Accueil MONDE Présidentielle américaine : la fin des «ovnis» républicains ?

Présidentielle américaine : la fin des «ovnis» républicains ?

0

Donald Trump et Ben Carson, ces « objets de votes non identifiés », pourraient, à l’issue du troisième débat, ne plus polluer la primaire républicaine. C’est sans doute la leçon la plus intéressante à tirer du dernier débat de la primaire du Parti républicain qui a eu lieu mercredi soir à l’université du Colorado. Après les shows de téléréalité du milliardaire Donald Trump, puis du chirurgien afro-américain Ben Carson, le champ de la vraie confrontation politique devrait s’ouvrir entre deux candidats non seulement plus classiques mais plus proches de la réalité des problèmes qui vont se poser au futur président des États-Unis : le sénateur de Floride Marco Rubio et celui du Texas Ted Cruz. À moins de cent jours des premières élections primaires, dans l’Iowa et le New Hampshire, il était grand temps que le parti de Nixon et de Reagan propose aux électeurs autre chose que les propos sexistes et souvent grossiers d’un milliardaire, Donald Trump, qui devait sa cote de popularité au fait qu’il faisait le spectacle plus qu’il ne proposait le programme du pays pour les quatre années à venir. Puis, car sa cote de popularité avait fini par dépasser celle de l’homme d’affaires, on s’inquiétait de voir qu’un chirurgien retraité, un peu illuminé et prosélyte, Ben Carson, puisse, à son tour, devenir le champion du Grand Old Party avec des idées et des propositions qu’on trouverait pour le moins naïves, sinon aberrantes, dans n’importe quel autre pays démocratique : comment éviter qu’un tueur, comme celui de l’université de l’Oregon, ne fasse de nombreuses victimes ? Réponse : en apprenant aux gens à courir vite. Pourquoi y a-t-il eu tant de victimes de l’Holocauste ? Parce que les juifs n’étaient pas armés. Que penser du système d’assistance médicale mis en place par Obama ? Il n’y a rien eu de pire aux États-Unis depuis l’instauration de l’esclavage parce que cela rend les Américains dépendants du gouvernement. Et ce ne sont que quelques éléments du florilège d’affirmations plus que de propositions faites par celui qui a bâti son capital de sympathie sur sa réputation, par ailleurs justifiée d’excellent neurochirurgien.

Sur les sujets politiques, ils ne tiennent pas la distance
Tout ennuyeux qu’il fut pour les téléspectateurs américains qui ont eu le courage de le suivre pendant deux longues heures, le débat de Boulder (Colorado) a montré que le milliardaire saltimbanque et le chirurgien mal inspiré ne tenaient pas la distance dès qu’il s’agissait de sujets politiques un peu concrets, et pas seulement de propositions fumeuses. En revanche, les deux sénateurs de descendance latino-américaine que sont Marco Rubio, 44 ans, et Ted Cruz, 45 ans, ont l’un et l’autre marqué des points importants. Le premier, candidat de l’aile modérée du parti, a eu les réponses qu’il fallait sur des questions économiques pas toujours très pertinentes des journalistes de CNBC qui organisaient le débat.
Il a su également montrer qu’il savait réagir avec le calme et la précision qui convenaient lorsque Jeb Bush, qui était autrefois son mentor et semble être de plus en plus son concurrent malheureux, lui a reproché, assez traîtreusement, ses absences au Sénat pour cause de campagne électorale.

La percée de Rubio et de Cruz
Le second, Ted Cruz, beaucoup plus conservateur, a tenté assez judicieusement d’élever le débat en montrant que les questions posées sur le plateau à ses adversaires (« Donald Trump se sent-il l’âme d’un comique de bande dessinée ? », « Ben Carson est-il capable de résoudre une équation mathématique ? ») non seulement n’étaient pas dignes d’une confrontation destinée à choisir le possible futur président des États-Unis mais expliquaient pourquoi tant d’électeurs américains se détournaient aujourd’hui du monde politico-médiatique. Rubio et Cruz ont donc fait la percée que l’establishment attendait à l’occasion de ce troisième débat.
Mais, comme l’a fait remarquer plus tard le sénateur de Floride – « L’élection ne s’est pas décidée la nuit dernière et il y aura bien d’autres débats, le prochain dans 14 jours » –, la route est d’autant plus longue que Trump et Carson, les deux candidats ovnis, ont entre 22 et 24 points d’avance sur Rubio et sur Cruz, selon le dernier sondage du New York Times juste avant le débat. Les deux sénateurs ont remporté un succès d’estime. Reste à savoir si le vote populaire suivra.

Article précédentSyrie : quel bilan après un mois de frappes russes ?
Article suivantRestitution des fusils de chasse à Bouira : Bedoui rassure

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.