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Sécurité dans les stades : Nouvelles donnes et nouveau regard !

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Immortaliser les images tragiques de ce funeste jeudi de «gala» et se rappeler celles tout aussi tragiques d’un stade du «20 août» payant finalement le prix fort un certain, dramatique, jour de novembre (le 26 d’un mois de légende pour l’histoire de l’Algérie mais entaché, cette après-midi là, du sang de dizaines de jeunes victimes fauchées à la fleur de l’âge, victimes de l’insouciance et de l’irresponsabilité de … responsables en démission totale) 1982 et de l’incurie ambiante. Pour dire non aux mémoires oublieuses. À l’amnésie.

Par Azouaou Aghilas

On promet…
Retour à la réalité. Dure et triste. Dramatique par bien des côtés. Le football, par le truchement de ses deux Ligues «pros» interposées, a repris ses droits. Sur fond d’inquiétudes. Comme toujours. Deux petites journées seulement et ne voilà-t-il pas que les vieux démons de la violence s’imposent aux décors. Au-delà d’un niveau (on nous demande de patienter quelques week-ends pour voir le vrai visage des 32 concurrents des deux niveaux ayant pris le départ de la grande caravane, ce que nous faisons depuis déjà des lustres sans vraiment trop y croire) de jeu à la limite du moyen, voire du médiocre, des faits récents indirectement liés à la discipline dans nos murs s’imposent et imposent un nouveau regard quant à l’organisation des événements importants impliquant un large public. À l’heure du «Hirak» et des revendications populaires pour le changement du système, le football, après une pause estivale sans grands « scoops » notamment sur le plan des recrutements et un «mercato» où les «riches» ont fait, sans surprise, main basse sur le peu de réels talents mis sur le marché, on ne peut heureusement pas dire que les choses ne bougent pas dans le bon sens, la pression de la rue se faisant particulièrement sentir sur le plan de la sécurité des fans. La réalité, c’est, récente actualité oblige, ce drame (cinq morts et des dizaines de blessés de trop à inscrire au bilan macabre d’une certaine idée de l’organisation) qui s’est produit en marge du concert de «Soolking» qui a fait (les réseaux sociaux faisant le reste à leur manière et abouti, ce qui n’est rien connaissant les us et coutumes ayant toujours présidé aux hautes responsabilités, en plus de l’ouverture d’une enquête judiciaire, à la démission d’un ministre de la République en charge du secteur «fautif», à savoir Mlle Merdaci à la tête de la «Culture», excusez les guillemets, et le limogeage du 1er responsable de l’organisme en charge de l’organisation de cet événement qui a endeuillé le pays, en l’occurrence le DG de l’ONDA) et ces joutes oratoires opposant, à peine le rideau levé sur un championnat ouvert sur tous les scénarios (on dira du pire et on assume), certains présidents de clubs se livrant, sans vergogne et sans apparemment regarder sur ce qui passe autour d’eux, à des bras de fer inutiles concernant la domiciliation (le prochain derby algérois entre le NA Hussein Dey et le CR Belouizdad ne s’annonce pas de tout repos et pose, avec acuité, toute la problématique des infrastructures sportives dans le pays, avec en tête, ces nombreuses formations de la capitale se retrouvant dans la peau de SDF) de leurs rencontres, la sécurité du public ne relevant apparemment pas de leurs priorités. Si le onze cher à Laâquiba adopte une position qui l’honore en refusant d’être partie prenante dans ce dossier (ça fatigue à la longue) et par là-même toute forme de polémique inutile non sans interpeller la partie husseindéenne qui s’entête à recevoir son adversaire dans un stade non homologué (stade du «1er-Novembre» de Mohammadia, à El Harrach), en remettant sur le tapis ce vieux débat sur l’amnésie des uns et des autres, le boss du Chabab insistant sur la nécessité de «ne pas trop vite oublier de récents évènements et en retenir les leçons.» Des propos qui l’honorent certes et une position à laquelle il devrait, on l’espère, rester fidèle en cas…

