Accueil ACTUALITÉ Lutte contre le marché informel : jusqu’où ira le gouvernement ?

Lutte contre le marché informel : jusqu’où ira le gouvernement ?

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Le marché informel gangrène l’économie algérienne. Il représente 45% de l’activité commerciale en Algérie. Ces derniers temps, ce phénomène a pris de l’ampleur au point de concurrencer, à son avantage, le secteur formel. Quelles sont les causes de cette émergence ? Est-ce un frein ou un facteur de développement ?

En dépit des différentes mesures draconiennes prises par l’État, quant à son éradication, sa menace  sur l’instabilité de l’économie nationale demeure persistante. Les industries légères et le secteur commercial formel ont également été incapables d’absorber les nombreux arrivants sur le marché du travail. Dans le même temps, il y a eu un manque structurel de biens de consommation fabriqués en Algérie, tandis que les biens importés sont souvent plus chers ou moins disponibles. Avant les années 1990, les restrictions à l’importation imposées par l’État ont aggravé cette situation. Pour ces raisons, un important marché noir a été développé très tôt dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Le monopole de l’État sur le commerce extérieur a été démenti par le trafic illégal massif dans les biens. L’économie informelle est estimée à employer environ 40% de la main-d’œuvre algérienne. Cela comprend les transactions impliquant non seulement les biens de consommation, mais aussi les intrants industriels pour les moyennes et petites entreprises. Le secteur informel toujours géré parallèlement est, en fait, intégré dans l’économie formelle dominée par l’État, comme des flux de marchandises dans les deux directions. Les entreprises de l’État suivent parfois des chemins remarquables avant de mettre en place d’autres intrants pour qu’ils soient utilisés dans d’autres activités économiques. L’économie informelle affecte une variété de secteurs économiques, y compris la construction et l’agriculture, car la production industrielle n’est pas orientée vers les activités formelles et les prix sont infériorisés par les importations illégales.

La chasse au marché informel de la devise
L’existence du marché noir n’est pas un secret pour l’État, et son rôle a souvent été reconnu par les autorités gouvernementales. Ils ont des raisons de vivre avec elle, même si son éradication était possible. L’existence d’un grand marché du secteur informel inconvénient de l’état des recettes fiscales, mais il diminue également la responsabilité de l’État pour la création d’emplois et la fourniture de biens de consommation. Cet état de choses relève sans doute de la crédibilité et la légitimité du gouvernement. Le marché d’échange de devises fortes au niveau de ladite Place Port-Saïd dans le Centre d’Alger a connu dans les dernières heures un grand afflux d’expatriés et les concessionnaires d’affaires, ainsi que les hadjis ou pèlerins pour acquérir Euros et Dollars. Ceci en prévision du pèlerinage prévu le 26 août 2015, à un moment d’une relative stabilité de la valeur des devises fortes par rapport à la hausse établi par la Banque centrale dans les grandes monnaies du monde, à partir de la semaine dernière. Il est à rappeler que la décision du gouvernement de faire la chasse au marché informel de la devise a eu des résultats probants dans les wilayas. Les changeurs d’argent sont actuellement en proie à ce marché informel avec une activité soutenue, enregistrée au cours des derniers jours, coïncidant avec la saison estivale de vacances et le retour des expatriés en Algérie, ainsi que l’avènement du nouveau pèlerinage ou hadj aux Lieux saints de l’islam en Arabie saoudite. Aussi, il convient de noter que l’absence de bureaux officiels de change et l’inaction du gouvernement face à ces vendeurs illicites a renforcé ce marché informel de devises, en se transformant en un pôle majeur d’échanges d’argent avec de nombreuses personnes partant en voyage à l’étranger.

Engagement de Belaïb Bakhti à poursuivre la politique des réformes
Le nouveau ministre du Commerce, Belaïb Bakhti, a pris l’engagement à poursuivre la politique de réformes, engagées par son prédécesseur, afin de renforcer l’organisation de ce secteur stratégique. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé récemment que le gouvernement poursuivra sa politique de diversification de l’économie pour bâtir une économie nationale forte, en soulignant la nécessité de substituer la politique des dépenses publiques par la performance économique. Par ailleurs, l’Algérie possède des réserves de change qui lui permettent de couvrir 26 mois d’importations avec le rythme actuel sans aucun problème. Concernant le ministère des Travaux publics, les améliorations à trois projets de ses secteurs ont été entendus et approuvé par le Conseil des ministres. Le projet concerne les travaux de fabrication de la route nationale n°1 en une route à deux voies sur une distance de 54,5 km, entre Seghouane et Boughezoul (Médéa), pour lesquels la sécurité des usagers sera renforcée avec les équipements de signalisation et les barrières. Pour le projet, y compris les travaux de fabrication de la route nationale n°1 en une route à deux voies sur une distance de 53 km, entre la Chiffa (Blida) et Berrouaghia (Médéa), elle sera réalisée dans une double voie avec trois voies.

