Le Maroc continue d’utiliser le dossier de la migration pour faire chanter l’Espagne et l’Union européenne, a déclaré le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, dans un entretien au journal autrichien Express.
Le ministre sahraoui, note que l’UE soutient le Maroc avec d’importantes sommes d’argent dans le cadre de la lutte contre la migration, « mais sans succès ». Le Maroc continue, à l’inverse, d’être « un danger pour ses voisins et de faire chanter l’Espagne et l’UE avec sa politique migratoire ». Pour lui, « le Maroc doit fermer sa frontière et ne pas se considérer comme une autoroute vers l’Europe, et la crise actuelle serait l’occasion de rappeler au Maroc ses obligations ». S’appuyant sur les rapports des Nations unies et de l’UE sur le trafic de drogue, le ministre souligne que depuis les années 1980, « l’UE soutient le Maroc pour arrêter le trafic de stupéfiants, mais 80% de la production du cannabis finissent toujours en Europe ». « Le Maroc ne respecte pas ses frontières et envoie de la drogue et des migrants en Europe », dira-t-il à ce propos, estimant que « la France et l’Espagne ont accordé au Maroc un statut particulier sans pour autant obtenir de résultat concret en leur faveur ». Cet état de fait résulte premièrement, de l’avis du ministre, du fait que « la monarchie a de nombreuses difficultés internes depuis l’indépendance ». Par conséquent, dit-il, « il (le Maroc) a besoin d’un ennemi pour faire diversion au sein de la société marocaine. Deuxièmement, « le Sahara occidental est très riche. C’est un eldorado pour le Maroc », explique-t-il. Invité à commenter la décision de l’ex-président des États-Unis, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, M. Ould Salek l’a qualifiée de « grave erreur ». « Sa déclaration viole le droit international et va à l’encontre des décisions des Nations unies. Le Sahara occidental n’a jamais fait partie du Maroc avant la colonisation. Ce sont deux pays distincts », rappelle-t-il. Il argumente également qu’au niveau des Nations unies, le conflit du Sahara occidental est traité comme une question de décolonisation depuis les années 1960. De même, la Cour européenne de justice reconnaît le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Aussi, le Sahara occidental, en tant qu’ancienne colonie espagnole, s’est battu pour sa souveraineté. La République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre à part entière de l’Union africaine et plus de 85 pays ont reconnu la République sahraouie. Cela pour dire que « la décision de Trump va à l’encontre de toutes les décisions de la communauté internationale, elle n’aura donc pas d’avenir ». « La communauté internationale ne l’acceptera pas. Bien que le Maroc cherchait à forcer l’UE à suivre la décision de Trump, l’UE refuse de le faire. C’est pourquoi le Maroc envoie des marocains en Europe », a-t-il indiqué. Interrogé sur la situation actuelle au Sahara occidental, le chef de la diplomatie sahraouie a répondu : « Nous sommes dans une situation de guerre, non à cause deTrump. En 1991, il y a eu un accord de paix après 16 ans de guerre et après des négociations de 1985 à 1991. Les Marocains ont dit qu’ils accepteraient un référendum d’autodétermination. Un cessez-le-feu avait suivi et cependant, au cours des 30 années qui ont suivi, le Maroc a exploité nos ressources naturelles, rompu le cessez-le-feu à plusieurs reprises et commis de nombreux crimes contre l’humanité ». « Désormais, le Maroc veut +légitimer+ sa présence au Sahara occidental et changer la donne », mais les sahraouis, par la voix de leur ministre des AE, disent qu’ils veulent « un accord final pour l’exercice du droit inaliénable à l’autodétermination. Dans ce contexte, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterrez, fraichement reconduit pour un second mandat, est monté au créneau depuis Madrid pour évoquer le blocage du processus de paix en l’absence d’un représentant spécial. Guterres a jugé, vendredi, « essentiel » de relancer le processus oubliant de préciser que le Maroc a refusé le candidat Stefan de Mistura sous de fallacieux prétexte alors que le Front Polisario a accepté cet émissaire. « Nous avons besoin de relancer le dialogue politique et il est essentiel que les deux