Accueil ACTUALITÉ Libye : une intervention militaire pour saper le dialogue ?

Libye : une intervention militaire pour saper le dialogue ?

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La Libye a terminé une année (2014) chaotique, dans une tentative de sauvetage de ses bases pétro-gazières, en proie aux flammes et à l’emprise des milices rebelles. Comme si ces malheurs ne suffisaient pas, la France et, dans une moindre mesure, les États-Unis poussent à l’intervention militaire extérieure contre des bases terroristes au sud de ce pays, au motif d’éviter une sanctuarisation du terrorisme islamiste au profit de cette région.

L’Algérie doit faire face à cette frénésie et aux pressions qui veulent l’entraîner dans une aventure militaire, contraire à ses principes et à sa doctrine militaire. Pour autant, notre pays ne reste pas inactif au plan diplomatique pour pousser les Libyens au dialogue inclusif et à trouver une solution leur permettant de sortir de la crise dans laquelle les a plongés à la destruction de leur pays et l’intervention de l’Otan. Retour sur une année horribilis d’un pays meurtri qui risque la déflagration. Ainsi, après l’attaque terroriste qui a visé le Parlement libyen de Tobrouk, faisant plusieurs blessés parmi les parlementaires, l’heure n’est pas à l’accalmie. Malgré la vague de froid qui s’est abattue cette semaine sur le nord du pays, les milices et les groupes armés poursuivent leurs activités sur le terrain. Une bombe artisanale a visé la chaîne de télévision Al-Tawhid, située à l’entrée de la ville Syrte, sans causer de dégâts humains, selon la chaîne locale «Akhbar Libya 24». Pas de répit, non plus, pour les autres villes libyennes, notamment celles du Nord, qui en plus de devoir faire face aux pénuries de gaz et aux coupures répétitives d’eau -aggravées par les chutes de neige- vivent sous les accrochages des groupes rebelles et de l’armée régulière. Après leur échec d’arriver à un consensus national qui mettrait fin au drame que vit leur pays, depuis bientôt quatre ans, les tribus libyennes se sont réunies dans la ville de Barka, pour libérer les bases du «Croissant pétrolier», après l’attaque de la base de Misrata, et l’incendie du terminal pétrolier d’As- Sedra. Celui-ci, situé entre les villes de Benghazi, Syrte, Tripoli et Misrata, comprend 19 réservoirs d’une capacité de stockage, estimée à 250 000 barils chacun, dont cinq ont pris feu. Composé des terminaux d’Al-Sedra, de Ras-Lanouf et de Bregan, le «Croissant pétrolier» est sous- embargo, maritime et aérien, imposé par l’Armée populaire libyenne du côté de Misrata, dans le but de «couper les vivres aux milices de Fadjr Libya «l’Aube de la Libye», qui tentent depuis la semaine dernière de prendre le contrôle de ces plus importantes bases pétrolières du pays. Cet embargo a été décidé suite à la découverte d’un navire sud-coréen, chargé de 250 conteneurs, des armes et des munitions au large de Misrata «destinés aux combattants de l’Aube de la Libye», estiment des médias locaux.
Prétextant cette situation chaotique, la France multiplie les efforts auprès des pays de l’Afrique du Nord et du Sahel pour une intervention militaire et forcer l’Algérie à accepter cette intervention. Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, qui était ces derniers jours à Madama, au nord du Niger, et près de la frontière avec la Libye, où il a visité une base militaire, dont le but est d’«empêcher les djihadistes d’Aqmi de reconstituer leur sanctuaire» dans la région, cherche, ainsi, un moyen d’entraîner l’Algérie dans le bourbier libyen. Ses véritables intentions ont été dévoilées par un quotidien français. Ce journal fait état de la volonté de la France d’intervenir en Libye, avec le soutien de deux pays majeurs de la région : l’Égypte et l’Algérie. Sous le titre évocateur «La Libye dans le collimateur de Le Drian», “Le Parisien” a affirmé, en se basant sur des confidences d’un diplomate français, que l’Algérie reste «réticente», quant à la «solution» militaire, elle qui œuvre pour un règlement politique de la crise. «Le Caire est d’accord, Alger se montre nettement plus réticent pour le moment», a souligné ce diplomate, visiblement très proche de Le Drian, puisque l’article a été fait par le journaliste qui a accompagné le ministre de la Défense dans sa visite au Niger. «Ce qui se passe en Libye, ce n’est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen. Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter», a poursuivi le même diplomate. Ainsi, la France brandit le risque d’une reconstitution des grands foyers terroristes dans le Sahara et dans la région subsaharienne. Et la seule solution pour Le Drian consiste en des frappes aériennes, coordonnées avec les pays voisins.
Le ministre français de la Défense a déjà réussi à convaincre le Tchad et le Niger, deux pays qui réclament actuellement une intervention militaire en urgence. Un moyen de pression de la France et les États-Unis sur l’Algérie. Selon Le Parisien, les Américains ont averti les Français qu’ils allaient engager leurs moyens de renseignement dans la région pour obtenir un maximum d’informations sur les katibas djihadistes qui prospèrent à leur guise dans le désert libyen. Pour remettre un peu d’ordre dans le chaos libyen qu’elle a, elle-même, provoqué, la France demande l’appui de l’Algérie, qui dispose d’une frontière de plus de 1 000 km avec la Libye. Notre pays qui a suffisamment à faire avec la sécurisation de ses frontières ne saurait se lancer dans une aventure militaire au profit d’intérêts qui lui sont contraires et qui ne vont en rien servir le peuple libyen.
Mokhtar Bendib

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