Le P-DG de la société Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, est sous des feux croisés. Successivement, le Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz (Snateg) et la Mutuelle générale des travailleurs des industries électriques et gazière (Muteg) s’en sont pris à lui. Cette levée de boucliers s’apparenterait-elle à une fin de mission pour ce responsable ? On peut en douter.
La Muteg a réagi aux propos du P-DG tenus lors d’un entretien publié, en date du 15 mars 2016, à El-Watan, indiquant que les sociétés du Groupe Sonelgaz avaient contribué aux préparatifs et à la tenue des élections des délégués-travailleurs membres adhérents de la Muteg devant constituer l’Assemblée générale. Ce que n’a pas apprécié le président de son Conseil d’administration, Laïd Lasledj, en le manifestant par ces termes: «Par quel hasard aujourd’hui, monsieur Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, tente de justifier la participation des filiales du Groupe Sonelgaz au financement sur Fonds publics d’élections illégales, se substituant, ainsi, aux organes légaux de la Muteg, si ce n’est pour répondre aux caprices de Achour Telli, dont la qualité d’élu a été déniée par plusieurs arrêts de justice».
Quant à la Snateg, elle a poussé le bouchon assez loin, en accusant Bouterfa de «dilapidation de deniers publics, trafic d’influence et d’abus de pouvoir». Pas moins que cela !, 700 plaintes ont été même déposées par des cadres au niveau des différentes filiales. Dans la correspondance adressée à l’Office centrale de la répression de la corruption (OCRC), Raouf Mellal, porte-parole du Syndicat, indique: «Le P-DG de la Sonelgaz a dépassé toutes les lignes rouges avec sa mauvaise gestion de l’entreprise. Il dilapide l’argent de l’entreprise, visiblement, dans des affaires qui ne lui profitent en rien et n’apportent aucun bénéfice commercial». La dilapidation trouve son fondement, aux yeux du porte-parole, mise en exergue lors d’une conférence de presse organisée, le 10 mars, en présence d’une aile de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (Laddh), dans le soutien financier et matériel accordé au profit du candidat à la présidence de la Muteg, Achour Telli, que l’on estime à 10 millions de dinars, alors que cet organisme dispose d’un pactole de l’ordre de 3 milliards DA, donc pouvant aisément s’en passer de largesses de tous bords. Le nom de Achour Telli, également secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des industries électriques et gazières (Fntieg), revient dans les deux déclarations précitées. C’est dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, pour reprendre les termes du fameux dicton. Lors de l’entretien accordé à El-Watan, Noureddine Bouterfa, en réaction aux déclarations de la Snateg, a signalé que Raouf Mellal n’a aucun lien de travail, ni avec Sonelgaz ni avec une de ses filiales, ce qui ne l’a pas empêché de parler au nom des travailleurs ! Au sujet du nombre de plaintes, dont le Groupe fait l’objet, le P-DG donne, lui aussi, une fourchette entre 600 et 900 plaintes anonymes, qui mettent en cause la gestion de la Société, à traves, le plus souvent, une dénonciation de responsables qui se seraient rendus coupables. Mais, selon Bouterfa, qui s’en défend âprement, Sonelgaz a toujours été «respectueuse et procédurière», signalant pour preuve ce fait : Les procès de surfacturations des sociétés de distribution, menés ces dernières années et qui se sont tous soldés en jugements définitifs par des acquittements, devraient donner à réfléchir à ceux qui persistent à vouloir les qualifier de corruption, tient-il à rappeler à ses détracteurs. Une rétrospective des faits antérieurs à l’accusation émanant de la Snateg fait ressortir un fait d’une extrême importance, pouvant être, à notre humble avis, considéré comme la genèse de la situation peu reluisante dans laquelle s’est empêtré Bouterfa depuis. Il s’agit de la mise en cause de la politique énergétique dévoilée par celui qui est comme son principal compère dans le cadre du développement de celle-ci, le ministre de l’Énergie, Salah Khebri, en l’occurrence. En effet, c’était lors de la tenue du 5e Symposium de l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG), les 16 et 17 février à l’hôtel Sheraton (Club des Pins), sous le thème «La Technologie, moteur de développement des ressources gazières et de diversification des échanges et des usages». En effet, lors de son allocution, le P-DG a mis en cause l’annonce d’atteindre le mix énergétique de 27% à l’horizon 2030, en intégrant à près de 85% le solaire et l’éolien, la qualifiant d’utopie et réalisable qu’à hauteur de 10%, au vu des conditions actuelles. Il a, à ce propos, conditionné sa concrétisation par le fait indispensable que le fonctionnement du système production-transport soit d’une efficacité à toute épreuve, et que les sources de financement répondent au développement du projet. Une lucidité et une vision courageuse, dont il se souviendra aussi longtemps qu’il est en vie.
Zaid Zoheir