parties (au conflit) acceptent l’envoyé », a-t-il insisté, relevant que 13 noms proposés jusqu’a présent pour mener cette mission ont tous été rejetés .En réaction, le représentant du FP à l’Onu, Sidi Omar a tenu à préciser que le Maroc a rejeté 10 candidats et a même exclu des pays notamment scandinaves du choix du SG de l’Onu. Le FP a récusé deux noms de candidats liés au Maroc l’un d’entre eux s’étant même rendu en territoire sahraoui occupés à Dakhla occupé précisément pour un fumeux « forum économique ». Le Maroc, qui a entravé le travail des anciens envoyés de l’ONU au Sahara occidental, notamment l’américain Christopher Ross, les poussant même à la démission, comme l’ancien président allemand Kohler. Face à son isolement diplomatique et avec sa nouvelle diplomatie agressive et aventureuse, avec il montre clairement qu’il ne veut pas d’un règlement onusien de la question du Sahara occidental. Une question qui est et demeure une question de décolonisation, n’en déplaise a l’inénarrable ambassadeur de Rabat a l’ONU, qui a fait un discours hallucinant à la 4e commission de décolonisation de l’ONU en prétendant la rayer de l’agenda de cette commission.
M. Bendib
ACCORDS COMMERCIAUX UE-MAROC
La France interpellée sur le respect des engagements européens sur le Sahara occidental
Le député français du parti au pouvoir, « La République en marche (LREM) », Alexandre Freschi a interrogé le gouvernement français sur le respect des engagements européens en matière de droits fondamentaux concernant l’application des accords commerciaux UE-Maroc au Sahara occidental occupé. Dans une question écrite, le député Alexandre Freschi a interrogé le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian, sur la résolution du Parlement européen du 16 janvier 2019 concernant le projet de décision du Conseil relative à la conclusion de l’accord sous forme d’échange de lettres entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc. Le député a, en outre, rappelé que l’adoption de cet accord élargit volontairement les importations en provenance du Sahara occidental occupé, en violation flagrante et en contradiction avec le droit international et européen. Il a également souligné dans son texte que le Front Polisario a saisi la Cour européenne de justice (CJUE) en janvier 2021 pour « pillage des ressources naturelles de son territoire » par l’occupant marocain et en particulier « l’agriculture d’exploitation ». Il a interrogé le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian sur le respect des engagements européens en matière de droits fondamentaux. À cet égard le parlementaire a également attiré l’attention sur la nécessité de mettre en place un étiquetage spécifique pour les produits en provenance du Sahara occidental afin que ces denrées soient facilement identifiables, aussi bien par les consommateurs que par les importateurs. Pour rappel, le recours n (T-279/19) a été formulé en avril 2019 par le Front Polisario contre la décision du Conseil de l’UE d’inclure, dans l’accord de libre-échange avec le Maroc, les territoires occupés du Sahara occidental, en violation flagrante et en contradiction avec le droit international et européen. Le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, avait introduit un recours en annulation de l’accord de libre-échange et l’accord de pêche signé le 28 janvier 2019 en ignorant les décisions de la CJUE, notamment de 2016 et 2018, et en violation du droit international. Dans trois arrêts différents, la CJUE avait clairement souligné que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts et tout accord des pays de l’UE concernant le Sahara occidental devra être conclu avec le Front Polisario. Le 21 décembre 2016, la CJUE a jugé que le Maroc et le Sahara occidental étaient deux territoires distincts et séparés, et qu’il ne pouvait y avoir d’activité économique sur le territoire qu’avec le consentement du peuple du Sahara occidental. Ces principes ont été confirmés par deux arrêts de 2018, pour la pêche et pour l’espace aérien. En dépit de ces arrêts de justice, le Parlement européen a adopté en janvier 2019 un texte étendant au territoire occupé les tarifs douaniers préférentiels octroyés par un accord signé en 2013 entre l’UE et le Maroc.
M. B.