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YAHIA ZOUBIR, PROFESSEUR DE RI, SUR LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL La Russie pourrait jouer « un rôle prépondérant »

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La Russie pourrait jouer « un rôle prépondérant » concernant la question du Sahara occidental si les États-Unis maintenaient, après le départ de Trump, la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis, estime Yahia Zoubir, professeur de relations internationales, de management international et directeur de recherche en géopolitique à KEDGE Business School. « Si l’administration Biden maintenait la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, cela ferait perdre même le semblant de neutralité des États-Unis », indique l’expert à l’APS, constatant que les USA sont depuis des années porte-plume au Conseil de sécurité pour toutes les résolutions sur le Sahara occidental. « La Russie jouerait certainement un rôle plus prépondérant sur cette question au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Les États-Unis ne pourront pas imposer une solution de toute manière car il y aura un véto russe. Ils pourraient cependant, malgré la reconnaissance, continuer à poursuivre le même langage comme ils l’ont fait ces 30 dernières années », note Yahia Zoubir . Techniquement, Joe Biden, successeur du président Donald Trump, à la Maison-Blanche, a la possibilité d’annuler l’annonce de la proclamation de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, mais doute que le nouveau président le fasse. « Il pourrait subir des pressions des membres de son propre parti et des alliés étrangers pour revenir sur la reconnaissance par les États-Unis du contrôle du Maroc du Sahara occidental. Il est possible que des membres de son conseil de sécurité lui suggère de l’annuler. Le problème, pour lui, est qu’un revirement de cette déclaration mettrait en danger la normalisation entre le Maroc et Israël, chose qu’il ne souhaitera pas faire car il est favorable à la normalisation entre les pays arabes et Israël. La question reste posée », soutient M. Zoubir. Interrogé au sujet du traitement que pourrait réserver, à l’avenir, le Conseil de sécurité au dossier sahraoui, l’expert pense que « tout va dépendre de comment la nouvelle administration décidera de la question ». « Si Biden veut jouer la carte de la légalité internationale, il devra bien évidemment renverser la décision de Trump. (Ce dernier), a lié les mains de l’administration de Joe Biden qui devra user de créativité pour sortir du piège dans lequel Trump et son gendre Jared Kushner l’ont mis ».

L’agence Bloomberg : «  le Maroc ne peut pas compter sur l’appui diplomatique US dans ses projets expansionnistes »
D’autre part et selon l’agence Bloomberg, le Maroc ne peut pas compter sur l’appui diplomatique américain dans ses projets expansionnistes au Sahara occidental au-delà du 20 janvier, date de l’investiture du président élu des États-Unis, Joe Biden, selon l’agence Bloomberg qui assure que les USA perdent beaucoup plus qu’ils ne gagnent de la décision de Trump. « S’il est politiquement gênant pour le président élu Joe Biden d’annuler immédiatement la décision de Trump, il ne l’acceptera certainement pas avec enthousiasme », indique un article publié par l’agence Bloomberg. « Le Maroc ne peut pas compter sur l’appui diplomatique américain, à l’ONU ou ailleurs, au-delà du 20 janvier », écrit le journaliste Bobby Ghosh, qualifiant l’arrangement trilatéral entre les États-Unis, Israël et le Maroc sur le Sahara occidental de « contrepartie grossière ». Dans son article, l’auteur a estimé que « comme beaucoup de décisions de Trump en lien avec la politique étrangère, les États-Unis perdent beaucoup plus qu’ils ne gagnent dudit accord (Maroc/USA/Israéliens) ». « Mais le roi Mohamed VI doit savoir que la reconnaissance américaine des revendications d’un pays n’est plus la carte blanche qu’elle était », a-t-il fait remarquer. Pour Bobby Ghosh, « il est hautement improbable » qu’une autre puissance mondiale rejoigne la démarche de Trump. Les Nations unies ont déjà annoncé que leur position sur le Sahara occidental était « inchangée ». « De plus, dans quelques semaines, le Maroc constatera que la position américaine a changé », a-t-il poursuivi. En effet, l’ONU maintient une mission pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental et poursuit un plan de règlement destiné à permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit à l’autodétermination. Dans ce contexte, le journaliste a prévenu que les combats au Sahara occidental entre les forces de libération sahraouies et les soldats marocains qui ont récemment repris après la rupture, par le Maroc, d’un cessez-le-feu de trois décennies, « s’intensifieront sans aucun doute ». Et bien que l’armée marocaine soit renforcée par les armes américaines et par un soutien israélien, « une victoire décisive est peu probable » pour les Marocains, a-t-il soutenu. Par ailleurs, il a ajouté que l’annonce de Trump « compliquera considérablement les efforts d’autres parties, de l’Union africaine et l’Espagne, pour mettre fin à l’impasse sur le Sahara occidental ». De son avis, la partie la plus gênée diplomatiquement par l’accord sera les États-Unis eux-mêmes. « Biden devra rapidement se distancier de la décision de Trump (…) et réaffirmer l’engagement américain en faveur du droit international », a-t-il suggéré.
M. Bendib

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