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En grève illimitée depuis le 17 janvier 2016 : les travailleurs de la SCHPM dans la tourmente

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À l’évidence, les travailleurs de la Société des courses hippiques et du pari mutuel (SCHPM) ne sont pas près de voir le bout du tunnel dans lequel ils se trouvent depuis, selon ce que nous a déclaré Djamel Oudafel, coordinateur du syndicat d’entreprise -à titre indicatif, un syndicat affilié à l’UGTA- «quatre années».

Et ce, en dépit de la grève illimitée qu’ils observent depuis le 17 janvier dernier; une grève appuyée par la Centrale du 1er-Mai. Comme l’attestent les interventions répétées, ces derniers temps, de son secrétaire général, en faveur d’une solution rapide des problèmes, minant la SCHPM et assombrissant très sérieusement son devenir. Et, faut-il le préciser, celui des 450 travailleurs qu’elle emploie directement et des quelque 1 600 autres qui exercent des activités liées à celles qu’elle assure. Selon Sayah Zaouèche, membre du Bureau national de la Fédération nationale des travailleurs des industries agro-alimentaires de l’UGTA, qui a animé hier, au siège national de l’organisation syndicale historique, conjointement avec le coordinateur national du syndicat d’entreprise de la SCHPM et du premier responsable de celui du Parc zoologique et des loisirs de Ben-Aknoun, une conférence de presse pour dénoncer les situations difficiles que connaissent les deux entités précitées, en effet, «Abdelmadjid Sidi-Saïd s’est fortement investi dans la résolution des crises que vivent celles-ci». Plus précis, il a ajouté, approuvé en cela par les deux autres animateurs de la conférence, que le secrétaire général de l’UGTA «avait officiellement saisi le Premier ministre et le ministre de tutelle -de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, à savoir- pour leur demander d’assumer leur responsabilité vis-à-vis de ces deux entités, de leurs travailleurs et de leur devenir». Un devenir menacé, pour la SCHPM, par «la mauvaise gestion et la dilapidation de ses fonds». Et, pour le Parc zoologique et de loisirs de Ben-Aknoun, par, pour reprendre les propos que nous ont tenus certains de ses travailleurs présents à la conférence de presse d’hier, «le risque de revenir à la case départ après la surprenante décision de la tutelle, intervenue il y a quelques jours, de limoger son directeur». «Surprenante», ont-ils tenu à nous le préciser, pour le double fait «qu’il n’était à son poste que depuis le mois d’août 2015, et que, durant cette courte période de sept mois, il a redressé la barre». Et ce, dans le sens où, nous ont-ils déclaré, «il a rétabli le dialogue avec le syndicat, permis un meilleur fonctionnement du parc, augmenté, par conséquent, ses recettes, réglé, de ce fait, une bonne partie des dettes -estimées à 11 milliards de centimes- qu’avait le Parc du fait de la mauvaise gestion de l’ancienne direction, et assuré aux 585 travailleurs le paiement régulier de leurs salaires». Se voulant plus précis quant à ce «risque de retour à la case départ», nos interlocuteurs que leur «crainte à son sujet était motivée par le fait que le limogeage précité du directeur du Parc a été provoqué par les agissements de certains éléments de l’ancienne équipe qui n’avaient pas été écartés après le départ de celle-ci». Et à propos de ce dernier, ils nous ont précisé qu’il a été obtenu après que les services de sécurité eurent clairement établi que «des malversations de différentes natures ont été commises par cette équipe dans la gestion du Parc». Notamment, nous a précisé Djillali Maalmi, l’ancien chargé de l’organique au syndicat d’entreprise qui a été licencié par l’équipe en question, «en ce qui concerne l’alimentation des animaux». Et d’ajouter : «Alors que le ministère débloquait, chaque année, 8 milliards de centimes pour l’alimentation et la reproduction des animaux, 560 de ces animaux sont morts entre 2009 et 2014». Une situation qui, a-t-il poursuivi, a poussé le syndicat à réagir. Et, partant, la tutelle à prendre la décision d’écarter l’ancienne équipe. Malheureusement, l’embellie représentée par la décision en question semble avoir été de courte durée avec le limogeage du directeur qui lui a succédé. Si la situation prévalant présentement au sein de la SCHPM n’a pas connu les rebondissements qu’a connus celle affectant le Parc, elle n’en présente pas moins des points communs. Ceux-ci ont trait aux raisons à son origine : la mauvaise gestion et la malversation. Sauf que, selon nombre de travailleurs de cette entreprise présents hier au siège national de l’UGTA, «la persistance de cette situation délétère n’est point innocent». Rejoignant en cela les suppositions de Djamel Oudafel, ils n’ont pas écarté «la possibilité que la situation faite à leur entreprise vise à sa liquidation». Et ce, ont-ils précisé, «dans l’objectif de privatiser les neuf hippodromes qu’elle gère». Une éventualité qu’ils expliquent par «la grande masse d’argent que génèrent leurs activités». Pour mieux éclairer leurs propos, ils nous ont déclaré que «la SCHPM a 18 agences, réparties à travers le territoire national, qui s’occupent de la gestion des paris. Et que chacune de ces agences réalise, en moyenne, un bénéfice net annuel de… six milliards de centimes». D’où leur détermination, et celle de tous les autres travailleurs y exerçant, à défendre leur entreprise. Une détermination qui ne les empêche pas, toutefois, comme nous l’a affirmé le coordinateur national de leur syndicat (d’entreprise), d’inscrire «leur action dans un cadre strictement légal». Et ce, en dépit de tous les problèmes qu’ils subissent du fait de la grève illimitée qu’ils observent. Tels, entre autres, le non-paiement de leurs salaires (depuis le 17 janvier), avec toutes ses retombées difficiles sur leurs familles respectives, et le licenciement d’un certain nombre de syndicalistes. La balle, à l’évidence, est, aujourd’hui, dans le camp de la tutelle; mais, également, dans celle du Premier ministre que le secrétaire général de l’UGTA a officiellement saisi dernièrement…
Mourad Bendris

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