Accueil ACTUALITÉ NORMALISATION AVEC LA LIBYE POST-KADHAFI : Illusoire rêve sioniste !

NORMALISATION AVEC LA LIBYE POST-KADHAFI : Illusoire rêve sioniste !

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Pour l’entité sioniste, tous les moyens sont bons pour tenter le coup de la normalisation avec les États arabes, dans le cadre de sa stratégie générale visant à étendre son hégémonie absolue sur le territoire palestinien, et la Libye, pays dévasté par le conflit armé depuis 2011, en a fait récemment les frais.

L’entité sioniste n’a pas caché son aspiration à établir des relations « normales » avec la Libye et à s’intégrer dans son environnement arabe et islamique, par divers moyens et méthodes, notamment par sa diplomatie trompeuse. Si certains pays arabes ont discrètement tissé des relations d’intérêt avec l’État sioniste, et que d’autres l’ont fait officiellement, c’est loin d’être le cas de la Libye, qui au même titre que l’Algérie, a toujours défendu ses convictions de non-normalisation avec Israël.  Ce qui n’a pas dissuadé cette dernière de tenter le coup, cette fois-ci par la voie de la désinformation diplomatique. Ainsi, après la Tunisie, supposée par les sionistes comme étant potentiellement favorable à la normalisation, c’est au tour de la Libye d’être la cible de la propagande sioniste. Mais jusqu’à l’heure actuelle, si la Maroc, le Bahreïn, les Emirats arabes, le Soudan, à un moindre degré avec l’Egypte et la Jordanie, entretiennent des relations étroites avec Israël, cette dernière est encore loin, très loin de ses objectifs visant le ralliement de Tripoli à sa  « cause » plus que jamais illégitime aux yeux de l’opinion internationale.

Scandale diplomatique, Najla al-Mangoush limogée
Et l’annonce faite dimanche par le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, illustre bel et bien cette tentative trompeuse exploitée au profit de l’élargissement de la normalisation. Selon le MAE israélien, il se serait entretenu la semaine écoulée avec son homologue libyenne, Najla al-Mangoush, pour débattre « du grand potentiel que représentent les relations entre les deux pays, de l’héritage du judaïsme libyen et de la réparation des synagogues et cimetières juifs dans ce pays».
Si pour Cohen, il s’agit, d’une « réunion historique», cette annonce a eu l’effet d’une bombe au sein des hautes autorités libyennes, ce qui a valu à la MAE libyenne, d’être immédiatement suspendue et envoyée devant une commission d’enquête administrative, dimanche, avant d’être limogée hier lundi. Une décision prise par le gouvernement de l’unité nationale libyen, dirigé par le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah. Pour sa part, le ministère libyen des Affaires étrangères a répliqué en publiant un communiqué dans lequel il affirme que cette rencontre a eu lieu à Rome, sous la médiation du ministre italien des Affaires étrangères, et qu’elle était donc «  informelle », n’impliquant « aucune discussion, accord ou consultation ». Selon le document, « Tripoli nie catégoriquement l’exploitation par la presse hébraïque et internationale et leur tentative de conférer à l’incident le caractère de réunions ».

La loi libyenne interdit toute relation avec Israël
La Libye, pays d’Afrique du Nord, ne reconnaît pas Israël et n’entretient pas de relations diplomatiques avec Tel-Aviv, et selon la loi libyenne, toute relation avec Israël, ses ressortissants ou toute entité le représentant, est passible de poursuites pénales. Après l’annonce israélienne de la rencontre, les autorités libyennes, Conseil des ministres, ministère des Affaires étrangères et Haut conseil de l’Etat, ont, chacun de son côté, réaffirmé leurs positions « constantes » vis-à-vis de la cause palestinienne. Dans ce contexte, le Conseil présidentiel (CP) libyen, organe doté de certains pouvoirs exécutifs et issus du processus politique soutenu par l’ONU, a réclamé « des éclaircissements » au gouvernement, précisant que « ceci ne reflète pas la politique étrangère de l’État libyen, ne représente pas les constantes nationales libyennes et est considéré comme une violation des lois libyennes qui criminalisent la normalisation avec l’entité sioniste ». Et de noter qu’à ce titre, la Chambre des représentants a convoqué une session d’urgence, hier, pour discuter de ce qu’elle a qualifié de « crime commis contre le peuple libyen ». A cet effet, le parlement libyen a rappelé la loi 62 de 1957, qui interdit toute forme de normalisation avec l’entité sioniste, appelant à des sanctions sévères à l’encontre des responsables directs, notant que ces agissements vont à l’encontre des valeurs du peuple libyen.
À titre de rappel, ce n’est pas la première fois que Najla al-Mangoush est suspendue de ses fonctions et soumise à une interdiction de voyager, comme ce fût le cas le 6 novembre 2021, lorsqu’elle fut accusée de «violations administratives », et d’avoir « pris des décisions de politique extérieure sans avoir consulté le CP ».