Plus jamais le même regard ?
«Le 5-Juillet est un terrain neutre et je pense que, pour le spectacle et la sécurité des fans, il n’y a pas mieux.» Saïd Allik, qui pèse bien ses mots, donne la bonne réponse pendant (c’est pour ça qu’on nous prie de croire que l’Algérie a les moyens d’organiser dans l’immédiat, un évènement de la trempe de la CAN, peut-être plus et pourquoi pas une Coupe du monde, sinon deux comme l’assénait l’ancien président Bouteflika ?) ce temps-là, comme si de rien n’était, les histoires de domiciliation dominent l’actualité. Par le mauvais bout. Spectacle et sécurité (aux abonnés absents tout au long de saisons heurtées et sans relief avec un niveau à en mourir) font-ils bon ménage chez nous ? Dans l’attente de solutions plus qu’improbables (on connaît le refrain, car les données n’ont en rien changé, les problèmes allant s’aggravant), la Lfp, pieds et poings liés, entretient la pagaille ambiante par des décisions à la limite de l’ubuesque et se perd en conjectures, le «replâtrage» s’imposant toujours en dernière instance. Le derby de la capitale (qu’en sera-t-il avec la traditionnelle, super affiche USM Alger- MC Alger qui pointe déjà à l’horizon ?) NAHD-CRB est prévu, sauf revirement de dernière minute (la direction des «sang et or» fait le forcing pour imposer un autre point de chute et refuse, allez savoir pourquoi, l’enceinte olympique alors que les responsables du Chabab disent que «le problème ne les regarde pas, se refusent à se mouiller et veulent rester loin de ce dossier») dans l’antre du football algérien. La meilleure décision et le meilleur cadre pour un tel «sommet», vous diront les amoureux du beau jeu, en plus de l’assurance que la sécurité sera assurée. Point donc de ce vétuste stade du «1er novembre» d’El Harrach considéré, à juste titre, comme une brèche (la Lfp n’a-t-elle pas eu la main malheureuse en domiciliant, contre toute attente, le match impliquant justement le NAHD en ouverture de la saison 2019-2020 face au vice-champion d’Algérie, la JSK, dont les joueurs, staff technique et dirigeants n’ont pu que constater avec force, et ils avaient bien raison, l’état déplorable de la pelouse en synthétique et les risques de blessures graves encourus par les joueurs) dans laquelle s’est introduit, dans une tentative heureusement sans succès, Lahlou et sa direction. Dans une récente livraison, on se posait la question plus que d’actualité avec l’autre drame (un innocent enfant de 4 ans perdait la vie suite à la chute d’une des portes métalliques de cette enceinte*) survenu mercredi matin aux abords du stade du «20 Août», sur les lieux mêmes de la tragédie (on dénombrait cinq morts et des dizaines de blessés parmi les jeunes présents en force ce soir-là) qui s’est produite en marge du concert du chanteur rap algérien «Soolking», si l’avertissement valait d’être pris au sérieux alors que la saison vient à peine de commencer. Et s’il y aurait, surtout, des oreilles attentives pour éviter d’autres accidents du genre? Si, parmi les dirigeants actuels du NAHD, on se souvient (curieux hasards du destin) d’un certain et non moins douloureux, funeste NAHD-MCA et ces nombreuses victimes tombées ce jour-là, un certain 26 octobre 1982, dans ce même stade, suite à l’effondrement de la toiture d’une des tribunes. Amnésie totale et irresponsabilité manifeste. Merci de nous rappeler, à chaque fois, qu’il n’y a rien à espérer avec nos dirigeants actuels qui ne retiennent pas les leçons.

