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SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : Les défis de la filière lait

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L’étau  sur les importations de poudre de lait a été desserré par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafidh Henni, qui a décidé la levée du gel des dérogations sanitaires pour ce produit. Cette décision a été prise en réponse à la demande des producteurs algériens qui l’ont alerté sur le risque de fermeture de laiteries.

Ce n’est sans doute pas une pure coïncidence: au dernier Conseil des ministres, réuni dimanche 19 décembre, le président Abdelmadijd Tebboune a exigé de renforcer les structures de production de lait, pour une meilleure maîtrise de la production et de la distribution, notamment dans les grandes villes. Les perturbations dans la distribution du lait en sachet sont fréquentes, pour diverses raisons, dont le comportement des distributeurs eux-mêmes. Selon les déclarations officielles, il existe une mafia du lait qui impose la vente du sachet à un prix supérieur à celui fixé par le gouvernement, 25 DA. Les directeurs du Commerce des wilayas ont reçu pour instruction de sanctionner les auteurs de ces pratiques illégales. Les citoyens aussi ont été invités par le ministère du Commerce à dénoncer les commerçants qui vendent le sachet de lait à 30  DA. Les spéculateurs utilisent toutes les ruses possibles pour vendre le sachet de lait plus cher. Mais quand les brigades de contrôleurs montrent qu’elles font leur travail, en passant tôt le matin, les choses redeviennent normales.
Face à la pénurie de lait en sachet, les familles aux revenus bas ou moyens, ne peuvent pas acheter le lait conditionné dont le litre coûte entre 100 et 130 DA. La situation changera avec l’augmentation de la production laitière en Algérie. L’objectif de l’autosuffisance en production de lait peut-il être atteint ? À quelle échéance ? Les opérateurs de la filière pensent que cela est possible à moyen terme si certaines conditions sont réunies comme la disponibilité de l’eau et des moyens d’irrigation pour développer les cultures fourragères, le développement des semences fourragères, l’électrification des zones d’élevage et les mesures d’adaptation aux effets du changement climatique qui constituent un risque sur l’élevage. Il y a des efforts dans ce sens. Tout récemment, un réseau d’alimentation électrique au profit des investisseurs du bassin du lait a été mis en service dans la wilaya de Mostaganem. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé l’ouverture de l’importation des vaches laitières de l’étranger au début janvier prochain, par des opérateurs dans la filière. Le lait est classé parmi les filières stratégiques pour lesquelles un effort est fait en vue d’en augmenter la production et de réduire la facture d’importation. Le ministre a appelé « l’ensemble des laiteries à intégrer progressivement le lait frais produit localement dans la fabrication des produits laitiers pour réduire la facture d’importation de la poudre de lait ». Selon le Département de l’agriculture des Etats-Unis (USDA), la facture des importations algériennes de poudre de lait s’est établie à 1,24 milliard de dollars en 2019, au second poste des importations alimentaires après les céréales. Ce qui représente plus de 232 000 tonnes de lait entier en poudre et environ 167 000 tonnes de poudre de lait écrémé. Des données plus récentes sont fournies par une autre source spécialisée qui indique que « les exportations françaises de poudre de lait écrémé à destination de l’Algérie n’ont atteint que 11 900 tonnes en cumul sur les huit premiers mois de l’année.
C’est 42 % de moins que sur la même période de 2020. »  Les spécialistes, citant l’USDA, font constater que « l’amélioration de la souveraineté alimentaire du pays est une priorité du gouvernement algérien, grâce à une modernisation et une intégration de l’élevage laitier». La même source rapporte l’estimation de l’USDA selon laquelle les importations resteront aussi réduites en 2022, à 245 000 tonnes, soit autant que sur 2021 et 2,4 % sous le niveau de 2020.
M’hamed Rebah

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