisant ; l’ensemble des banques furent appelées à se mobiliser plus efficacement pour l’instauration de la confiance avec la clientèle épargnante dans un cadre d’une relation bancaire professionnelle et sereine et pour le soutien de l’élan de bancarisation de la liquidité monétaire thésaurisée afin de les canaliser vers les objectifs de financement de l’économie.
Cependant, certains guichets bancaires ont été à l’origine de refoulement de capitaux de manière arbitraire et sans justifications réglementaires compte tenu d’une mauvaise interprétation des dispositions de la loi régissant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Ces mauvaises interprétations sont souvent constatées notamment en matière d’ouverture de comptes, d’acceptation des dépôts et de délais exagérés de mise à disposition des fonds, démotivant les épargnants et compromettant d’emblée, les objectifs de l’inclusion financière et consolidant autrement les facteurs de la persistance de la sous-bancarisation.
Certains détenteurs de devises sont pratiquement confrontés à de différentes contraintes liées à l’ouverture des comptes, à l’alimentation et au fonctionnement de ces comptes et à la justification de l’origine des fonds, mettant en échec la politique mise en branle par les pouvoirs publics pour le développement de l’inclusion financière à travers la collecte de l’épargne en devises qui constitue un apport certain de par le nombre de comptes actifs (4,7 millions de comptes), de par le montant de l’épargne constituée (l’équivalent de près de 5 milliards de dollars).

Le déficit de la balance des paiements reste élevé
Passant de 1 380,6 milliards de dinars (mds DA) à fin décembre 2017 à 1 500 mds DA à la fin octobre 2018, la liquidité bancaire s’est quelque peu améliorée durant cette année et ce grâce notamment à la mise en œuvre du financement non conventionnel.
Parallèlement, une baisse a été enregistrée dans le déficit du solde global de la balance des paiements, qui est passé à 7,93 milliards de dollars à la fin juin 2018 contre un déficit de 11,06 milliards de dollars à la fin juin 2017.
De leur côté, les crédits à l’économie ont enregistré une hausse au 1er semestre 2018 en s’établissant à 9 408 mds DA à fin juin 2018 contre 8 880 mds DA à fin décembre 2017, mais il reste qu’en dépit de la remontée du prix du pétrole à près de 71 dollars durant le 1er semestre 2018, le déficit du solde global de la balance des paiements demeure encore relativement élevé.
Zacharie S Loutari  

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