Des professionnels de la Santé sont revenus sur la situation sanitaire en la qualifiant de « stable », mettant en garde, toutefois, contre le relâchement des gestes barrière et l’ignorance du processus de vaccination qui favorisent l’apparition d’autres variants et de nouvelles vagues de Covid-19 plus dangereuses.
Hier, lors de son passage sur les ondes de la radio régionale de Sétif, Dr Toufik Nekaa, spécialiste en prévention et épidémiologie à l’hôpital d’El-Eulma dans la wilaya de Sétif, a indiqué que face à la baisse du nombre de contaminations à la Covid-19 c’est le moment idéal pour accélérer le rythme de la vaccination. « Nous devons accélérer le rythme de la vaccination pour contrer le variant delta et éviter une 4ème vague à la rentrée » a-t-il précisé. Également l’intervenant a mis en garde contre le relâchement des gestes barrière et à l’ignorance du processus de la vaccination, car cela nous fera sans doute vivre dans le futur d’autres vagues qui seront plus dangereuses des précédentes. « La preuve ; les pays européens comme la France et l’Amérique connaissent également une nouvelle vague, mais avec des dommages minimes dus au taux de vaccination», a-t-il ajouté. « Nous devons nous préparer pour une nouvelle vague, le risque existe encore, l’apparition des nouveaux variants est attendue ». Poursuit Nekaa. « Les études confirment tout ce qui augmente le nombre de personnes infectées, le virus évolue, mute, se transforme et devient plus répandu et dangereux ». « Si nous voulons une grande efficacité et sortir directement de la crise, l’équation est claire : un taux de vaccination élevé en un temps court et intense. Les dernières études dans le monde confirment que l’obtention d’une immunité collective passe par la vaccination d’au moins 90 % des personnes, et certains pays envisagent actuellement la troisième dose du vaccin » ajoutant que récemment, il a été prouvé que l’immunité qu’une personne acquiert après avoir été malade du covid est supérieure à l’immunité du vaccin. Pour le Dr Nekaa, la meilleure solution est la vaccination avec prévention, rassurant que l’Algérie utilise les vaccins les plus sûrs, ajoutant que « jusqu’à présent, cinq milliards de personnes dans le monde ont pris le vaccin, et que la proportion de risques et de répercussions n’a pas dépassé 0,01 %, et c’est une chose positive ».
Même avis partagé par le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyès Merabet, qui affirme que le pays est dans une situation d’accalmie, et qu’il faudrait en profiter pour accélérer la cadence de la campagne de vaccination », appelant dans ce cadre à renforcer le travail de sensibilisation et de communication, et aussi de multiplier les points de vaccination et les doter en quantité de vaccins conséquente et de manière régulière. Quant à la situation épidémiologique, il dira qu’il y a une tendance à la baisse et une stabilisation, indiquant que la pression exercée sur les hôpitaux et les praticiens de la santé est heureusement redescendue, au niveau des consultations et des urgences. Mais surtout dans les services hospitaliers et les réanimations. Cependant, même si « on est retombé à moins de 500 cas par jour, cela reste important comme bilan quotidien » prévient-il. Cela sous-entend qu’il y a un pourcentage de malades qui vont continuer à se rendre dans les services hospitaliers et les structures de réanimation, et qui pourrait être une source d’aggravation.
Vaccination : Johnson & Johnson fait son entrée en Algérie
Deux lots de vaccins anti-Covid 19 ont été réceptionnés, jeudi, par le ministère de la Santé à l’aéroport international « Houari Boumediène » dans le cadre de l’initiative Covax, a indiqué hier un communiqué du ministère de la Santé. Le premier lot de vaccin anti-Covid de type Astra Zeneca et le deuxième lot concerne le vaccin américain Johnson & Johnson. En effet, afin d’accélérer le processus de la vaccination, un don de 604.800 doses de vaccins anti-Covid-19 Johnson & Johnson fait par les Etats-Unis d’Amérique à l’Algérie a été réceptionné jeudi soir à l’aéroport international d’Alger. Selon un communiqué de l’ambassade américaine, « ce don de vaccin qui est fait via le mécanisme Covax, aidera les autorités algériennes à accélérer le processus de vaccination qui est essentiel pour contrôler la pandémie ». De son côté, le chargé d’affaires à l’ambassade américaine à Alger, M.Gautam Rana, lors de sa déclaration au moment de la réception de ce don, s’est dit « très content et fier de faire don de ce vaccin au gouvernement et au peuple algériens », soulignant aussi que ce don « s’inscrit dans le cadre de l’engagement des Etats-Unis à partager des ressources dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19 à travers le monde ». « Nous sommes très heureux du geste fait par les Etats-Unis envers notre pays », a déclaré, quant à elle, Benkedadra, directrice des approvisionnements à l’Institut Pasteur Algérie (IPA), ajoutant que ce vaccin qui est administré en une seule dose « permettra d’accélérer notre programme de vaccination à l’échelle nationale, d’autant que nous sommes aux portes de la rentrée sociale ».
Sarah Oubraham
DÉCÈS DANS LE CORPS MÉDICAL
Le SNPSP demande l’ouverture d’une enquête
Le personnel de la Santé continue de compter des décès dans ces rangs à cause de la pandémie de Covid-19, notamment pendant la 3ème vague qui été particulièrement meurtrière. Selon le bilan donné par Dr. Lyès Merabet pour le seul mois de juillet 2021, il a été recensé 48 décès dans le corps des médecins des deux secteurs public et privé. Depuis le début du mois d’août, 28 décès enregistrés. Soit 76 décès pour ces deux mois ». Cependant le président du Syndicat national des personnels de la santé publique (SNPSP) dira que depuis le début de la pandémie, le bilan est de 476 cas de décès, dont 307 parmi les médecins toutes spécialités confondues, autant issus des secteurs public et privé. Dans ce cadre il interpelle les autorités à intervenir afin de lancer une enquête et donner des explications. Ainsi, dans une déclaration à TSA, Dr Merabet dira : « Je pense qu’on a le taux le plus élevé au monde, s’agissant des décès des professionnels de la santé, durant cette pandémie. Nous demandons officiellement aux autorités sanitaires de se pencher sur ce dossier sérieusement, qu’une enquête soit lancée, bien entendu en associant les partenaires sociaux qui représentent ces différents corps ».
Sarah O.