«Toute la lumière sera faite sur ce drame..!»
Combien de fois a-t-on entendu de telles promesses avant que la page soit tournée après chaque incident majeur où il y a eu mort d’homme (le sommet NAHD- MCA, lors d’un après-Mondial espagnol dramatique provoquera 13 décès au total, énormément de blessés plus ou moins graves en plus de traumatismes irréparables après que la toiture du virage se soit effondrée sous le poids de centaines de fans n’ayant pas trouvé place en tribunes) où la main, de … l’homme (à chaque fois la défaillance organisationnelle sera flagrante, les gestionnaires en place montrant leurs limites) est pointée du doigt parce qu’ayant failli dans leur mission? Qu’en est-il des suites réservées aux débordements enregistrés et qui ont choqué, en direct, l’opinion lors d’un certain USMH Harrach –MCA, le comportement d’une certaine frange de supporters du club banlieusard de l’Est d’Alger ayant soulevé un tollé généralisé. Que dire aussi des nombreux débordements d’une extrême gravité enregistrés un peu partout à travers le pays où la crédibilité des responsables en place sera souvent engagée (défaillances, pour ne pas dire irresponsabilité, dans l’organisation car incapables de trouver la parade à un phénomène récurrent) et des accidents se suivent et se ressemblent avec des familles en deuil à la clef (les deux morts d’un autre derby disputé entre les deux pôles les plus importants de la capitale entre le MCA et l’USMA, après l’effondrement d’une partie de la tribune N°13 du «5 Juillet» restera comme une plaie béante impossible à refermer dans l’histoire des explications entre les deux voisins) interpellant, bon an mal an, tout le long des saisons heurtées et violentes, les pouvoirs publics. En attendant d’autres drames, les dirigeants du NAHD (c’est d’actualité) semblent considérer les points du match du derby contre le CRB plus importants que la vie des fans en optant (la demande, par exemple, d’homologation du stade «Zioui» ne peut répondre que de basses considérations) pour des stades dépassés par le temps. En imposant le plus grand stade d’Algérie (le «5 juillet ») pour ces retrouvailles algéroises de début de saison, la Lfp s’en lave provisoirement les doigts mais ne tardera pas à se retrouver devant des problèmes insolubles en matière de domiciliation, les clubs d’Alger se révélant, à nouveau et pour bien des années encore (peut-être bien et on l’espère ardemment, que la livraison des stades de «Baraki» et de «Douéra» apporteront quelques réconforts) de véritables SDF en faisant du porte-à-porte. Comment procéder alors pour que nos stades, qui font toujours craindre le pire et ont perdu de leur vocation première, redeviennent ces lieux de spectacle et de joie et non pas de douleur et de mort ? Comment et par miracle? Toute la problématique est là. Sans réponses plausibles sinon des promesses difficiles, voire impossibles à tenir comme l’impose la pauvreté dramatique de notre parc infrastructurel qui n’offre, pas les moyens les plus élémentaires de sécurité. À l’arrivée d’un des nombreux drames enregistrés dans un de nos stades, un ministre de la République, comme bien d’autres avant lui, promettait «tenir personnellement à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire et c’est pour cela qu’une commission d’enquête a été installée pour déterminer les responsabilités et prendre les mesures qui s’imposent.» Et il ne croyait pas si bien dire lorsqu’il aura le courage d’ajouter «savoir que certains vont dire que les commissions d’enquête, sont faites pour noyer le poisson» tout en insistant qu’en ce qui le concerne, il «s’engage à déterminer les responsabilités dans ce drame (…) Il faut aussi savoir tirer les leçons pour que pareille tragédie ne se reproduise plus.» Quid des conclusions à l’instar de beaucoup d’autres ? Des fusibles appelés (naturellement, fatalement) à sauter et à en assumer donc pleinement et seuls des responsabilités lourdes à porter. Toujours. À quand la fin des cauchemars ? Ce qui est sûr aujourd’hui, au plus fort des revendications d’une rue omniprésente, plus jamais les Algériens n’auront le même regard sur l’organisation des spectacles, matches de football en tête. Il était temps.
A. A.

(*) Les 1ères décisions sont tombées attendant de connaître (on croit savoir ainsi qu’outre le président de l’APC de Belouizdad, le wali délégué d’Hussein Dey ont été entendus par la justice pour faire toute la lumière sur le drame survenu en marge du concert de «Soolking») les résultats de l’enquête judicaire: fermeture provisoire du stade du «20 Août» (qui refait, plus que de raison et à nouveau la «une») et suspension du directeur d’une enceinte ne répondant apparemment plus aux exigences de tels événements et qui fait craindre toujours le pire, les supporters plus que souvent exposés aux dangers de catastrophes imminentes

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