«La Palestine est une cause sacrée»
Pas plus loin que le 5 août dernier, le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdallah al-Lafi, avait réaffirmé le soutien continu de la Libye à la cause palestinienne, au droit au retour des Palestiniens et à la création de leur État indépendant avec Al-Qods al-Sharif comme capitale.
Ayant toujours dénoncé les crimes odieux et les violations que les forces d’occupation sionistes ont commis contre le peuple palestinien, notamment la souffrance des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes. Alors que l’agressivité croissante dans les territoires palestiniens occupés a entraîné une baisse du soutien à la normalisation, cette tentative, en réalité, n’a fait que nuire aux ambitions sionistes. Au même titre, les responsables du ministère israélien des AE et l’opposition, ont fustigé hier matin la communication faite autour de l’existence de cette réunion entre Eli Cohen et son homologue libyenne, qui selon eux, a conduit à des émeutes en Libye et à la suspension de la ministre libyenne. « Cela témoigne de l’amateurisme avec lequel les relations extérieures sont gérées. Les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël craindront désormais d’avoir des contacts avec Israël, puisqu’il a été prouvé que la partie israélienne ne sait pas comment garder les réunions confidentielles », ont indiqué des sources au ministère, sous couvert d’anonymat.

Manifestations populaires et indignation dans les milieux politiques libyens
Des mouvements de protestation spontanés ont éclaté dimanche à Tripoli, dans plusieurs banlieues de la capitale et d’autres villes du pays, en signe de refus d’une normalisation avec Israël. Selon des vidéos postées sur les réseaux sociaux, un groupe de manifestants s’est dirigé vers le ministère des Affaires étrangères, brandissant des drapeaux palestiniens, pour réclamer la démission de Najla al-Mangoush.
Par ailleurs, ces événements ont suscité des réactions de condamnation au sein des milieux politiques libyens, à l’instar du Parti de la justice et de la construction (PJC), qui a dénoncé cette rencontre et appelé « le Premier ministre à démettre immédiatement de ses fonctions la ministre des Affaires étrangères » soulignant que « cette mesure offensante aux sentiments de tous les Libyens nécessite une clarification complète aux médias ».
Pour l’ancien chef du Haut conseil d’État, Khaled al-Mishri, « ce gouvernement doit être renversé » dans la mesure où il « a outrepassé toutes les interdictions religieuses, nationales et juridiques ». Même son de cloche pour le Parti Taghyeer, lequel a « appelé le gouvernement à prendre les mesures appropriées et présenter ses excuses au peuple libyen, et annoncé son rejet catégorique de toute relation avec l’entité sioniste sous quelque prétexte que ce soit ».
À noter que cette rencontre de Rome a également fait l’objet d’une vive condamnation du mouvement islamiste palestinien Hamas. « Cette rencontre et d’autres similaires voulant donner une légitimité à l’occupation israélienne de la Palestine et un feu vert à sa politique fasciste et aux crimes contre le peuple palestinien sont rejetées et condamnées », a affirmé le Hamas, dans un communiqué.

Utopie israélienne
Ainsi, et malgré l’incapacité de l’entité sioniste à imposer la normalisation à la Libye post-Kadhafi, ses tentatives se poursuivront dans le futur, car elles constituent une composante essentielle de la stratégie sioniste globale, qui vise à imposer l’existence de l’entité aux pays et aux peuples de la région. D’où la question qui se pose d’elle-même : Quel pays arabe acceptera désormais une normalisation artificielle et imaginaire avec un ennemi qui a usurpé la terre et les lieux sacrés ? Aujourd’hui, la Libye, malgré ses souffrances continues résultant d’une grave crise interne, n’a pas besoin de soutien de l’entité sioniste, compte tenu de ses ressources inépuisables, mais besoin d’une administration politique honnête et forte. Quoi qu’il en soit, la normalisation de l’entité sioniste avec la Libye restera un rêve lointain, pour ne pas dire utopique.
Hamid Si Ahmed

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