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L’écrivain Amine Zaoui décrypte, au Forum du Courier d’Algérie, l’état des lieux culturels : « La Culture peut prendre place à tout moment dans notre société»

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Invité, au Forum du Courrier d’Algérie, hier, l’écrivain Amine Zaoui a brossé un tableau sur le monde du livre et de la lecture, dans notre pays, tout en mettant en lumière les raisons à l’origine des difficultés à redonner un souffle, à la vie culturelle, en général, et le livre en particulier, dans un environnement où «le conservatisme pèse. » Reconnaissant qu’il y a encore beaucoup à faire et pensant que le chantier de la Culture et de la lecture «est vierge», la tâche est difficile, au regard des obstacles économiques, mais aussi, souligne Amine Zaoui, les obstacles à «caractères politiques et les mécanismes de la gestion de la chose livresque».

Soulignant que le sujet de la lecture et du lecteur est «très important», l’ex-directeur de la Bibliothèque nationale, indiquant qu’aujourd’hui, «après la faillite du politique, nous traversons la période, ce que j’appelle » dira-t-il «l’époque de l’intellectuel», vu que, « la société fait un peu plus confiance à l’intellectuel, après qu’elle ait perdu confiance en la politique, le politicien et le politiste» affirme l’écrivain Amine Zaoui.
Insistant sur le fait que la réflexion «est de mise » en ces temps, sur les sujets et questions «importants autant qu’essentiels» pour la construction et la formation du citoyen algérien, notamment à travers la culture en général et le livre en particulier. Ce qui l’amène, plus loin, à affirmer que «la Culture peut prendre place à tout moment dans notre société». Brossant un tableau général sur l’état des lieux, marquant le monde du livre, de la lecture et de l’Édition dans notre pays, en se référant aux expériences passées, pour comparer avec ce qui se fait, depuis ces dernières années, Amine Zaoui regrette de voir que «la machine» en charge du monde du livre, de la lecture et de l’Edition «est grippée». Alors que durant les années, quand l’Etat était en charge du monde du livre, du temps de la Société nationale d’édition et de diffusion (SNED), «le livre et la littérature en général avaient leurs places» dans la vie des Algériens, en un mot, il dira que «le livre était présent pour le lecteur» et l’intérêt et la curiosité rythmé, la vie du livre et de la lecture, au sein de la société.
Pour l’invité du Forum, l’ouverture du marché, durant les années 80, en plus que celle-ci a généré le recul du rôle de l’État, alors que celui-ci « devait garder un œil sur le livre et garantir sa place», le commercial a pris le dessus, ouvrant grande la porte au «livre médiocre» outre l’envahissement «des livres de la violence et de l’extrémisme » se rappelle Amine Zaoui, et de déclarer que « le mauvais livre est rentré en Algérie, après la mort de la SNED ».
Celle-ci, tient à rappeler, l’invité du Forum, a été la première à découvrir et à éditer Yasmina Khadra, et de grands écrivains ont été édités ou découverts par les lecteurs et lectrices grâce à la SNED, tels, cite-t-il, Abdelhamid Benhadouga, Ali Arar. Invitant, plus loin, à se pencher de près sur l’expérience riche, de la SNED, puis l’Enal, « cette institution de gestion, de promotion et économique en même temps du livre», et malheureusement, déplore-t-il «on ne s’est pas penché sur l’histoire et son parcours» pour s’appuyer sur son expérience en faveur de la promotion du livre et la lecture, chez-nous, déplorant le fait « de laisser cette expérience à part, c‘est dommage» déplore-t-il.
Pour l’écrivain Amine Zaoui, «L’État devait garder l’œil sur le livre, préserver le livre étatique», même avec les choix de l’ouverture du marché, car, note-t-il, «le livre était à la disposition de tout le monde et de la bourse de chacun». Et pour dire, aussi, poursuit-il, «c’est paradoxal, chez nous, alors que c’était le temps du parti unique, mais le livre était dans une situation d’ouverture, de lumières, de diversité» c’était en quelque sorte, dira-t-il «une vie livresque à l’aise et ouverte. » S’exprimant bien souvent sur l’actualité nationale, sans perdre de vue ce qui rythme aussi l’actualité du monde, Amin Zaoui affirme son point de vue sur bon nombre de thèmes, politiques, culturels et sociétaux, tels sur les rapports au passé et aux origines, l’histoire, la violence, , l’islamisme, la condition de la femme, la Culture, etc.. Tout au long de son intervention et ses réponses, l’auteur Amine Zaoui arbore une démarche en créant le parallèle, en allant d’un point à un autre sur le pont, liant le passé au présent, en vue de communiquer une vision globale mais aussi large sur le sujet en question, tel sur le Salon international du livre (SILA).
Pour celui qui a eu à être à l’honneur, à ce rendez-vous, par ces lecteurs et lectrices et notamment du SILA, «il est temps de faire la synthèse, le bilan» de ce rendez-vous, «incontournable et le plus important» qu’organise l’Algérie, pour que « le SILA puisse sortir de sa routine et sa monotonie» suggère Amine Zaoui, pour que le rendez-vous soit celui des lecteurs, des écrivains et des professionnels de l’Edition et du métier du livre, soit, un carrefour de culture et de rayonnement. Sur le monde de l’Édition, pour notre interlocuteur « il y a dans ce secteur beaucoup d’intrus qui n’ont aucun lien avec le livre, si ce n’est le gain commercial », alors que le travail et l’expérience d’autres «maisons d’Éditions professionnelles sont bien là pour parler de leur apport effectif à la vie du livre », à travers notamment, cite-t-il, la découverte de nouveaux auteurs, dont des jeunes.
Karima Bennour

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