Accueil ACTUALITÉ LE PRÉSIDENT AUX CONCESSIONNAIRES AUTOMOBILES : Finies les pratiques anciennes !

LE PRÉSIDENT AUX CONCESSIONNAIRES AUTOMOBILES : Finies les pratiques anciennes !

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Les concessionnaires autos refusent de tirer les leçons de l’expérience, pour le moins mauvaise, qu’ils ont fait vivre à l’Algérie durant près d’une trentaine d’années. Ils veulent, visiblement, continuer comme avant, c’est-à-dire prospérer dans un commerce juteux sans penser à l’investissement dans le moindre segment de l’industrie automobile.

Ils font pression sur les pouvoirs publics en multipliant les appels au président Abdelmadjid Tebboune pour qu’il débloque les importations de voitures en Algérie. Au cours de son entrevue avec deux responsables de médias nationaux, diffusée par la télévision mardi 15 février, après le journal télévisé de 20h, le président Tebboune leur a répondu: «Les concessionnaires doivent comprendre que les anciennes pratiques sont révolues et sans service après-vente, pas de concession, pas d’import». Il les a avertis que la garantie d’un service après-vente dans des locaux adéquats sera obligatoire dans le nouveau cahier de charges. C’est un préalable à l’importation de véhicules par le concessionnaire. Les locaux de service après-vente doivent être installés dans la moitié des wilayas du  pays, et pas seulement dans les grandes villes, notamment côtières. Dans cette démarche de rupture avec les pratiques anciennes, les concessionnaires doivent être des acteurs du développement industriel national en stimulant une dynamique de production de pièces détachées et autres accessoires de véhicules, dans la perspective d’en produire le maximum, y compris les moteurs. Le président Tebboune a rappelé qu’il fut un temps où des pièces essentielles pour véhicules étaient fabriquées en Algérie. À propos du montage, l’expérience passée a montré que l’opération d’importation d’un véhicule fini, qui ne contribue en rien à la création d’emplois et de revenus pour les Algériens, ne sert pas les intérêts de l’Algérie. À l’origine, en 1991, la fonction de concessionnaire automobile, en substitution au monopole public d’importation de véhicules, devait être un stade intermédiaire vers la fonction d’industriel dans cette filière. Mais les concessionnaires se sont contentés d’importer et de vendre les véhicules en profitant dans les années 2000 de l’embellie financière créée par les recettes en hausse vertigineuse  des ventes d’hydrocarbures, mais aussi des crédits à la consommation destinés aux ménages pour l’achat d’un véhicule. Pour les observateurs spécialisés, dans les pratiques passées dénoncées par le président Tebboune, les concessionnaires ont bénéficié d’un marché prospère mais sans retombées domestiques en termes d’emploi, de formation, de transfert de technologie, d’implantation industrielle. Ces mêmes observateurs rappellent que les concessionnaires-auto étaient appelés à être grossistes du véhicule et de la pièce détachée, selon les dispositions du cahier des charges établi par la Banque d’Algérie en 1994 qui leur imposait de passer au montage, dans un délai de 10 ans. C’est, soulignent-ils, l’exact contraire qui s’est produit. Selon un économiste qui s’est intéressé à cette filière, «des concessionnaires sont devenus distributeurs au détail, n’investissant rien, puisque tout est en location. Par ailleurs, les revendeurs de véhicules au niveau local devaient avoir 5 % de ristourne, mais c’est le concessionnaire qui s’installe dans les wilayas pour ne pas avoir à céder cette ristourne. Les concessionnaires achètent les véhicules chez des intermédiaires, ce qui fait que le prix d’achat usine n’était pas apparent».
On comprend que le président Tebboune qualifie ce dossier de «très complexe» mais il sera tranché avant la fin du premier trimestre de 2022, a-t-il promis. Concernant le montage qui est envisagé, ce ne sera pas de l’importation déguisée comme avant, a-t-il affirmé. Le président Tebboune a rappelé qu’un seul opérateur nous a fait perdre plus de 3,5 milliards de dollars. Il s’agit maintenant de permettre d’amorcer une véritable industrie automobile où les taux d’intégration ne doivent pas être inférieurs à 30 ou 40% », et où la production des pièces de rechange sera encouragée.
M’hamed Rebah

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