Accueil ACTUALITÉ Spéculations sur l’endettement extérieur : Sellal privilégie l’emprunt national

Spéculations sur l’endettement extérieur : Sellal privilégie l’emprunt national

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En un laps de temps, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, intervient, hier, à l’APN, dans une langue qui ne souffre pas d’ambages, pour mettre à plat les sujets d’actualité. Du supposé remaniement ministériel qui a fait couler beaucoup d’encre au contexte de crise économique, en passant par la question de l’endettement extérieur du pays qui accentue la polémique, le chef de l’Exécutif s’est voulu plus que jamais tranchant.

C’est à l’issue de la cérémonie d’ouverture de la session de printemps du Parlement national, entamée à l’APN, que Sellal s’est livré devant les organes médiatiques de la presse nationale, afin de recadrer le débat sur les questions, sujettes à controverse, qui laissent libre cours à la cacophonie, et invitent à toutes les lectures, dès lors que la voix officielle s’était faite désirée, quelques jours auparavant. Ainsi, va la question de la nomination d’un néo-chef de l’Exécutif, qui, aussitôt l’adoption de la Constitution faite, la suspicion tout autour a gagné le débat politique et a suscité moult interrogations sur la scène médiatique, quant à cette possibilité. Quand bien même aucune disposition de loi n’oblige le pouvoir politique à procéder à une quelconque forme de lifting gouvernemental. Ceci, d’autant plus que cette question relève exclusivement des prérogatives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lui seul ayant habilité à en décider, comme l’a rappelé Sellal, usant de propos qui s’assimilent à une sorte de «rappel à l’ordre». Un message visiblement adressé à certains acteurs de la classe politique, parmi ceux qui ont exploité la question pour des considérations que l’on croit partisanes. «Laissez-le (le président de la République, ndlr) exercer ses prérogatives. Il n’y a absolument rien qui l’oblige à changer le gouvernement», a conseillé le Premier ministre, en faisant référence aux lois de la République et, par-dessus tout, à la Constitution qui ne confère pas indubitablement à aller dans cette direction. Cela étant dit, dans la nouvelle Constitution, approuvée le 7 février dernier, une disposition stipule que le président de la République «nomme le Premier ministre la majorité parlementaire consultée, et met fin à ses fonctions». Telle est la disposition qui a fait raviver la flamme des partis de la majorité et à leur tête le FLN, dont le secrétaire général de ce parti, Amar Saâdani, affichant ses dents longues, monte au créneau pour réclamer la tête de l’Exécutif. Le chef de l’ex-parti qui ne supporte pas l’idée que la haute fonction gouvernementale revienne à un autre parti autre que le sien, part en course à la conquête de cette responsabilité, à même d’assouvir une convoitise qui le tenait en halène depuis des semaines, et continue, au demeurant, à le faire. Visiblement donc, les propos tenus par le chef de l’Exécutif, qui s’est exprimé à ce sujet, se veulent comme une sorte de recadrage du débat national. D’ailleurs, en termes plus clairs, Sellal a appelé au respect des lois et des institutions de la Républiques, et de dire encore qu’il faudra laisser le chef de l’État décider de sa propre volonté sur la question. Plus loin encore, le chef de l’Exécutif laisse croire que le sujet n’est pas inscrit à l’ordre du jour, dès lors, a-t-il argué, que l’actuel gouvernement qu’il dirige a une responsabilité à assumer et un «grand travail à accomplir», eu égard au contexte de crise prévalant dans le pays que Sellal qualifie d’une «situation économique sensible et difficile». Une raison pour laquelle le même responsable semble ne pas voir en le remaniement ministériel une question prioritaire. Par contre, il n’a pas manqué non plus de préciser encore une fois que la question reste l’apanage du président de la République, pour lever toute équivoque.

Un emprunt obligataire en avril
Qu’en est-il de la question inhérente à l’endettement extérieur, dont l’option a été fortement évoquée ces derniers jours comme recours probable pour faire face à la crise? Sans mâcher ses mots, le Premier ministre revient pour rappeler la conjoncture économique. Chiffre à l’appui, Sellal a indiqué que le prix du baril de pétrole qui oscille entre 30 et 35 dollars, au moment où le FRR (Fonds de régulation des recettes) est élaboré sur la base de 37 dollars, n’est pas à même de faciliter la tâche pour le rétablissement des équilibres économico-financiers, même s’il a rassuré, encore une fois, que le gouvernement travaille d’arrache-pied pour renverser la balance. Il persiste et signe depuis le début de la crise en juin 2014, jour pour jour, le gouvernement reste de garde, et suit de très près la situation économique et financière du pays pour mieux la maîtriser, a-t-il rappelé. Mais, ceci reste insuffisant à croire les sous-entendus du chef de l’Exécutif, sachant que l’amenuisement des ressources publiques va crescendo en raison de l’incertitude de mise du marché pétrolier, qui appelle à l’élaboration d’autres moyens pour contrer la crise. Selon Sellal, le gouvernement n’a pas pour autant négligé le développement de la situation. D’ailleurs, il a révélé qu’un emprunt obligataire va être lancé en avril prochain comme moyen de mobiliser des fonds à même de faire face du décrochement financier. Il semblerait que cette option a été, en fin de compte, préférée à celle qui a fait plus de débat ces derniers jours, avec notamment les annonces faites au sujet d’un probable recours au marché financier international pour couvrir les investissements engagés par Sonatrach et Sonelgaz, comme l’aurait souhaité les responsables de ces deux groupes nationaux. Précisément, le gouvernement n’a pas définitivement exclu cette option, mais, tout au moins, il a décidé de choisir de faire appel à l’emprunt national pour «éviter d’aller à l’endettement extérieur», a précisé le Premier ministre. Pour les détails de cette opération, Sellal a fait savoir que le taux d’intérêt y afférent est fixé à 5%. Ce qui, en soi, est un moyen à même de permettre de mobiliser des crédits importants. Ce n’est pas tout, le gouvernement envisage aussi de faire appel à la Banque d’Algérie pour consentir au profit du Trésor public des découverts en compte courant, a révélé Sellal, qui s’est référé à l’article 46 de l’Ordonnance relative à la monnaie et au crédit, prévoyant cette possibilité. Par ailleurs, la prochaine Tripartite est prévue en juin prochain, a indiqué le chef de l’Exécutif, qui a précisé qu’un nouveau modèlel économique sera soumis à débat durant cette rencontre. Et d’assurer encore que les acquis sociaux seront préservés par l’État.
Farid Guellil

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