Les séparatistes prorusses ont intensifié samedi l’offensive qu’ils ont déclenchée jeudi sur l’aéroport de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, et mis sous forte pression les troupes ukrainiennes qui affirment en avoir toujours le contrôle. Les combats n’ont connu que peu de répit ces deux derniers jours à l’aéroport Serge Prokofiev, en ruines après plus de huit mois de conflit, mais d’une haute importance stratégique et symbolique. Samedi, le silence n’a duré que quelques heures entre la fin de la matinée et le début de l’après-midi. D’intenses bombardements ont repris vers 13H00 GMT et se sont poursuivis jusqu’à la fin de la journée, ont constaté des journalistes de l’AFP présents de part et d’autre de la ligne de front. «Écoutez ça ! Tout tremble ! Ils (les rebelles) ont demandé une trêve pour ramasser leurs morts, ça a été calme jusque vers midi et maintenant ça bombarde de tous les côtés, chez nous et chez eux», a déclaré un soldat du bataillon «Oun» sur la position ukrainienne de Piski, à quatre kilomètres de l’aéroport. Les soldats ukrainiens ont confié que ces bombardements n’avaient «jamais auparavant» été aussi intenses. «Et ils (les rebelles) attaquent aussi» au sol, a ajouté l’un d’entre eux. «On essaie de tenir et de riposter. On ne sait pas comment ça va tourner», a glissé un autre militaire, membre du bataillon «Dnipro-1». Le journaliste de l’AFP sur place a entendu une communication radio dans laquelle on parlait de 15 blessés. L’armée ukrainienne indiquait vers 13H30 GMT que ses soldats «tentaient de bloquer l’ennemi (…) pour évacuer les blessés». Quelques heures plus tôt, un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Liyssenko, avait assuré que la situation était «vraiment tendue», mais «sous contrôle». «Il y a des attaques et des tentatives d’attaques en permanence mais le commandement militaire envoie constamment des renforts», soulignait-il.
Cadeau piégé
Les séparatistes, qui occupent le terminal le plus ancien de l’aéroport, sont passés jeudi à l’offensive pour tenter de s’emparer des positions ukrainiennes du nouveau terminal et de la tour météo. M. Lyssenko a signalé l’utilisation de puissantes armes russes, notamment de «lance-flammes TOS-1 Pinocchio» et de «lance-roquettes multiples Smertch et Ouragan».
La Russie a toujours démenti soutenir les rebelles en armes et en hommes, comme l’accusent l’Ukraine et les pays occidentaux. Mais «les services de renseignement ont repéré des équipements militaires lourds de la Fédération de Russie, près de Rostov-sur-le-Don», ville russe située à une centaine de kilomètres de la frontière, qui «sont déplacés ponctuellement sur le territoire ukrainien et utilisés contre les forces armées ukrainiennes», a affirmé le porte-parole militaire ukrainien.
Les violences, en net regain dans tout l’Est depuis près d’une semaine, ont fait une trentaine de nouvelles victimes, dont six morts, en 24 heures. Trois soldats ont ainsi péri et 18 autres ont été blessés, a déploré l’armée ukrainienne.
Dans le bastion séparatiste de Donetsk, les autorités locales ont annoncé que deux civils avaient été tués et cinq autres blessés, par des tirs de roquettes Grad. Dans la région voisine de Lougansk, un civil a également trouvé la mort, a déclaré le gouverneur, un partisan du gouvernement de Kiev.
Celui-ci a en outre fait état d’une attaque assez inédite dans ce conflit, qui a fait plus de 4 800 morts depuis avril, un soldat ayant été tué et trois grièvement blessés par un cadeau piégé. «Vendredi après-midi, un vieil homme est allé au barrage de Stanicia Louganska (près de la frontière entre la zone séparatiste et le territoire tenu par l’armée ukrainienne), affirmant être un habitant, a-t-il raconté.
Il a offert un bocal de trois litres de miel aux soldats, les a remerciés de leur travail et est parti. Quand les soldats ont voulu goûter le miel, le bocal a explosé».