La corruption, une préoccupation majeure
Les analystes estiment que les pertes liées à la fraude fiscale par des Algériens sont d’environ 4 milliards de dollars par an. Les recettes pétrolières et gazières algériennes devraient tomber à 34 milliards de dollars cette année contre 68 milliards USD en 2014, en raison de la chute des prix du pétrole brut sur le marché international. L’étendue du blanchiment d’argent par le biais des institutions financières formelles en Algérie est jugé minime, en raison de la réglementation du contrôle des changes rigoureux, une grande partie de l’économie qui est en espèces, et un secteur bancaire dominé par les banques publiques. La convertibilité limitée du Dinar algérien permet à la Banque centrale de surveiller toutes les opérations financières internationales, menées par les établissements bancaires publics et privés. La corruption demeure une préoccupation majeure. Les autorités algériennes sont de plus en plus préoccupées par les cas de fraude douanière et le blanchiment d’argent par des voies commerciales. Autres zones de risque pour les crimes financiers comprennent la remise non réglementée des systèmes alternatifs et de change, la fraude fiscale, abus de transactions immobilières, la fraude de la facture commerciale, et une économie de caisse.

Passer de l’informel au formel
Le blanchiment d’argent semble surtout à l’extérieur du système financier formel, étant donné le grand pourcentage de transactions financières qui se produisent dans les économies grises et noires informelles en général. En 2012, le gouvernement a mis en œuvre un ensemble de politiques visant à réduire le secteur informel, motiver les gens d’affaires algériens à formaliser leurs activités, et de générer des revenus pour le gouvernement central. Une nouvelle loi adoptée en février 2012 étend la portée des obligations de connaissance du client à toutes les institutions financières et élargit la liste des professionnels qui doivent signaler toute activité suspecte à inclure les agents immobiliers, les concessionnaires automobiles et les professionnels financiers qui conseillent ou effectuent des transactions, telles que les dépôts, échanges et d’autres mouvements de capitaux. Le gouvernement devrait aller de l’avant avec la mise en œuvre de ces lois, règlements d’émission mise en œuvre le cas échéant, et continuer à travailler pour combler les lacunes qui subsistent dans son régime de financement de la lutte contre le blanchiment d’argent. En outre, étant donné l’ampleur de l’économie informelle de l’Algérie, de nouveaux efforts doivent être faits pour identifier les mécanismes de transfert de valeur qui ne sont pas couverts par le cadre juridique et réglementaire. Par ailleurs, les autorités douanières sont chargées d’appliquer la loi dans toute sa rigueur pour renforcer leur capacité d’enquêter sur le blanchiment d’argent par des voies commerciales, à savoir transfert de valeur, contrebande en vrac de trésorerie utilisée pour financer le terrorisme et d’autres activités illicites. Le gouvernement algérien a annoncé, le 10 août, le début d’une amnistie fiscale visant à intégrer les fonds circulant dans le secteur informel dans le système bancaire. Le programme de conformité volontaire, comme indiqué par les finances complémentaires (LFC-2015) est en date du 2 août 2015, a annoncé la Direction générale des impôts dans un communiqué publié sur son site internet. La DGI a invité toutes les personnes intéressées dans le même communiqué à entrer en contact avec les agences bancaires pour obtenir des informations sur les modalités pratiques de mise en œuvre de ce programme. LFC-2015 précise que les montants déposés dans les banques dans le cadre de cette opération par toute personne, indépendamment de leur situation, seront soumis à une imposition forfaitaire de 7%, indiquant toutefois que les sources de ces fonds ou les transactions doivent être licites et ne pas correspondre à tout acte criminel, tel que défini par le Code pénal et la législation régissant la lutte contre le blanchiment d’argent et financement du terrorisme. La date limite pour ce programme a été fixée par la LFC-2015 au 31 décembre 2016.
Lazreg Aounallah

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